Pourquoi regretter est une perte de temps

Par Nancy Colier
21 octobre 2017 18:57 Mis à jour: 7 juin 2021 15:53

Le regret est un sujet sur lequel on se penche beaucoup en en thérapie. C’est avec colère, tristesse, critique de soi et déception que les gens parlent des choix qu’ils ont faits, de ceux qu’ils auraient aimé ne pas avoir faits et de la façon dont leurs « mauvais » choix ont créé leur malheur, de la façon dont ils sont responsables de la ruine de leur propre vie. Ils ont lutté avant de prendre les décisions qu’ils ont prises, mais sans obtenir les résultats qu’ils voulaient.

Pour beaucoup de gens, il existe la perception que la vie est comme un labyrinthe, un puzzle préexistant qui existe quelque part en-dehors d’eux-mêmes. Ils sont ensuite insérés, pourrait-on dire, dans ce labyrinthe. Certains tournants (ou choix) les conduiront au bonheur et d’autres les conduiront à un chemin bloqué ou pire, dans la rivière du désespoir. Une bonne vie les attend, ils l’auront si, et seulement si, ils ne font que les bons choix le long du chemin. Mais s’ils font certains mauvais choix ou si les cartes qu’on leur distribue sont d’une certaine nature, ils ne sauront pas ce qui aurait pu ou aurait dû leur appartenir, ce qui était à leur disposition.

Beaucoup de gens s’imaginent qu’il y a un bon et un mauvais choix à faire dans chaque situation. Si leur décision mène au résultat qu’ils désirent, alors ils ont pris la bonne décision. Si ce n’est pas le cas, ils ont pris la mauvaise décision. Le bien et le mal sont déterminés par le résultat qui suit. Comme dans un jeu télévisé, la porte numéro un a raison, elle livrera le voyage à Hawaii tandis que la porte numéro deux s’ouvrira pour révéler un simple éventail à 1,99 €.

(Sergey Nivens/Shutterstock)

Cette attitude envers nos choix ainsi que cette version de la vie sont une foutaise.

Pour chaque choix que nous faisons, nous utilisons l’expérience, les informations et les intentions dont nous disposons au moment précis où nous faisons le choix. Nous prenons la décision que nous prenons pour tenter d’atteindre l’objectif que nous désirons avec les ressources que nous possédons maintenant. La vie se déploie et surgit alors comme elle le fait ; elle devient ce qu’elle est en partie par notre choix et en partie par le mystère avec lequel elle se manifeste, mystère qui semble parfois plus grand que tous nos choix. La vérité est qu’il n’y a aucune réalité qui existe ailleurs et qui dit : « Bon sang, vous n’allez pas nous rejoindre ici dans cette vie heureuse où vous auriez pu finir si vous aviez fait le bon choix et choisi l’autre chemin ! » Cette réalité particulière, qui serait venue si nous avions fait l’autre choix, n’a jamais été et ne sera jamais une réalité.

Nous voulons diviser qui nous sommes, les choix que nous faisons et la vie qui s’ensuit en trois choses différentes, mais ce n’est en fait qu’une seule chose, une réalité sans faille et inséparable.

Grâce à chaque choix que nous faisons, nous changeons, nous devenons quelqu’un de différent. Qui sommes-nous ? C’est la distillation de toutes nos expériences. Chaque décision que nous prenons nous présente des défis et des dons différents. Parfois, les défis sont plus grands que ce que nous percevons comme des cadeaux, et parfois c’est l’inverse. Qui que nous devenions à la suite de ces défis et de ces dons, c’est la bonne personne à devenir, celle que nous sommes censés devenir, la seule personne que nous puissions jamais devenir parce que c’est la seule réalité qui puisse exister, celle qui existe.

(Lightspring/Shutterstock)

Chaque choix que nous faisons est le bon choix, qu’il nous mène ou non au résultat souhaité. C’est le choix que nous avons fait à cette époque avec l’intelligence, l’histoire, les blessures, le conditionnement, les relations et tout ce que nous possédions et que nous étions à l’époque. Bien qu’il puisse sembler que nous aurions pu choisir autre chose que ce que nous avons choisi, il s’agit d’une croyance tout à fait fausse qui engendre d’énormes souffrances. Le seul choix que nous aurions pu faire, c’est celui que nous avons fait précisément parce que c’est celui que nous avons fait. Si nous avions pu faire un choix différent, nous l’aurions fait. La vie n’aurait pas pu aller autrement que de la façon dont elle l’a fait. Dire que nous aurions pu choisir une voie différente, c’est imaginer que nous aurions pu être quelqu’un de différent de ce que nous étions à ce moment-là. Nous avons fait de notre mieux avec ce que nous avions à travailler ; même si nous pensions faire un mauvais choix au moment où nous l’avons fait, notre mieux était quand même de faire ce « mauvais » choix sachant que c’était « mauvais ».

Lorsqu’un choix que nous faisons aboutit à une situation indésirable, c’est le bon choix. Il nous a apporté déception ou souffrance. Bien qu’il n’ait pas créé ce que nous voulions, il nous a présenté les leçons à tirer de ce moment et l’occasion de devenir ce que nous sommes maintenant. C’est l’expérience qui est notre seule et unique vie possible en ce moment.

(ldutko/Shutterstock)

Au lieu de concentrer votre attention sur les choix que vous auriez dû faire ou sur la personne que vous auriez dû être lorsque vous avez fait ces choix, portez votre attention sur ce qui est ici pour apprendre et vivre. Plutôt que de déplorer la vie que vous auriez pu vivre si vous aviez fait des choix différents, plongez dans la vie que vous vivez, remarquez ce pour quoi vous êtes reconnaissant et aussi ce que vous voulez changer. Voyez ce que l’on peut apprendre dans la situation telle qu’elle est. Au lieu d’utiliser votre énergie pour vous torturer, pour vous infliger la haine de vous-même pour vos décisions passées, pardonnez-vous d’être qui vous étiez à ce moment-là. Rappelez-vous que peu importe comment cela se passait avec toutes les autres composantes incontrôlables de la vie, vos intentions étaient de vous apporter le bonheur. Restez de votre côté. Et surtout, au lieu de vous battre pour les choix que vous avez faits, offrez-vous de la compassion pour la déception, la souffrance ou toute autre désillusion qui soit venue avec la façon dont la vie a choisi de couler.

Il n’y a qu’une chose dont nous puissions être sûrs, et c’est que quelle que soit la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement, elle changera. Elle changera en partie par nos choix et en partie par la nature changeante éternelle de la vie. Plutôt que de gaspiller votre attention sur les vieux choix, les moments qui disparaissent, tournez votre don le plus puissant, votre attention, vers ce qui est ici et maintenant. Amenez le meilleur de vous, votre sagesse et votre pleine présence au prochain choix qui se présente ici avec une intention sincère de faire du mieux que vous pouvez avec qui vous êtes en ce moment. Soyez dans ce choix, cette vie, et cessez d’imaginer que la réalité pourrait être ou aurait pu être autre chose que ce qu’elle est.

Nancy Colier est psychothérapeute, ministre interconfessionnelle, conférencière, animatrice d’ateliers et auteur.

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