Les responsables de Wuhan et d’autres villes de la province du Hubei, où l’épidémie de coronavirus est la plus grave, ont signalé à leurs supérieurs au sein du gouvernement provincial que les gens n’étaient pas en mesure d’obtenir un traitement, qu’ils manquaient d’approvisionnements à cause de la fermeture de plusieurs villes et régions, qu’ils avaient peur et qu’ils se sentaient anxieux face à la propagation de la maladie.
Malgré ces observations, selon des rapports internes du gouvernement obtenus par Epoch Times, les autorités ont donné la priorité au maintien du « contrôle de la société » et à la « manipulation de l’opinion publique » pour que les gens voient d’un bon œil les mesures des autorités pour contenir le virus.
Les autorités de la ville de Shiyan, par exemple, ont énuméré leurs objectifs comme suit : « surveiller de près les pétitionnaires et les personnes dont les revenus ont été gravement atteints » – en d’autres termes, les personnes les plus susceptibles d’être en désaccord avec les autorités ; « empêcher fermement les personnes clés et les groupes de se rassembler et de créer des problèmes » ; et « punir sévèrement les personnes qui répandent des paroles ou des rumeurs inappropriées liées à l’épidémie ».
La colère sociale s’accroît
La Commission des affaires politiques et juridiques (PLAC) est une agence du Parti communiste qui supervise l’appareil de sécurité du pays, y compris la police, les tribunaux et les prisons. Dans le sillage de l’épidémie, les bureaux locaux de la PLAC à Xiaogan, Shiyan, Xiantao et dans d’autres villes du Hubei ont récemment rédigé des « rapports de travail sur la manière de contrôler la société ».
Ces bureaux ont décrit des conditions de vie difficiles dans les régions sous leur contrôle depuis que les autorités ont suspendu le fonctionnement des transports, les rassemblements publics et les activités économiques afin d’empêcher la propagation du virus.
« Comme l’épidémie devient de plus en plus grave, les méthodes de contrôle doivent être améliorées. Les gens ont connu beaucoup de difficultés en raison de la suspension totale des activités économiques, des transports, des écoles, etc. », a écrit le bureau de la PLAC de la ville de Shiyan dans son rapport au PLAC de Hubei du 16 février.
« Après la fermeture de la ville, la majorité des résidents ont perdu leurs revenus », a poursuivi le bureau de Shiyan. « Dans l’ensemble, les gens ont de fortes émotions négatives, comme le chagrin, la panique, l’anxiété et la suspicion. Le sentiment de colère au sein de la société a augmenté. »
Pendant ce temps, une nouvelle agence de « contrôle des maladies » créée au sein du gouvernement du Hubei pour combattre l’épidémie actuelle compile des « rapports d’inspection quotidiens », destinés à l’information de hauts responsables du Parti – tels que Ying Yong, le chef provincial du Parti, Wang Xiaodong, le gouverneur et Huang Chuping, le vice-gouverneur.
Ces rapports décrivent en détail la situation des habitants de la province. Le 19 février, par exemple, l’agence a informé dans son rapport : « Les résidents du village de Hongmiao dans l’agglomération d’Anlu [canton de Xiaogan, Hubei] se sont plaints que le gouvernement municipal bloquait le village en utilisant des barbelés. Cela se passe depuis six jours et personne ne peut leur rendre visite [pour leur fournir des produits de première nécessité]. »
Le Bureau de la sécurité publique du Hubei, en charge de l’ensemble des forces de police de la province, rédige également des « rapports de travail » pour le gouvernement provincial sur la manière dont la police contribue à « prévenir et contrôler le nouveau coronavirus ».
Le 21 février, le Bureau a décrit la situation au Hubei de façon suivante : « En général, les habitants manquent des produits de première nécessité. Par exemple, certaines familles ont utilisé tout leur gaz pour cuisiner ; certaines familles ont besoin de lait en poudre pour nourrissons et de couches… Un grand nombre de résidents veulent quitter la ville et sortir pour gagner leur vie… Ils deviennent extrêmes dans leur comportement. »
Un contrôle strict
Malgré ces conditions, le Bureau n’a pas proposé de solutions pour résoudre ces problèmes. Il a expliqué que l’une de ses principales tâches était de « maintenir l’ordre dans des hôpitaux de fortune » – des installations à l’intérieur des stades, des centres d’exposition et des salles de sport des écoles pour isoler les personnes présentant des symptômes légers ou modérés du virus.
Selon le rapport du Bureau, 970 policiers et 882 agents de sécurité ont été envoyés dans 20 de ces établissements à travers la province. « Leurs tâches principales consistent à contrôler les patients qui font des problèmes, les patients qui ne veulent pas rester là et les patients qui refusent le traitement », explique le rapport.
Le Bureau a énuméré les objectifs futurs, tels que le renforcement de la sécurité dans les bureaux gouvernementaux, les hôpitaux et les centres de quarantaine, la préparation pour affronter les activités qui pourraient « nuire à la stabilité sociale » et le verrouillage de « toutes les sources possibles d’infection ».
La propagande
Les autorités ont également souligné l’importance de la diffusion de la propagande positive sur les efforts qu’ils entreprennent contre le virus.
Dans son « rapport sur le travail de propagande » du 20 février, l’agence provinciale de « contrôle des maladies » a énuméré ses « réalisations » suivantes : 215 articles positifs sur l’application du Hubei Daily, un journal d’État ; 25 articles positifs sur WeChat, une plateforme de médias sociaux populaire semblable à Facebook ; 39 vidéos positives sur l’application Tiktok ; 72 articles positifs sur l’application d’information Toutiao ; et 42 posts sur Weibo, une plateforme sociale chinoise semblable à Twitter. « Le nombre total de pages vues a atteint 50 millions », annonce le rapport.
Une autre priorité est de censurer les messages des médias sociaux qui présentent les autorités de façon négative.
Dans un document du 7 février, le gouvernement provincial du Hubei a donné les ordres suivants à l’agence provinciale de « contrôle des maladies » : « Organiser une équipe de surveillance d’internet 24 heures sur 24 pour surveiller les messages en ligne de tous les sites web… Supprimer toutes les informations négatives et nuisibles. »
Le document note également que, entre le 1er et le 8 février, les autorités ont supprimé « 4 431 posts qui ont porté une grave atteinte à l’opinion publique » et ont censuré 3 066 types de commentaires négatifs.
Même au sein du « groupe de direction anti-épidémie » du gouvernement central – la plus haute agence chinoise chargée de faire face à l’épidémie – la plupart des hauts fonctionnaires sont issus du Département de la propagande et du Ministère de la sécurité publique. Il n’y a pas de membres de la Commission nationale de la santé.
Tous ces documents reflètent la mentalité des bureaucrates communistes chinois « qui existe depuis que le Parti a établi son contrôle sur la Chine en 1949 », a expliqué Tang Jingyuan, commentateur des affaires chinoises basé aux États-Unis, dans une interview accordée le 27 février à Epoch Times.
« Des fonctionnaires de différents niveaux veulent garder leurs positions. Pour ce faire, les membres du Parti font de leur mieux pour maintenir la stabilité sociale, ce qui est considéré comme un accomplissement », a-t-il ajouté. « Quant à la vie des gens, elle n’est pas importante aux yeux des fonctionnaires. »
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