Tencent était absent au VivaTech 2023. Pour autant le géant chinois de la technologie est un invité historique du salon parisien qui se veut « l’événement start-up et tech numéro 1 en Europe » depuis sa toute première édition. L’une des quatre big tech chinoises reste néanmoins omniprésente derrière les néo-banques françaises comme Lydia et Qonto.
Dès sa première édition en 2016, le salon VivaTech avait réussi à faire venir les très discrets dirigeants de Baidu et Tencent. Ces derniers font partie des quatre sociétés géantes de l’acronyme « BATX » chinois qui répond au « GAFAM » américain (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft). Depuis, le forum VivaTech s’est vu fréquemment présenter les représentants milliardaires chinois d’Alibaba, Baidu ou encore Tencent, jusqu’à sa fermeture temporaire en 2020 due à la crise Covid-19.
En particulier, Tencent se démarque par rapport aux big tech chinoises sur le sol français, car elle est un investisseur particulièrement actif dans la French Tech, notamment dans les néo-banques Qonto et Lydia. La firme géante siégeant à Guangdong est un actionnaire historique des deux banques en ligne française, avec son nom s’affichant derrière chaque record de levée de fonds de celles-ci.
« Au sein des BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi,), Tencent est celui qui a réalisé le plus d’investissements dans les services financiers depuis cinq ans, avec 27 investissements pour Tencent, sur un total de 48. Par comparaison, les Gafa [américains] n’ont réalisé que 15 investissements sur ce secteur dans la même période », a fait remarquer Mikaël Ptachek, à la tête de l’Observatoire de la fintech, quelques jours après que la société chinoise est entrée dans le capital de Lydia en 2020.
Une société contrôlée par le Parti communiste chinois (PCC)
Tencent a été créé en novembre 1998 sous le nom de Tencent Inc. La société est spécialisée dans les services internet et mobiles ainsi que la publicité en ligne. Sa capitalisation boursière est estimée à environ 520 milliards de dollars en 2017.
Tencent adhère au principe « les membres du Parti d’abord » lorsqu’il s’agit d’embaucher de nouveaux employés chaque année. Parmi les 1800 jeunes diplômés embauchés en 2017, 1200 étaient membres du PCC, selon Taiwan News. Cela n’est pas un cas exceptionnel en Chine communiste, parce que « toutes les entreprises chinoises, publiques ou privées, sont tenues d’avoir un membre du PCC dans le personnel pour promulguer les décrets officiels du Parti. En outre, de nombreuses entreprises ont un comité PCC interne qui fait partie de la structure de gouvernance, » comme l’a précisé le quotidien taïwanais.
Apparu en 2022, le livre de Lulu Chen, « Influence Empire », révèle que Sun Lijun, en sa qualité de vice-ministre de la sécurité publique, a demandé l’aide de Tencent pour surveiller les membres de l’élite dirigeante du PCC. Par la suite, des rapports ont révélé qu’un cadre de Tencent était sous le feu des projecteurs pour avoir prétendument transmis à Sun Lijun des données collectées par l’entreprise sans aucune autorisation, après que le tsar de la sécurité est tombé en disgrâce.
Par ailleurs, « le fondateur de Tencent, Ma Huateng (également connu sous le nom de Pony Ma), a des liens avec le PCC puisqu’il a été délégué au Congrès national du peuple, l’organe législatif national de la Chine, » souligne l’Observer Research Foundation.
« Que Tencent ait atteint la suprématie capitaliste internationale à partir d’une fondation communiste est étonnant, bien que les lecteurs du livre de Lulu Chen ne soient pas surpris d’apprendre que, selon elle, la firme technologique l’a fait en maintenant des liens étroits avec le PCC. Ce dernier apprécie l’accès aux torrents d’informations que Tencent recueille quotidiennement, » analyse quant à lui The Guardian. « Avec peu de lois sur la protection des données en place, les applications appartenant à Tencent auraient été utilisées par le gouvernement pour surveiller, voire emprisonner les utilisateurs ».
Le PCC utilise WeChat – application emblématique de Tencent – pour interférer dans la politique
Seth Kaplan, docteur en philosophie, maître de conférences à l’université Johns Hopkins, a déclaré devant une commission d’enquête parlementaire australienne sur l’ingérence étrangère via les réseaux sociaux que selon lui WeChat présentait davantage de risque encore que Tik Tok.
Il a expliqué à la commission que partout où WeChat existe, il y a contrôle, surveillance et une influence très forte sur la communauté de la diaspora chinoise, qui est rendue vulnérable aux faux récits et à la manipulation. Mais ce qui inquiète le plus M. Kaplan, c’est qu’il s’est rendu compte que le PCC utilisait cette application pour s’ingérer directement dans la vie politique des sociétés des pays.
En effet, lors de l’élection présidentielle américaine de 2020, « la stratégie pro-Biden du PCC était évidente dans les comptes publics WeChat influents, les forums de discussion modérés et les comptes personnels influents, qui ont tous inversé leurs récits. Par exemple, College Daily, Global Times et Weinsight, parmi les plus grands comptes publics axés sur l’actualité, sont passés de pro-Trump à pro-Biden. WeChat a promu des organisations telles que Chinese Americans for Biden et leur a permis d’utiliser l’application d’une manière que les groupes démocrates ne pouvaient pas faire en 2016, » souligne le chercheur.
Selon le conseiller auprès de la Banque mondiale, « il sera toujours difficile de contrer les tactiques d’influence du PCC dans une société libre comme les États-Unis. En s’appuyant sur un large éventail d’individus et d’organisations non gouvernementales, le PCC pénètre la société [américaine] d’une manière que notre culture démocratique a du mal à comprendre, et encore plus à affronter ».
« WeChat ajoute un puissant levier à ce mélange en permettant à la machine de propagande du PCC de gérer la place publique sinophone en Amérique. Compte tenu des difficultés liées au désinvestissement, à la réparation et à la surveillance de l’application, Washington devrait tout simplement l’interdire, » conclut M. Kaplan.
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