Il mérite « de ne pas finir (sa) carrière ainsi », par une conférence de presse : Rafael Nadal a annoncé jeudi son forfait pour le tournoi de Roland-Garros, qu’il a remporté 14 fois, mais assure qu’il veut revenir sur les courts avant sa retraite, pour une ultime saison en 2024.
À dix jours du début du tournoi parisien, « Rafa » a précisé qu’il serait indisponible « les prochains mois ». Son « objectif pourrait être de jouer la Coupe Davis » en novembre, histoire d’entamer « avec des garanties », « ce qui pourrait être la dernière année » de sa carrière, avec, à l’horizon, les Jeux de Paris à l’été 2024. Mais il n’y aura donc pas de Nadal sur le gazon de Wimbledon, déjà orphelin de Roger Federer, ni sur le dur de l’US Open.
« Je crois que j’ai fait ce qu’il fallait dans ma carrière pour mériter de ne pas la finir ainsi, dans cette conférence de presse », a ajouté « Rafa », l’un des trois Magnifiques, qui avec Novak Djokovic et Federer (retraité depuis le 13 septembre 2022), éclabousse le tennis de sa classe depuis deux décennies.
Plus de 110 victoires et trois défaites
C’est sur son île de Majorque, dans son académie de tennis, que l’Espagnol avait réuni les journalistes via une invitation envoyée la veille pour communiquer sa décision, qui résonne comme un coup de tonnerre. Depuis son premier sacre sur la terre battue parisienne en 2005, deux jours après ses 19 ans, Nadal n’a jamais fait faux bond Porte d’Auteuil. Il y a accumulé plus de 110 victoires et n’y a connu que trois défaites (en 2009, 2015 et 2021), plus un forfait en cours de tournoi (2016, à cause de son poignet gauche).
Il y a un an, même un pied gauche anesthésié pour contenir la douleur provoquée par le mal chronique dont il souffre depuis l’âge de 18 ans (syndrome de Müller-Weiss) ne l’avait pas empêché d’y triompher pour la quatorzième fois, et pour la 22e fois en Grand Chelem – record masculin partagé avec Novak Djokovic depuis.
Roland-Garros à quatorze reprises
Dans la foulée de son annonce choc, les organisateurs de Roland-Garros ont annoncé qu’ils espéraient revoir leur champion l’an prochain : « Tu vas assurément nous manquer à Roland-Garros cette année. Prends soin de toi pour revenir plus fort sur les courts. Nous espérons te revoir l’an prochain à Paris », ont-ils écrit sur Twitter.
« Rafael Nadal, dont le destin est intimement lié à celui du tournoi de Roland-Garros qu’il a remporté à quatorze reprises, va évidemment énormément nous manquer », a commenté pour sa part Amélie Mauresmo, la directrice de la levée française du Grand Chelem, ajoutant dans un communiqué qu’elle « imagine la douleur et la tristesse qu’il doit ressentir après avoir dû prendre une telle décision ». « Cela a dû être un véritable crève-cœur », poursuit-elle.
Un des meilleurs de l’histoire
L’annonce a également secoué les joueurs. « Bon courage Rafa ! (…) J’espère que 2024 sera une grande saison pour toi, et que tu pourras te retirer comme le grand champion que tu es ! » a écrit Alcaraz sur Twitter, jeudi après-midi, évoquant une annonce « douloureuse et triste ». « C’est un joueur fantastique, un athlète incroyable, l’un des meilleurs de l’histoire. J’espère qu’il pourra revenir et jouer quelques Grands Chelems de plus », a abondé Daniil Medvedev.
2024, « sans doute la dernière année »
« Je prévois que l’année prochaine sera sans doute la dernière année (de ma carrière) », a commenté Nadal jeudi, jugeant qu’il était « pas impossible mais très improbable » de le voir rejouer avant la Coupe Davis 2023. L’Espagnol a aussi précisé qu’il allait arrêter de s’entraîner durant quelques mois. « J’ai besoin de m’arrêter, parce que sinon, je ne sais même pas si j’arriverai à l’année prochaine », a précisé Nadal.
Des blessures à répétition depuis un an
Le Majorquin – qui aura 37 ans au beau milieu de Roland-Garros, le 3 juin – n’est plus apparu en compétition depuis quatre mois pile, la faute à une lésion musculaire tenace à la hanche gauche (muscle ilio-psoas) contractée au deuxième tour de l’Open d’Australie le 18 janvier, énième épisode d’un corps martyrisé par les blessures. Évaluée dans un premier temps entre six et huit semaines, son absence n’a fait que s’étirer depuis, comme la liste de ses capitulations forcées, de la tournée américaine sur dur (Indian Wells et Miami) jusqu’à la saison européenne sur terre battue, de Monte-Carlo jusqu’à Rome, en passant par Barcelone et Madrid. Et maintenant Roland-Garros, son jardin, où trône sa statue d’acier.
Si les blessures l’ont très souvent rattrapé tout au long des plus de vingt ans de sa carrière d’exception, elles ne lui laissent quasiment aucun répit depuis un an, de son pied à sa hanche gauches, en passant par deux déchirures abdominales l’été dernier. En neuf mois, il n’a ainsi joué que treize matches (un titre en Grand Chelem demande d’en gagner sept) et en a perdu huit. Au classement, il a glissé, pour l’instant, au quatorzième rang.
Si les blessures le laissent tranquille, le public de la Porte d’Auteuil pourra l’acclamer une dernière fois en 2024. Et pourquoi pas, rêver de le voir mordre une 15e fois la Coupe des Mousquetaires.
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