Radiologue accusé de viols : aux assises, deux paroles qui s’opposent

Par Epoch Times avec AFP
24 février 2023 13:15 Mis à jour: 24 février 2023 14:32

Des femmes traumatisées qui racontent leur calvaire, un homme qui campe sur ses dénégations. À Bordeaux, le procès d’un ancien radiologue jugé depuis lundi pour viols et agressions sexuelles sur des patientes oppose deux paroles.

« Il a bousillé ma vie, je ne sais pas si j’arriverai à faire un jour confiance à un homme ». Devant la cour d’assises de Gironde, une ancienne patiente du Dr Bassam El Absi, âgée de 31 ans, explique ne plus avoir de « vie sentimentale » depuis six ans.

En 2016, lors d’un rendez-vous pour une échographie avec le médecin, elle dit avoir subi des massages au niveau des parties intimes et des positions dérangeantes. « J’aurais pu crier mais je n’ai pas réussi », confie-t-elle. Aujourd’hui, « le sentiment de honte existe toujours » chez la trentenaire qui évoque « crises d’angoisse » et insomnies.

Sa plainte, déposée le jour même pour agression sexuelle et celle d’une autre patiente ont déclenché une procédure judiciaire contre le radiologue de Langon (Gironde), âgé de 71 ans aujourd’hui et retraité.

Accusé de viol par huit femmes

Le praticien est accusé au final par huit femmes, d’anciennes patientes mais aussi une secrétaire médicale et une adolescente à l’époque des faits. Les réquisitions de l’avocate générale sont attendues vendredi.

D’autres témoignages ont étayé les plaintes déposées entre 2016 et 2019 mais Bassam El Absi conteste fermement tout ce qu’on lui reproche.

À la barre, il explique sa façon de travailler avec de grands gestes, réfute des actes qu’il aurait commis, invoque des raisons médicales pour nier avoir été en érection au contact de certaines femmes.

« Un patient peut très bien imaginer », avance-t-il. « On va passer six jours dans cette pièce car ces femmes ont trop d’imagination ? », lui rétorque le président de la cour.

Pour une avocate de parties civiles, Me Sabrina Lathus, un des objectifs du procès est de dire aux victimes « qu’elles n’ont pas rêvé ».

En face, l’avocat de la défense Me Alexandre Novion évoque des « fantasmes » qui ont pu naître et alimenter des plaintes supplémentaires.

Plaintes et signalements sans suite depuis 2002

Les anciennes patientes décrivent pourtant des faits précis, attouchements au niveau des parties intimes ou pénétrations digitales. Une femme regrette que sa plainte, déposée dès 2003, fut classée sans suite : « Il y a 20 ans, j’étais l’une des premières, si l’on m’avait écoutée… »

« Je ne veux pas que d’autres subissent ce que j’ai vécu, c’est pour ça que je n’ai pas demandé le huis clos », explique une autre.

Le radiologue a été radié en 2019 de l’Ordre des médecins mais trois femmes se seraient auparavant signalées auprès de l’Ordre de la Gironde entre 2002 et 2013, sans effet.

Une ancienne secrétaire accuse aussi Bassam El Absi d’attouchements sur son lieu de travail, à l’instar d’autres collègues qui n’ont pas porté plainte. Un « coup monté » selon l’ex-radiologue qui répète sans cesse être un homme généreux financièrement, ayant toujours « donné à tout le monde » et à ses employés.

Le septuagénaire est enfin accusé de viol par la fille d’une ancienne secrétaire – qui fut également sa maîtresse – âgée de 15 ans à l’époque. Le médecin, avec lequel elle entretenait « une relation de confiance » selon la jeune fille, était venu lui donner une crème pour maigrir. Il en aurait profité pour la violer dans sa chambre.

« Ça m’a paru une éternité, je voulais juste que cela cesse », confie celle qui est devenue infirmière depuis. « Je suis écœuré, j’étais tout le temps présent pour aider sa famille », réplique M. El Absi en niant les faits.

« Stop à l’impunité des agresseurs »

À l’ouverture du procès lundi, une manifestation a réuni une quarantaine de personnes devant le palais de justice, venues soutenir les victimes, dénoncer un « Ordre des médecins complice » et dire « stop à l’impunité des agresseurs », selon Annie Carraretto, co-présidente du Planning familial de Gironde qui avait appelé au rassemblement.

À l’audience, la défense a fait part de ses craintes d’un procès « biaisé », balayées par le président de la cour. Le verdict est attendu lundi.

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