Réalisation d’un collège innovant par le cabinet Daudré-Vignier & associés

8 septembre 2016 08:10 Mis à jour: 7 septembre 2016 22:21

Un nouveau collège nommé Froelicher a été construit à Sissonne dans l’Aisne. S’inscrivant dans le « Plan Collège » lancé par le Conseil Départemental de l’Aisne qui avait souhaité moderniser ses équipements scolaires, il allie fonctionnalité, nature et confort.

Livré en octobre 2015 et signé par l’agence d’architecture Daudré-Vignier & Associés située à Paris XIIIe, le collège a été prévu pour accueillir 600 élèves. Il remplace l’ancien collège datant des années 1970 qui était devenu obsolète par son manque de confort et sa faible capacité d’accueil.

Construire en pleine campagne, dans les champs

L’agence d’architecture a tout d’abord été surprise par ce projet, car le nouveau collège devait investir un terrain vierge d’1,3 ha. « Le site est très particulier, d’un côté le bourg, et de l’autre ce ne sont que des champs. Cela ne m’est jamais arrivé qu’on me demande de construire un collège en pleine campagne. Construire un établissement scolaire au niveau des champs ! On n’a jamais vu ça ! Cependant, l’antiurbanité peut devenir un atout contrairement à ce que nous pensions initialement, sans autre code urbain que celui de la noblesse de la façade d’entrée », déclare Antoine Daudré-Vignier.

« Comment immerger un bâtiment public à la dimension politique dans un site naturel sans dégrader la qualité et la beauté de ses horizons, le plus difficile est d’écrire l’évidence, elle s’impose, mais on ne sait pas pourquoi. C’est comme un écrivain ou un compositeur, qui a besoin d’écrire des textes ou de la musique, moi j’ai besoin de dessiner. Le dessin est à la fois le fruit d’une réflexion et de l’intuition. Lorsque je dessine, la main travaille et la tête continue de penser d’égale façon. Tout à coup il y a cette espèce de grâce qui fait naître les choses », ajoute-t-il.

Antoine Daudré-Vignier a pris ses crayons et a commencé à dessiner des courbes et des traits s’harmonisant au paysage. C’est ainsi que le collège est né, dans la continuité du paysage : une dune parmi les dunes. « C’est comme mettre le projet au niveau du sol, le glisser, soulever la terre et mettre les bâtiments sous les éléments, faire un collège des champs », souligne-t-il.

« Un manteau végétal protecteur se déploie et couvre les façades en bois au mimétisme forestier », Antoine Daudré-Vignier. (© Charly Broyez)
« Un manteau végétal protecteur se déploie et couvre les façades en bois au mimétisme forestier », Antoine Daudré-Vignier. (© Charly Broyez)

La douceur des formes

Ainsi, blotti dans les ondulations douces et planté entre Reims la royale et Laon la médiévale, le collège va se muer en bâtiment discret et audacieux. La simplicité de l’écriture architecturale exprimée par de longues membrures verticales confère au bâtiment son statut officiel. La douceur des courbes, la palette chromatique et l’utilisation de matériaux naturels fondent le projet dans le paysage et l’intègrent à son environnement.

Ce projet est une grâce offerte à l’agence, un concours d’architecture lumineux au cours duquel s’est immédiatement imposée l’idée d’un bâtiment organique, à la géométrise simple et aux formes complexes. La recherche de l’harmonie et de la justesse a constamment prévalu dans la conception et l’élaboration du projet. Le manteau végétal protecteur se déploie et couvre les façades bois au mimétisme forestier.

Pour la réalisation des courbures et des formes spécifiques, les équipes ont numérisé tout le projet, les toitures ont été traitées comme un plan de terrain avec des courbes de niveau. Pour y parvenir, l’équipe a eu recours à un logiciel particulier utilisé dans la construction navale.

Une réflexion axée sur le développement durable

Le collège Froelicher de Sissonne s’inscrit dans une réflexion axée sur le développement durable. Il se compose d’un ensemble éducatif cohérent, compact et dynamique, propice à l’étude et à l’épanouissement des élèves, selon les dernières orientations pédagogiques. Le collège propose aux usagers de bénéficier d’un cadre de vie aéré et serein favorable à l’étude et à la vie scolaire dans un contexte verdoyant. Il propose une vingtaine de salles d’enseignement, un centre de documentation et d’information, un pôle administratif, des espaces de vie scolaire, des locaux de maintenance et une demi-pension avec cuisine de production.

