Lundi 6 septembre, Catherine, la responsable du magasin Lidl de Lamballe dans les Côtes-d’Armor, s’est donné la mort. Un suicide qui intervient alors que la justice enquête depuis plusieurs mois sur les conditions de travail dans la soixantaine de magasins Lidl de l’Ouest Bretagne.
Elle était responsable du magasin Lidl de Lamballe et a mis fin à ses jours : Catherine y avait débuté en 1994 comme caissière, avant de passer cheffe de caisse, adjointe et finalement responsable du magasin. Cependant, en juillet 2020, elle s’est disputée avec un supérieur sur les conditions de travail du magasin.
Fin juillet, le parquet de Saint-Brieuc a également reçu une alerte de la CGT, dénonçant les pratiques de la direction régionale de l’enseigne Lidl en évoquant « des salariés en dépression, des responsables de magasins en arrêt de travail depuis des mois et des entraves aux pratiques syndicales ». Au total, en l’espace de quelques mois, une trentaine de plaintes avaient été déposées, a rapporté France 3 Régions.
Catherine a alors été invitée à témoigner, et le procureur de la République a saisi un juge d’instruction. En février 2021, la direction régionale a finalement été perquisitionnée et l’équipe encadrante a été placée en garde à vue puis entendue pour « discrimination syndicale ».
Pour la CGT et le CFE-CGC (syndicat au service de l’encadrement), « il y a d’abord eu une volonté de Lidl de ne plus être un discounter et de transformer ses magasins en supermarchés », ont-ils déclaré. La raison ? Entre les deux systèmes, le chiffre d’affaires double. « Pour cela, on a mis la pression sur les équipes », a de son côté analysé un proche de Catherine.
D’ailleurs, peu après, une nouvelle direction est arrivée. Une direction qui a « commencé à faire son tri dans les responsables de magasins. Il y avait ceux qui rentraient dans le moule, qui acceptaient de jouer la politique du chiffre, et les autres », a déploré ce même proche.
D’après la CGT, au départ, « Catherine était à fond Lidl. Elle avait même été choisie par la direction pour faire partie de groupes de travail sur les troubles musculosquelettiques ». Cependant, un jour, alors qu’elle avait toujours été considérée comme hyper-dynamique et hyper dévouée à l’entreprise, Catherine s’est sentie mise de côté.
« À l’époque, la direction contestait systématiquement tous les accidents du travail. Les salariés qui faisaient grève ou ceux qui étaient considérés comme des fortes têtes subissaient des remarques. Aux cadres qui refusaient cette façon de faire, on expliquait, ce serait bien que tu partes, à un moment donné on ne peut pas te garder ! » ont expliqué les syndicats.
Un changement de management qui est mal passé donc. Par ailleurs, en juillet 2020, après son altercation avec un supérieur, Catherine a été consulter son médecin et a été mise en arrêt de travail. Une pause qui n’a rien changé sur la suite des évènements.
Avant de se donner la mort, Catherine a écrit une lettre à ses proches, où elle y relatait ses conditions de travail. « Ce qui est terrible, c’est qu’on a essayé d’agir mais on n’a pas réussi à éviter le drame. Et le lendemain, elle recevait un courrier de la justice pour l’inviter à se constituer partie civile. Si la lettre était arrivée un peu plus tôt, ça aurait peut-être changé les choses. Ce courrier, c’est une première reconnaissance de son statut de victime, une manière de dire ce qui s’est passé, ce n’est pas normal », ont témoigné ses collègues.
De son côté, après avoir appris le suicide d’une de leurs responsables, la direction du groupe Lidl a déclaré : « Nous sommes profondément attristés et nous nous associons à la peine de sa famille et de ses collègues, qu’elle connaissait pour certains depuis plus de 27 ans. Nous adressons également à sa famille et à ses proches nos plus sincères condoléances. »
Une déclaration qui, pour ses collègues, n’est pas suffisante : « Ce n’est pas facile, on a le sentiment qu’il y a une sorte d’impunité. La direction régionale continue d’agir comme si rien ne s’était passé », ont-ils déploré.
À noter qu’il y a quelques jours, le groupe Lidl a été mis en examen pour homicide involontaire et harcèlement moral. Peut-être un premier pas qui permettra enfin de faire bouger les choses.
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