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Rave party à Redon : les forces de l’ordre détruisent le matériel de sonorisation sans autorisation

juin 24, 2021 20:04, Last Updated: juin 24, 2021 20:04
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Dans la nuit de samedi à dimanche, le rassemblement en hommage à Steve Maia Caniço (porté disparu à Nantes dans la nuit du  au , jour de la Fête de la musique), a tourné à l’affrontement avec les forces de l’ordre, qui ont par la suite détruit sans raison du matériel de sonorisation.

Une scène faisant polémique s’est déroulée samedi après-midi à Redon, en Ille-et-Vilaine, où un teknival était organisé depuis vendredi 18 juin au soir. Sur place, des unités mobiles de gendarmerie ont encerclé des tonnelles où étaient stockés des amplis, des ordinateurs et des enceintes. À coups de hache ou de masse, ils ont détruit du matériel de sonorisation pendant que d’autres ont coupé les toiles des tonnelles au cutter. Une scène qui a été filmée et publiée sur les réseaux sociaux.

La veille, de violents affrontements avaient opposé des fêtards aux forces de l’ordre, qui ont cherché à mettre un terme à ce rassemblement en hommage à Steve Maia Caniço, mort noyé lors d’une charge policière en marge de la Fête de la musique 2019 à Nantes. Vendredi soir, plusieurs fêtards ont ainsi été blessés, certains gendarmes également. Un homme de 22 ans a également eu la main arrachée en tentant de renvoyer une grenade lacrymogène. Puis, au surlendemain, les organisateurs font part de leur colère et de leur incompréhension, en particulier face aux destructions des forces de l’ordre, qui ont été réalisées dans l’illégalité, a rapporté 20 Minutes.

« On n’a eu aucun dialogue. Le seul but, c’était de détruire. Je n’avais jamais vu ça. Ni en France, ni même en Europe », a déploré Victor Lacroix, représentant de l’association Media’Son. « C’est une honte. C’est d’une violence inouïe simplement pour des gens qui dansent », a dénoncé une autre participante.

Actuellement, le préjudice est difficile à estimer, mais il pourrait se chiffrer entre 100 000 et 200 000 euros. De plus, du matériel comme les groupes électrogènes avaient été loués à certaines enseignes de la région, accentuant l’incompréhension des destructions.

Voir la scène filmée par un participant :

Dans les faits, le rassemblement était interdit en raison d’un arrêté préfectoral. Cependant, c’est la méthode d’intervention qui interpelle. D’autant qu’au moment de l’opération de destruction des gendarmes, la musique avait cessé, comme l’avait demandé le préfet Emmanuel Berthier.

Selon Me Marianne Rostan, avocate : « Cela fait des années que je les défends. C’est la première fois que je vois ça », a-t-elle déclaré, en étant catégorique : l’action des forces de l’ordre s’est déroulée en toute illégalité. « Seules les saisies sont autorisées. La destruction des biens ne peut avoir lieu que sur ordre du procureur, et uniquement s’ils sont considérés comme dangereux », a-t-elle indiqué.

De son côté, le procureur de la République de Rennes a fait savoir « qu’aucune instruction du parquet de Rennes n’a été donnée au-delà de la saisie de certains biens : une platine, trois tables de mixage et trois amplificateurs ». Quant à la préfecture d’Ille-et-Vilaine ou la gendarmerie locale, silence radio.

De leur côté, les autorités nationales, qui peinent à expliquer l’opération, ont indiqué : « Lors de l’évacuation, les gendarmes ont procédé à une manœuvre complexe qui, une fois commencée, devait être exécutée rapidement pour assurer la mise en sécurité des personnes. » Mais alors, pourquoi s’en prendre au matériel ? « Au cours de la manœuvre, il y a pu avoir du matériel cassé, des dégradations. Mais le contentieux pourra être remboursé », a simplement commenté une source de la gendarmerie proche du dossier.

Par ailleurs, dans un tweet publié ce samedi, plusieurs photos montrent les biens dégradés qui ont été saisis. Des images qui contredisent également la version des gendarmes, qui semblaient œuvrer en toute tranquillité sous le regard désabusé de plusieurs témoins.

Désormais, les organisateurs, qui ne comptent pas en rester là, ont annoncé leur volonté de porter plainte pour dégradations. « On a l’impression de faire face à une démocratie de la force, à une stratégie de terreur. Comme si on voulait faire passer un message à la jeunesse, la dissuader de recommencer », a déploré Victor Lacroix, qui a ajouté : « Mais les teufs ne vont pas s’arrêter. »

« On a l’impression de revenir quinze ans en arrière. Il y a une tension grandissante entre les participants et les forces de l’ordre, et on a clairement franchi un cap ce week-end. Je me demande ce que ça va donner à l’avenir », s’est inquiétée l’avocate Marianne Rostan, habituée à défendre les sound systems.

Depuis, trois enquêtes ont été ouvertes pour tenter de faire la lumière sur les affrontements survenus vendredi et sur la grave blessure de l’un des participants, hospitalisé.

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