Aujourd’hui, sur les 715.000 tonnes de vêtements mises sur le marché en France en un an, moins d’une tonne sur dix est recyclée, dont une infime proportion en France. Véronique Allaire-Spizer, directrice du pôle Régénération de l’éco-organisme agréé Refashion, fait le point pour l’AFP sur les ambitions de la réforme de la filière textile.
À quoi ressemble le paysage du recyclage textile en France aujourd’hui ?
En 2021, 715.000 tonnes de textiles, chaussures et linge de maison ont été mises sur le marché français. Sur ces centaines de milliers de tonnes, 34% ont été collectées. En majeure partie, cette collecte a été réutilisée en France (dans des friperies, NDLR) ou exportée (80% de la collecte, dont 37% en Afrique, 30% en Europe et 21% en Asie, selon le rapport annuel de Refashion en 2021, NDLR).
25% de cette collecte est recyclée. Une partie l’est en France – entre 5 et 10% soit entre 3000 et 6000 tonnes. Aujourd’hui, en France, on a deux grands marchés : celui des chiffons d’essuyage pour l’industrie française et européenne et l’effilochage qui sert à fabriquer des isolants phoniques et thermiques pour le bâtiment et les transports.
L’objectif de la réforme de la filière textile (prévue dans la loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire, dite Loi Agec, ndlr) est de doubler ces chiffres en six ans. C’est très ambitieux.
Une autre part de cette collecte est recyclée en Europe et une autre de manière plus lointaine, généralement en Asie (Inde, Pakistan, etc.) et ce, pour des raisons de coût de main-d’œuvre: on n’est pas compétitifs.
Cette industrie est donc embryonnaire en France. Que faudrait-il pour la développer ?
Trois conditions : la première, avoir des marchés demandeurs – qu’ils soient incités à insérer des matières recyclées dans leurs produits. L’inconnue, ce n’est pas tant la faisabilité technique, mais les marchés, qui ne sont pour l’instant pas très demandeurs.
La seconde condition : que les calculs d’impact environnemental des procédés de recyclage (pour le moment mesurés uniquement en laboratoire) soient disponibles. On n’a pas encore les résultats des bilans de l’impact environnemental de ces nouvelles technologies à l’échelle industrielle, on les aura plutôt fin 2024, quand les unités seront construites et qu’on verra la consommation d’électricité, l’impact des solvants pour le recyclage chimique des matières synthétiques, etc.
La troisième enfin, qu’on ait les moyens d’industrialiser. La Bpi (Banque publique d’investissement BpiFrance, NDLR) et l’Ademe (Agence de la transition écologique, ndlr) ont notamment annoncé des fonds. On est optimistes.
Quand on met nos vêtements dans des bacs de collecte, on a l’impression qu’une partie sera recyclée en matière brute pour refabriquer de nouveaux vêtements. Qu’en est-il vraiment ?
Le fil, c’est ce qui est le plus compliqué à refaire. La particularité des déchets textile, c’est leur immense variété. On a plus de 500 compositions de matières différentes et même, pour 20% de ce qui est collecté, on ne sait pas ce qu’il y a dedans, il faut aller en laboratoire pour analyser ces matières.
Toute la difficulté, c’est que les matières sont très mélangées et que c’est donc compliqué de les séparer. Pour faire du fil, il faut isoler un gisement assez homogène. Tout le reste doit être recyclé autrement.
Un autre problème est le prix. Le prix de la matière recyclée reste pour l’instant trop haut par rapport à la matière vierge. Aujourd’hui, la part du recyclage destinée à refaire du fil est très faible, cela représente près de 1% en France. Mais plusieurs acteurs français investissent pour développer cette filière du recyclage du fil à fil.
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