Un gouvernement provincial chinois prévoit d’envoyer des enseignants « politiquement corrects » pour éduquer les élèves de Hong Kong et de Macao, ce qui provoque la colère des internautes de ces territoires.
Ces deux territoires sont d’anciennes colonies européennes qui sont revenues sous domination chinoise, respectivement en 1997 et 1999, Pékin ayant promis de préserver leur autonomie et leurs libertés essentielles.
La nouvelle arrive au moment où Pékin a annoncé qu’il allait promulguer une loi sur la sécurité nationale à Hong Kong, suscitant l’inquiétude locale quant au fait que cette proposition permettrait à Pékin de réprimer la dissidence.
Les internautes ont été scandalisés d’apprendre que le système éducatif chinois s’infiltrait dans leurs écoles locales par le biais de tels arrangements.
En fait, il y a plus de quinze ans que le régime chinois a envoyé des enseignants pour éduquer les étudiants à Hong Kong. Le programme est financé par les contribuables de Hong Kong, mais le matériel pédagogique est décidé par Pékin.
HONG KONG : CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR
Ordre de recrutement du Hunan
Un document interne a été largement diffusé sur l’internet chinois à la fin du mois de mai. Il a été diffusé par le département de l’éducation de la province du Hunan à ses antennes locales, les bureaux de l’éducation des villes de Changsha, Hengyang, Zhuzhou et Chenzhou.
Le 26 mai, plusieurs médias de Hong Kong ont cité des fonctionnaires de Hong Kong, qui ont confirmé la véracité du document.
Il ordonnait le recrutement d’enseignants dans les écoles locales pour enseigner dans les écoles maternelles, primaires, secondaires et les lycées de Hong Kong et de Macao. Les bureaux de l’éducation des deux territoires décideraient où les enseignants seraient affectés.
Le document Hunan a attiré l’attention à Hong Kong en raison de ses critères concernant les enseignants, les coûts du programme et le contenu qu’ils allaient enseigner.
« Les enseignants doivent avoir une opinion politique solide », peut-on lire dans le document. « Premièrement, les enseignants doivent adhérer au principe ‘un pays, deux systèmes’ et aimer le pays », poursuit-il. Pékin a promis de maintenir l’autonomie de Hong Kong et de Macao dans ce cadre après le retour des territoires à la souveraineté chinoise. Mais ces dernières années, le régime chinois a invoqué ce principe pour justifier un empiétement croissant sur les territoires.
Dans le cadre de ce programme, les enseignants resteront à Hong Kong et Macao pendant un an. En cas de besoin, la durée peut être prolongée, mais elle ne peut dépasser deux ans.
Les instructeurs sont recrutés dans des écoles publiques de Chine continentale. Le document demande que les écoles de Chine continentale conservent les postes de ces enseignants.
« Les écoles publiques doivent payer le salaire et l’allocation de l’enseignant [lorsque l’enseignant travaille à Hong Kong et à Macao] […] Chaque mois, le Bureau de l’éducation de Hong Kong ou le Bureau de l’éducation et de la jeunesse de Macao paiera à chaque enseignant au moins 30 000 HK$ ou patacas de matao [soit environ 3 404 € ou 3 307 €] au titre des frais de subsistance. En plus de cela, Hong Kong ou Macao organisera le logement des enseignants ou fournira des subventions de location », indique le document.
Les enseignants du continent observeront et formeront les instructeurs à Hong Kong et à Macao, et évalueront leur matériel pédagogique.
La coopération entre Pékin et Hong Kong
En fait, les autorités de Pékin ont lancé en 2005 un « programme d’échange et de collaboration entre les enseignants du continent et de Hong Kong », qui invite les enseignants du continent à former des enseignants de Hong Kong.
Le Bureau de l’éducation de Hong Kong a indiqué sur son site officiel que le programme couvrait d’abord les écoles primaires et secondaires. En 2007, le programme a été étendu aux jardins d’enfants et aux écoles maternelles.
Plusieurs gouvernements provinciaux sélectionnent régulièrement des enseignants à envoyer à Hong Kong. Dans toutes leurs annonces officielles, le premier critère des enseignants sélectionnés est le même : être politiquement correct, c’est-à-dire suivre la politique du Parti sur Hong Kong.
Le 27 avril 2015, le département de l’Éducation de la province du Shanxi a publié un avis à l’intention de chaque ville de la province ainsi que de trois universités qui forment les enseignants. Le département enverra cinq enseignants à Hong Kong et six à Macao. Le premier critère pour les enseignants était « d’avoir de bonnes compétences politiques ».
Le département de l’éducation de la province de Hainan a publié son avis de recrutement d’enseignants pour Hong Kong et Macao en mai 2019, dans lequel il demande que les enseignants doivent « avoir une position politique ferme […] soutenir les politiques du gouvernement central sur Hong Kong et Macao, et être membres du Parti communiste chinois. »
Le département de l’éducation de la province du Sichuan a également publié un avis similaire le 8 avril 2020, déclarant que les enseignants doivent « adhérer à la politique ‘un pays, deux systèmes’ et aimer notre pays. »
Les Hongkongais ont déjà protesté contre les tentatives de Pékin de lancer un programme d’éducation morale et nationale controversé en 2012, qui proposait d’enseigner aux étudiants que « les Hongkongais sont Chinois et devraient se consacrer à la Chine [République populaire de]. »
Les Hongkongais craignaient que ce programme ne constitue un lavage de cerveau politique. Le gouvernement de Hong Kong a finalement abandonné ce projet.
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