Ancien haut responsable d’un groupe salafiste syrien, il a été mis en examen en France puis écroué fin janvier.
Majdi Mustafa Nemaeh, plus connu sous le nom de guerre d’Islam Allouche avait obtenu auprès du consulat de France à Istanbul un « visa court séjour délivré sur la base d’un dossier complet, après interrogation des services ministériels compétents », a indiqué jeudi le ministère français des Affaires étrangères. Ce genre de visas Schengen est valable 90 jours.
Selon une source judiciaire, Majdi Mustafa Nameh était en France depuis novembre 2019. Il était enregistré comme étudiant à l’Institut de recherche sur le monde arabe et musulman (Iremam) de l’Université Aix Marseille, qui relève du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). D’après l’Iremam, le Syrien est venu dans le cadre du programme européen « Erasmus Plus ».
« Actes de tortures, crimes de guerre »
Né en 1988, capitaine des Forces armées syriennes dont il a fait défection, il est devenu le dirigeant et le porte-parole du groupe islamiste Jaich al-Islam (Armée de l’Islam). Islam Allouche de son nom de guerre, est soupçonné d’avoir commis des crimes contre les populations civiles de 2011 à 2018.
Arrêté en janvier 2019 en plein cœur de Marseille, il a été mis en examen le 31 janvier pour « actes de tortures et complicité », « crimes de guerre et crimes contre l’humanité « et « complicités de disparitions forcées ».
L’ex-porte-parole est notamment soupçonné de l’enlèvement le 9 décembre 2013 de l’avocate et journaliste syrienne Razan Zeitouneh, son mari Waël Hamada et deux de ses collaborateurs. Aucun n’a été retrouvé depuis. En juin dernier, une plainte avait été déposée accusant des membres de Jaich al-Islam d’avoir notamment commis des « actes de torture » et des « crimes contre l’humanité et crimes de guerre » dans la Ghouta. Son groupe terroriste qui était au nombre de 20 000 hommes contrôlait d’une main de fer des pans entiers de la région de la Ghouta, autour de Damas.
Selon Le Monde, le président du Centre syrien des médias (SCM) a également réuni les témoignages d’autres victimes qui « impliquent directement Islam Allouche dans une série de crimes commis par le groupe », notamment « l’enrôlement d’enfants et le recours à la torture ».
Une affaire « surprenante »
Chris Doyle, directeur du Council for Arab British Understanding (Caabu) à Londres, relève que le Syrien s’était vu refuser l’entrée d’une grande université britannique et s’étonne de l’absence en France des vérifications d’usage. « Combien de personnes comme lui essayent (…) d’entrer dans l’Union européenne et de commencer une nouvelle vie d’universitaires, malgré un passé opaque sur ce qu’ils ont fait au front ? », s’est-il interrogé.
La Fédération internationale des droits de l’Homme (FIDH) a signalé le 10 janvier la présence Majdi Mustafa Nemaeh en France à la justice. Son avocate estime qu’il est « pour le moins surprenant » qu’un tel individu ait obtenu un visa.
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