Le gouvernement travaille sur un nouveau dispositif afin d’inciter les Français à travailler plus longtemps. Convoqués mercredi pour un bilan à mi-parcours sur la réforme des retraites, les partenaires sociaux attendent que le gouvernement lève enfin le voile sur ses intentions avant d’aborder de nouveaux sujets sensibles, dont celui de l’âge de départ.
« Que le gouvernement sorte du bois » : le secrétaire général de Force Ouvrière, Pascal Pavageau, a donné le ton lundi, à deux jours de la rencontre prévue au ministère des Solidarités.
Avec neuf autres organisations de salariés, de chefs d’entreprises (Medef, CPME, U2P) et d’agriculteurs (FNSEA), son syndicat doit être reçu par la ministre Agnès Buzyn et le Haut commissaire à la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye, sous réserve que le remaniement ne bouscule l’agenda gouvernemental.
Les grandes lignes du projet d’Emmanuel Macron sont connues : un régime « universel » de retraites, à la fois « juste » et « transparent », visant « à remplacer la quarantaine de systèmes existants » d’ici 10 à 15 ans, comme il l’a rappelé en juillet.
Chaque euro cotisé y ouvrirait les mêmes droits pour tous, afin de mieux protéger « ceux dont les carrières sont hachées, instables, atypiques », notamment les femmes.
Évoquée depuis la campagne présidentielle, la piste d’un régime par points devrait être officiellement retenue mercredi, selon plusieurs syndicalistes interrogés par l’Agence France Presse (AFP).
Mais « c’est quoi la réforme par points ? », s’interroge M. Pavageau, pour qui « la retraite par points, c’est le travail sans fin ».
Un système « profondément inégalitaire »
Le leader de la CGT, Philippe Martinez, n’en pense pas moins : un système par points serait « profondément inégalitaire » et retarderait de fait l’âge de départ, fixé légalement à 62 ans dans la plupart des cas.
« On va vous dire, vous pouvez partir à 62 ans, mais si vous n’avez pas les moyens de vivre, vous allez donc continuer à travailler pour avoir plus de points », prédit-il, expliquant que « la finalité, c’est que vous allez partir à 65, 67 ans ».
Ce dossier fait justement partie des premiers thèmes soumis aux partenaires sociaux pour la deuxième phase de concertation, avec la durée de cotisation, la prise en compte des carrières longues ou des primes des fonctionnaires.
Après la polémique sur les pensions de réversion au printemps, ces sujets sont d’autant plus sensibles que l’exécutif doit déjà faire face à la grogne des retraités actuels, pas concernés par cette réforme mais échaudés par la baisse de leur pouvoir d’achat.
D’autres voix sont pour un départ plus tardif
Mais d’autres voix se sont prononcées en faveur d’un âge de départ plus tardif, vers 63 ans voire au-delà. Le Medef défend ainsi un système de bonus-malus poussant à travailler plus longtemps, sur le modèle de ce qui a déjà été décidé pour les retraites complémentaires des salariés du privé (Agirc-Arrco), tandis que des sénateurs ont tout bonnement proposé un report de l’âge légal.
Avant son élection, le candidat Macron avait fait valoir que sur les retraites, « l’enjeu n’est pas de repousser l’âge ou d’augmenter la durée de cotisation », selon son programme.
M. Delevoye a de son côté avancé l’idée que chacun puisse « choisir l’âge de son départ à la retraite, à partir d’un âge pivot dont il conviendra de débattre ».
Dans un tweet lundi soir, il assure que « l’âge minimum de départ à la retraite restera à 62 ans, conformément à l’engagement du président ».
Le Haut commissaire a multiplié les rencontres avec les syndicats et le patronat depuis le lancement officiel de la concertation en avril.
Mercredi, « on fera un bilan des six premiers mois et on fixera le calendrier des six prochains », s’est-il contenté d’expliquer, sans remettre en cause pour l’instant l’objectif fixé par le chef de l’État, qui veut que la future loi soit « votée dans le premier semestre » 2019.
D. S avec AFP
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