Quitter le Canada : Le coût du logement, le niveau de vie en baisse et les politiques incitent les Canadiens à quitter le pays

Par Adam Brown
10 juin 2024 08:06 Mis à jour: 16 juin 2024 19:58

Un nombre croissant de Canadiens n’ont pas les moyens de se loger ou de trouver un emploi bien rémunéré. Certains n’arrivent pas à trouver un conjoint ou en ont assez des querelles politiques. D’autres sont en quête d’aventure, en ont assez des hivers rigoureux ou s’ennuient tout simplement de leur pays d’origine. Quelle solution entrevoient-ils ? Quitter le Canada.

L’augmentation du coût de la vie, le niveau record de l’immigration, la stagnation de l’économie et les tensions politiques incitent un nombre croissant de Canadiens, qu’ils soient natifs ou naturalisés, à quitter le pays.

Selon les experts, le Canada devient de plus en plus un pays d’émigrants, en plus d’un pays d’immigrants.

« Nous constatons un intérêt beaucoup plus marqué de la part des personnes souhaitant quitter le Canada », a déclaré à Epoch Times Michael Rosmer, fondateur d’Offshore Citizen, une société basée à Dubaï qui propose des services de relocalisation à des personnes du monde entier. « C’est disproportionné par rapport à leur nombre total. »

Il explique que nombre de ses clients sont motivés par la possibilité croissante de travailler à distance, auxquelles s’ajoutent les tensions politiques au Canada s’accompagnant d’un sentiment de perte de liberté. L’élévation du niveau de vie de nombreux pays, qui étaient autrefois bien inférieurs au Canada en termes de soins de santé, d’éducation et d’autres services est également un facteur.

Alors que le Canada était autrefois considéré comme l’un des meilleurs endroits au monde pour vivre, « c’est comme si le monde s’était inversé », a déclaré M. Rosmer. « La situation des autres pays s’est nettement améliorée. Aujourd’hui, si vous allez à Kuala Lumpur, vous constaterez que la ville est sans doute meilleure que n’importe quelle ville canadienne. »

Quelque 94.576 personnes ont émigré du Canada entre les six premiers mois des années 2022 et 2023, soit une augmentation de 1,8 % par rapport aux 92.876 personnes émigrées l’année précédente. Il s’agit d’une forte hausse par rapport aux 66.627 personnes émigrées au cours de la même période en 2020 et 2021, marquée par les confinements et la pandémie, d’après les données de Statistique Canada.

Une étude publiée l’année dernière par l’Institut pour la citoyenneté canadienne (ICC), une organisation de soutien aux immigrants, a montré que les immigrants sont également de plus en plus réticents à rester au pays, la proportion de ceux qui restent pour obtenir la pleine citoyenneté dans les 10 ans suivant l’obtention du statut de résident permanent chutant à 45,7 % en 2021, contre 60 % en 2016 et 75,1 % en 2001.

Cameron MacDonald, un jeune homme de 29 ans originaire de la région de Niagara Falls, en Ontario, a quitté le Canada en mars pour le Japon. Il a évoqué le coût élevé de la vie comme la principale raison de son déménagement, ce qui l’a éloigné de ses amis, de sa famille et d’un emploi d’analyste antifraude au sein d’une grande banque canadienne. Il étudie maintenant le japonais et cherche un emploi dans une entreprise étrangère, tout en vivant à Tokyo, où la densité de population est de 6363 habitants au km², contre 4427,8 habitants au km² à Toronto.

« Ici, à Tokyo, la plus grande ville du monde, je paie 650 dollars (437 euros) par mois pour une chambre que j’aurais à payer 2000 dollars (1345 euros) à Toronto », a déclaré M. MacDonald à Epoch Times. « J’avais une routine et un emploi confortable dans une banque, et je vivais même avec mon père après un certain temps, mais je n’arrivais toujours pas à avancer financièrement. »

Selon lui, le coût élevé du logement à Toronto oblige tous ses amis du même âge au Canada à demeurer encore chez leurs parents et, comme beaucoup d’entre eux envisagent de fonder une famille, ils prennent exemple de son déménagement et envisagent de s’installer à leur tour à l’étranger.

