« Par conséquent, s’il y a, de nos activités, quelque fin que nous souhaitons par elle-même, et les autres seulement à cause d’elle, et si nous ne choisissons pas indéfiniment une chose en vue d’une autre (car on procéderait ainsi à l’infini, de sorte que le désir serait futile et vain), il est clair que cette fin-là ne saurait être que le bien, le Bien Suprême. En conséquence, n’est-il pas vrai que, pour la conduite de la vie, la connaissance de ce bien est d’un grand poids et que, comme des archers qui ont une cible sous les yeux, nous pourrons plus facilement atteindre le but qui convient ? S’il en est ainsi, nous devons essayer d’embrasser, tout au moins dans ses grandes lignes, la nature du Bien Suprême, et de dire de quelle science particulière ou de quelle potentialité il relève. »
– Aristote, Éthique à Nicomaque, livre 1 – Du Bien et du bonheur, 1094-a.
Certains des enseignements les plus marquants de la vie peuvent être tirés de nos ancêtres.
Le philosophe grec Aristote, connu sous le nom de « Père de la philosophie occidentale », en plus de son maître Platon, considérait comme une évidence que la plupart des gens souhaitent avoir une belle et bonne vie. Nous recherchons le bonheur pour lui-même, et non en vue d’atteindre un autre bien. Le bonheur est donc notre but ultime, le bien ultime.
Aristote a inventé le terme « eudaimonia », (béatitude), pour décrire ce but ultime, l’art de l’épanouissement ou du « bien vivre ». Heureusement pour les innombrables générations qui lui ont succédé, le philosophe a ensuite expliqué ce terme pour inclure des conseils sur ce à quoi ressemblent vraiment le bien vivre et le bonheur.
Comment être heureux
« Le bonheur est donc la chose la meilleure, la plus noble et la plus agréable au monde. »
Aristote a écrit son Éthique à Nicomaque, en 350 av. J.-C., pour traiter de cette question. Les érudits ne sont pas certains que le titre fasse référence à son père ou à son fils, tous deux nommés Nicomaque. Dans son texte, plutôt que de fournir à ses lecteurs un ensemble de règles sur la façon de se comporter, Aristote leur a donné un discours sur le type de personne qu’ils devraient aspirer à devenir.
Aristote croyait que ce qui différencie l’espèce humaine de l’espèce animale, c’est entre autres cette aptitude de l’homme à la pensée et au raisonnement. Notre raison, croyait Aristote, est notre vertu.
Le bonheur consiste dans la vie heureuse et la vie heureuse, c’est la vie vertueuse.
Le philosophe a élargi sa théorie pour y inclure une déconstruction de la vertu de la raison ; selon les normes modernes, une sorte de « guide » pour vivre une vie bonne et heureuse.
Aristote faisait la distinction entre les vertus de l’intellect et les vertus du caractère, ces dernières étant appelées « vertus morales ». Il croyait fermement que les vertus de l’intellect pouvaient être enseignées. Les vertus morales, d’autre part, doivent être acquises pour nous-mêmes.
Mais quelles sont-elles ?
Les vertus morales
« N’importe qui peut se mettre en colère – c’est facile, mais être en colère avec la bonne personne, au bon degré, au bon moment, pour la bonne raison et de la bonne façon, ce n’est pas facile. »
Le courage : Pour acquérir la vertu du courage, une personne doit réfléchir à la nature du courage et se tourner vers ses exemples. Plus important encore, une personne vertueuse apprendra à éviter ses antithèses : la témérité et la lâcheté.
La tempérance : C’est la capacité enviable d’imposer la modération sur les excès du plaisir et de la douleur, particulièrement en ce qui concerne les plaisirs sensoriels.
La générosité : Aristote réprimandait également le gaspillage et la mesquinerie, préférant au contraire louer l’utilisation de l’argent comme toute autre chose utile. La vertu, a-t-il dit, réside dans le fait de savoir comment utiliser l’argent de façon appropriée, de le donner aux bonnes personnes et au bon moment.
L’amour-propre et l’amitié : Il nous faut nous aimer nous-mêmes avant de pouvoir vraiment aimer les autres. Cependant, nous devons cultiver l’harmonie parfaite entre la vantardise et l’autodérision avant de pouvoir nouer une amitié avec authenticité, a-t-il dit.
Aristote a bien voulu reconnaître que la vertu est différente pour tout le monde. C’est subjectif. Pour une personne qui tend à la lâcheté, par exemple, le comportement vertueux consiste à trouver le « juste milieu » entre les deux pôles de l’excès et de l’insuffisance.
« Homme, connais-toi toi-même », cette phrase révélatrice, d’abord attribuée à Socrate, a très bien sa place ici.
Nous devons nous cultiver nous-mêmes avec détermination si nous voulons atteindre et obtenir une vie bonne et heureuse dans tous ses aspects.
Il est intéressant de noter qu’Aristote croyait que toutes les vertus sont « unifiées » et interdépendantes, ce qui signifie que l’on ne peut obtenir l’une sans l’autre.
L’Éthique à Nicomaque entre délibérément ici dans le domaine de la justice. La justice, croyait Aristote, est aussi évidemment souhaitable, et le temps que nous passons pour cultiver un équilibre mesuré entre les excès du caractère humain est ici payant ; nous ne pouvons exercer la vraie justice que lorsque nous avons acquis la vertu morale.
Cependant, nous avons aussi besoin de l’intellect. La justice, par conséquent, pourrait être considérée comme un produit des vertus intellectuelles et morales combinées.
Les vertus intellectuelles
« Une hirondelle ne fait pas le printemps, pas plus qu’un jour ; et ainsi, un jour, ou peu de temps, ne rend pas un homme béni et heureux. »
Le calcul : La vertu du calcul exige du temps, de la patience et la mise au point des compétences techniques. Il ne doit pas nécessairement se faire au détriment de l’art et de la beauté ; la construction d’une maison, par exemple, doit tenir compte à la fois de l’esthétique et de la fonctionnalité. Pour cela, des calculs sont nécessaires.
La contemplation : Pour Aristote, la contemplation implique la connaissance, l’intuition et l’application de la sagesse. Penser et agir. Le philosophe a préconisé l’étude des sciences pratiques en particulier, car elles nous permettront, dit-il, de trouver le bon chemin dans la vie.
Aristote note ici un agréable addendum (complément de texte). L’acquisition de toutes les vertus aboutira à la forme d’amitié la plus précieuse entre les êtres humains ; une amitié fondée sur une affection réelle et non sur l’intérêt personnel.
Si nous exerçons les vertus, dit Aristote, nous remplissons les conditions nécessaires pour atteindre notre but en tant qu’êtres humains. Nous atteignons notre humanité pleine et raisonnable ; nous atteignons le bonheur, la capacité d’agir avec justice, et finalement l’eudaimonia (la béatitude).
La tâche peut sembler énorme, mais le réconfort réside dans notre façon d’agir. Les actions d’un être humain ne peuvent être jugées négligentes ou vertueuses que si elles sont volontaires. Nous pouvons choisir, dit Aristote, de devenir vertueux ou non. Nous pouvons choisir de bien vivre.
Nous pouvons choisir le plus important, d’être heureux.
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