Ceci n’est pas que la question rhétorique que chacun peut se poser quand il s’agit de prédire le futur des dictatures. Se demander si le régime chinois peut encore tenir debout est d’un degré d’actualité qu’on ne retrouve pas lorsqu’on s’interroge sur les problèmes cardiaques du dirigeant nord‑coréen Kim‑Jong Un. Car lorsque, au dernier jour du Congrès du Parti communiste chinois est mise en scène l’expulsion de l’ancien président chinois Hu Jintao devant les caméras de la presse internationale, on sait que la guerre dans le Parti va prendre un nouveau tournant et pourrait conduire à son auto‑destruction.
Ce samedi 22 octobre, 2300 délégués communistes assistaient donc à Pékin à la journée de clôture du Congrès du Parti communiste chinois. Celui‑ci a, évidemment, confirmé la main‑mise de Xi Jinping sur le pouvoir chinois pour les cinq années à venir. Un nouveau Comité Central de 200 membres a été nommé dans un « show » bien rôdé d’unanimité enthousiaste. L’actuel Premier ministre Li Keqiang ne fait pas partie des élus. Autrement dit, ce protégé de l’ancien président Hu Jintao est mis à la retraite d’office. À Pékin, chacun a bien suivi son script, ce qui permet à Xi Jinping d’atteindre un statut proche de celui de Mao Zedong. Comme ce dernier en son temps, Xi Jinping a ainsi fait inscrire dans la charte du Parti communiste les slogans des « deux socles et deux protections » qui donnent un rôle central à sa pensée sur « le socialisme aux caractéristiques chinoises pour la nouvelle ère » et rendent sa présence indispensable pour « sauvegarder l’autorité centrale du Parti ».
Tout le monde voit donc, avec ces signaux et avec ce troisième mandat, le pouvoir de Xi Jinping arriver au niveau du grand timonier, celui d’un « leader suprême » et inattaquable.
Dans ce contexte, la sortie sous escorte de Hu Jintao n’est bien sûr pas accidentelle. L’agence officielle Xinhua explique que l’ancien dirigeant « ne s’est pas senti bien pendant la session ; son personnel, pour sa santé, l’a accompagné dans une salle à côté du lieu de la réunion pour se reposer ». Plusieurs médias occidentaux reprennent cette ligne de discours en rappelant le grand âge, 79 ans, de M. Hu et ses rares apparitions en public, signe supposé d’une santé fragile.
Cette thèse ne tient pas : un Congrès du Parti communiste est répété jusque dans les moindres détails, la scénarisation y est totale. Ce script n’aurait pu changer que si Hu Jintao avait perdu connaissance – or on le voit refuser de partir, tenter de parlementer, au point que le personnel de sécurité doit le soulever pour le forcer à se lever. Avant de quitter son siège, Hu Jintao tente de saisir un dossier sur la table, que Xi Jinping bloque avec sa main. Que contenait ce dossier ? Le moment du départ de Hu Jintao, quelques instants à peine après que les caméras de la presse internationale ont été autorisées à filmer, est de manière évidente et comme habituellement une mise en scène réfléchie, ici à destination de la presse internationale : « Le tout‑puissant Xi Jinping » fait place nette, efface le passé, et est capable dans une même journée de faire disparaître, à sa droite le Premier ministre Li Keqiang, à sa gauche l’ancien leader du Parti Hu Jintao.
L’objectif le plus évident de cette scène est de cultiver l’apparence de la puissance, tout comme l’ont fait les menaces renforcées vis‑à‑vis de Taïwan pendant le Congrès. Les factions opposées à Xi Jinping sont‑elles à terre comme beaucoup le disent ? On n’a pourtant jamais tant besoin d’afficher de la puissance que lorsqu’on est affaibli ; le Parti communiste chinois joue aujourd’hui plus que jamais sa survie : la période Covid a montré au monde entier (et même aux Européens) qu’il ne pouvait être considéré comme un partenaire fiable. Sa gestion des confinements a mis le moral de la population à zéro, l’économie du pays ralentit en même temps que les pays occidentaux réalisent qu’ils doivent compter sur eux‑mêmes pour produire les biens essentiels. Il est accusé de génocides jusqu’au Parlement français, pourtant roi du compromis silencieux. Dans le contexte hyper‑contrôlé de la préparation du Congrès, des banderoles anti‑communistes ont été affichées dans Pékin et relayées sur les réseaux sociaux partout dans le monde… C’est une atmosphère de fin de règne.
Pour lire correctement le régime chinois, une règle simple s’applique : plus il tente d’afficher la force, plus il est en réalité faible. Plus il tente d’afficher leadership et unité, plus il est en réalité divisé. Les menaces contre Taïwan ne sont que la fuite en avant nécessaire pour détourner l’attention des Chinois et éviter un soulèvement populaire qui renverserait le régime. Xi Jinping a prévenu lors du congrès de l’arrivée de « dangereuses tempêtes » contre lesquelles il faudrait déployer une politique sécuritaire absolue. Il parlait sans doute de son propre peuple.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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