« Mes objectifs pour les cinq prochaines années sont de me marier, d’avoir une maison et des enfants, et je ne pourrais jamais me le permettre au Canada », a déclaré M. MacDonald. « On ne peut pas vraiment sortir avec quelqu’un et trouver une femme quand on vit avec son père. »

« Au Japon, je me réveille tous les jours avec le sourire aux lèvres. C’est comme si j’avais trouvé une nouvelle passion – je peux fonder une famille ici. »

Forte immigration

Comme beaucoup, M. MacDonald incrimine la croissance rapide de l’immigration au Canada qui a fait grimper le coût de la vie et l’a forcé à déménager à l’étranger.

Au 1er octobre 2023, la population du Canada était estimée à 40.528.396 habitants, soit une augmentation record de 430.635 personnes au cours des trois derniers mois seulement, selon Statistique Canada. Ce taux de croissance, de 1,1 % en un trimestre, est le plus élevé depuis 1957, une période qui avait été marquée par le baby-boom canadien et une vague d’immigration issue de la crise des réfugiés en Hongrie.

Au cours des neuf premiers mois de l’année dernière, la population du Canada a augmenté de 1.030.378 personnes, soit une croissance plus forte que pour toute autre année depuis la confédération en 1867, indiquent les statistiques. Et 96 % de cette croissance est due à l’immigration. Dans l’ensemble, la population a augmenté de 30 % depuis qu’elle a atteint le chiffre de 30 millions en 1997.

En effet, ces dernières années, la croissance rapide de la population a dépassé la croissance économique, ce qui a abaissé le niveau de vie au Canada, car davantage de personnes se disputent moins d’espace de logement et exercent des pressions accrues sur les services de soins de santé, d’éducation et autres, selon une étude publiée en mai par l’Institut Fraser. L’étude montre que le produit intérieur brut réel du Canada par personne a chuté de 3 % entre avril 2019 et la fin de l’année dernière, passant de 59.905 $ à 58.111 $ (40.291 à 39.085 euros). Les seules baisses plus marquées au cours des 40 années couvertes par l’étude ont eu lieu entre 1989 et 1994, avec un recul de 5,3 %, et lors de la crise financière de 2008 à 2009, où il a chuté de 5,2 %.

Le vieillissement de la génération des baby-boomers pourrait être un autre facteur favorisant l’émigration. Alors qu’un nombre croissant de Canadiens atteignent l’âge de la retraite, l’émigration vers les États-Unis, en particulier vers des États ensoleillés comme la Floride, connaît une forte croissance.

Une étude de Statistique Canada montre également qu’une forte immigration tend à faire augmenter l’émigration, car certains immigrants retournent dans leur pays d’origine. L’étude montre que 15 % des personnes ayant immigré au Canada entre 1982 et 2017 sont retournées dans leur pays d’origine dans les 20 ans suivant leur admission.

Quelle qu’en soit la cause, l’intérêt pour quitter le Canada a attiré l’attention de l’industrie mondiale des services aux émigrants les plus fortunés du monde entier.

Les vidéos portant sur des offres de services pour l’obtention d’un second passeport et d’aide à la relocalisation sont de plus en plus populaires. Les vidéos Nine Steps to Escape Canada (Neuf étapes pour fuir le Canada), 5 Reasons to Leave Canada in 2024 (5 raisons de quitter le Canada en 2024) et Canada is Dying! (Le Canada se meurt), visionnées 362.000, 261.000 et 531.000 fois, figurent parmi les plus populaires.

Jay Suresh, fondateur de Goodlife Investor, qui propose des services d’émigration à des personnes désireuses d’obtenir un second passeport, des avantages fiscaux à l’étranger et d’autres avantages, explique que le nombre de Canadiens à la recherche d’une double nationalité a bondi après que le gouvernement canadien a interdit aux personnes non vaccinées de prendre l’avion ou le train à la fin de l’année 2021 jusqu’à l’été 2022.

« Cela a ouvert les yeux à beaucoup de gens. Ils se sont sentis frustrés de n’avoir qu’une seule citoyenneté et ont voulu en avoir plusieurs », a-t-il déclaré dans une vidéo de promotion de son entreprise. Aujourd’hui, dit-il, les Canadiens sont presque à égalité avec les citoyens américains dans la recherche d’un deuxième passeport, alors que les États-Unis ont une population dix fois supérieure à celle du Canada.

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