Le bâtiment destiné à l’enseignement oriente le corps principal en parallèle de la voie nouvelle. Ainsi cette disposition limite les chocs thermiques. L’aile orientée nord-est / sud-ouest protège la cour des vents dominants. « Par ailleurs le bâtiment est tout simple, il est constitué de trois planchés en béton avec des poutres et des systèmes de poteaux traditionnels, en revanche tout le manteau, les façades et le toit sont en bois, cela nous a permis de pré-fabriquer les façades et la charpente, et de réduire les coûts. Notre démarche HQE sur ce bâtiment est largement obtenue, nous allons bien au-delà, nous pourrions prétendre à la certification, mais ce n’était pas demandé », précise l’architecte.

Confort acoustique et thermique, ambiance lumineuse

Le projet traite toutes les cibles du développement durable, respecte l’environnement, utilise parcimonieusement les ressources naturelles et offre un cadre de vie scolaire épanouissant. Les matériaux ont été choisis en fonction de leur durabilité. La qualité spatiale des espaces intérieurs a été minutieusement examinée : confort acoustique et thermique, ambiance lumineuse.

Une simplicité des accès, les flux et les parcours des usagers ont été étudiés avec soin, avec une visibilité constante des élèves, en tout point du collège, permettant la surveillance permanente de ceux-ci. Le projet a proposé la refonte et l’organisation des espaces extérieurs devant le collège pour une approche et desserte sécurisée des cars et véhicules.

Un manteau végétal couvre les bâtiments en les fondant au paysage environnant. 4 450 m² de végétalisation couvrent les terrasses et les toitures et permettent d’optimiser les performances thermiques du bâtiment. Cette couverture se développe, s’enroule, protège, cadre l’espace en le limitant, définissant ainsi l’aire de la cour de récréation. Cette écriture s’exprime par l’emploi de matériaux naturels avec une forte dominante bois qui forme la peau extérieure du bâtiment.

Le chantier, sa réalisation

« C’est un bon souvenir, un moment formidable, je suis un architecte bâtisseur, c’est pourquoi la phase de réalisation est très importante et c’est là que nous sommes jugés. Nous avons eu de la chance d’avoir une entreprise générale, Demathieu & Bard de l’Est, qui a compris l’enjeu du projet. Elle n’a pas seulement coulé du béton, monté des niveaux et fait intervenir des sous-traitants, nous avons eu une vraie connivence technique et de projets. L’entreprise s’est trouvée grandie par la qualité du projet qu’elle avait à réaliser », précise l’architecte.

« Le projet de Sissonne c’est un projet révélateur, puisqu’aujourd’hui on fait beaucoup de concours et on ne les aborde plus de la même manière, il y a eu un avant et un après Sissonne ! On s’autorise maintenant à aller explorer des territoires sur lesquels on était, sans doute à tord, absent précédemment », ajoute-t-il.

L’agence Daudré-Vignier & associés

Antoine Daudré-Vignier s’associe en 2014 à Jérôme Pétré. Diplômé d’UP4 en 1984, Antoine a commencé sa pratique au Brésil avant de s’établir en France où il a exercé pendant 20 ans. Jérôme Pétré quant à lui a développé une large expérience dans de grandes agences parisienne avant de s’associer à Antoine Daudré-Vignier. La complémentarité et l’exigence professionnelle caractérisent le duo. « L’association avec Antoine au quotidien est un vrai plaisir, une satisfaction dans la création, la réalisation, on se parle beaucoup autour du projet, on peut passer des heures à dialoguer autour d’un dessin, d’esquisses, de maquettes, c’est pourquoi les projets évoluent très vite pendant tout leur développement. Avec Antoine on essaie d’écrire des projets équilibrés dans leur écriture, dans leur fonctionnement, dans leur vocabulaire : on essaie de travailler sur une certaine amabilité du projet », explique Jérôme Pétré.

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