La présidence de l’Assemblée reviendra-t-elle à un candidat issu du « bloc central » ? Malgré sa défaite aux élections législatives, le camp présidentiel mène des tractations avec la droite qui pourraient priver du perchoir le Nouveau Front populaire, arrivé en tête le 7 juillet.
Le quatrième personnage de l’État doit être élu jeudi après-midi à l’ouverture de la 17e législature. Le vote se déroule en trois tours, les deux premiers à la majorité absolue des suffrages exprimés et le dernier à la majorité relative, pour ce poste essentiel au bon fonctionnement de la Chambre basse.
Seuls candidats déclarés pour l’instant: la présidente sortante de l’Assemblée, Yaël Braun-Pivet (Renaissance), la députée LR du Doubs Annie Genevard, et le centriste Charles de Courson. Le RN n’a pas fait connaître son candidat, mais devrait en présenter un.
La gauche doit s’accorder sur une candidature unique mardi, les Insoumis étant prêts à soutenir quelqu’un qui ne serait pas issu de leurs rangs, selon le député Paul Vannier (LFI), un calcul tactique pour obtenir en contrepartie le choix du Premier ministre.
Barrer la route au NFP
Au sein du camp présidentiel, la candidature de Mme Braun-Pivet ne fait pas l’unanimité. « C’est ésotérique et étonnant. Ça n’existera pas », croyait savoir la semaine dernière un député Renaissance sous couvert d’anonymat.
Mais tous les députés ne sont pas de cet avis. « Nous aurons un candidat de notre famille politique, et Yaël Braun-Pivet est légitime puisqu’elle est sortante. Je ne vois pas quelqu’un chez nous aller lui contester sa place », affirme le député du Val-de-Marne Mathieu Lefèvre à l’AFP.
M. Lefèvre assume de vouloir barrer la route au Nouveau Front populaire (NFP). « S’il y a une personnalité du bloc de gauche qui préside l’Assemblée nationale, cela préfigure (…) un gouvernement du Nouveau Front populaire et il faut l’éviter », dit-il.
Point de vue distillé par le président de la République, selon un participant à une réunion à l’Élysée vendredi. « Pour lui, si le Nouveau Front populaire récupère le perchoir, cela indique qu’il est en position de gouverner », affirme cette source, ajoutant que le vote de jeudi sera pour Emmanuel Macron une « première clarification » en vue de la formation d’un gouvernement.
Comment le camp présidentiel arrivé deuxième des élections législatives compte-t-il s’y prendre ? Plusieurs sources soulignent que l’addition des voix de LR et de la majorité pèse davantage que celles du NFP.
Accusée par la gauche de vouloir s’attirer les bonnes grâces du RN pour parvenir à ses fins, Mme Braun-Pivet a démenti par la voix de son entourage, qui souligne qu’il « n’est nul besoin des voix du RN pour qu’une candidature issue du bloc central réunisse plus de voix que le NFP ou le RN lui-même ».
« Nous représentons des millions d’électeurs »
Le RN a cependant confirmé mardi des échanges avec elle. « J’ai expliqué à Mme Braun-Pivet que nous tenions à assumer nos responsabilités, uniquement nos responsabilités, mais toutes nos responsabilités, parce que nous représentons des millions d’électeurs », a déclaré Sébastien Chenu sur CNews.
« Je crois qu’elle a entendu ce message qui était […] [qu’]un député RN vaut autant qu’un député LFI, un député Renaissance », a-t-il ajouté.
Message martelé sur X par la cheffe de file Marine Le Pen : « Toutes les forces politiques doivent participer au fonctionnement de l’institution selon nos usages républicains et le règlement intérieur de l’institution », a-t-elle écrit sur X.
Les élections sont terminées. Le peuple s’est exprimé. Les 577 députés le représentent. Toutes les forces politiques doivent participer au fonctionnement de l’institution selon nos usages républicains et le règlement intérieur de l’institution. Quitte à être la dernière à…
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) July 16, 2024
Des discussions semblent par ailleurs bien engagées entre le camp présidentiel et Les Républicains: « Je pense qu’on va tomber d’accord avec Yaël Braun-Pivet pour bloquer la gauche », dit un député LR sous couvert d’anonymat.
« Nous voulons nous assurer qu’il n’y aura pas de candidat LFI qui serait en mesure de gagner le perchoir, voire de candidats de gauche qui auraient pu signer un contrat très explicite avec la FI », a confirmé mardi le député LR Philippe Juvin, interrogé sur une candidature unique au perchoir du « bloc central ».
Encore faut-il que la centaine de députés Renaissance approuve ce schéma. Sans parler des députés Horizons et MoDem, qui pourraient avoir leur propre candidat au premier tour de l’élection au perchoir. « On réfléchit à présenter une candidate », l’ancienne vice-présidente Naïma Moutchou, a affirmé le ministre délégué à la santé Frédéric Valletoux.
M. de Courson pourrait-il profiter de ce maelström ? « Charles va devenir le moindre mal pour les deux camps », veut croire un de ses proches, qui n’exclut pas in fine que le NFP puisse voter pour lui.
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