L’entrepreneur rémois estime que le bailleur social a voulu lui faire payer les déclarations qu’il avait faites dans la presse cet été pour dénoncer les conditions de vie d’une femme âgée et de son fils occupant un appartement du HLM de la rue Albert-Camus.
Tout commence le 18 juillet. Spécialisé dans l’installation d’éclairages LED avec détection, Henri Baetche doit intervenir dans un bâtiment du quartier Châtillons, à Reims.
Une fois devant l’immeuble, l’entrepreneur de 74 ans est interpellé par David Totaro, un homme en fauteuil roulant qui est bloqué au pied du bâtiment depuis la veille. Sorti acheté des médicaments pour sa mère, âgée de 86 ans et elle aussi en fauteuil, le quadragénaire n’avait pas pu rentrer chez lui à cause d’une panne d’ascenseur et avait dû passer la nuit dans sa voiture, l’appareil n’ayant pas été réparé entre-temps.
Une situation récurrente dans l’immeuble où les pannes d’ascenseur se multiplient.
Aidé par l’un de ses employés, Henri Baetche ramènera finalement M. Totaro au quatrième étage du bâtiment. Indigné par l’état de l’immeuble qui ne comporte qu’une seule entré et aucune rampe favorisant l’accès aux personnes handicapées, il décide de prévenir les médias locaux et pousse un coup de gueule dans les colonnes de L’Union dès le lendemain de son intervention.
« Jeudi [le 18 juillet, ndlr], je devais intervenir au 6, rue Albert-Camus, quartier des Châtillons, pour installer des leds avec détecteur, quand j’ai été interpellé par un homme en fauteuil roulant, qui était sur le trottoir. Il m’a demandé si je venais réparer l’ascenseur… On lui avait promis une intervention rapide et personne n’était venu. Du coup, il avait passé la nuit dans sa voiture ! Ce n’est pas mon travail, mais il était hors de question pour moi de le laisser comme ça ! », avait ainsi déclaré M. Baetche dans un article publié sur le site de L’Union le 19 juillet.
Secrétaire général de l’association des entrepreneurs du Grand Reims, Henri Baetche entreprend également de contacter Fatima El Haoussine, adjointe au maire en charge de la Ville.
À la suite de la médiatisation de l’affaire, le collectif Plus sans ascenseur, un mouvement dont l’objet consiste à sensibiliser les bailleurs sur la situation des habitants qui se retrouvent « prisonniers de leur appartement », et la société Axsol, spécialiste du matériel à destination des personnes à mobilité réduite, mettront au point un dispositif expérimental pour permettre aux usagers de faire face aux pannes.
« J’ai été puni, c’est inadmissible »
S’il avait l’habitude d’intervenir régulièrement dans les bâtiments gérés par l’organisme HLM Plurial Novilia, l’entrepreneur rémois n’a plus jamais été contacté depuis qu’il a dénoncé la situation dont David Totaro et sa mère étaient victimes.
Il estime avoir été victime de représailles de la part de l’organisme. « J’ai été puni, c’est inadmissible », a-t-il déclaré aux journalistes de France 3.
« Tout de suite après l’article, j’ai senti, je me disais que c’était bizarre, j’avais des choses à faire pendant l’été, et là il n’y avait plus rien à faire », a-t-il ajouté.
S’il admet qu’aucun contrat ne le liait à Plurial Novilia, Henri Baetche affirme qu’il « avait régulièrement des bâtiments à faire » depuis environ 4 ans.
« On a des chantiers qui sont prévus de longue date. Bon, ce sont des chantiers pour lesquels on a juste fait des devis, mais d’habitude, on sait que si on a fait le devis, on va forcément recevoir l’ordre de service. Et là, on ne reçoit plus rien », poursuit le septuagénaire.
Il y a quelques mois, il avait dénoncé la situation des personnes handicapées qui subissent les problèmes d’ascenseurs des HLM rémois. Depuis, il estime être victime de représailles https://t.co/Wj9aljillH
— France 3 Champagne-Ardenne (@France3CA) September 20, 2019
« C’est la première fois que je vois la méchanceté des gens comme ça »
Des chantiers en prévision desquels l’entrepreneur avait acquis du matériel : « Moi, j’ai payé le stock. Maintenant, j’en fais quoi ? »
« Ça n’est pas une histoire d’argent. Ça n’est pas du financier dont il faut parler. Le problème, c’est qu’on punisse les gens parce qu’ils ont fait leur devoir civique », précise toutefois Henri Baetche.
Si la mère de David Totaro bénéficie désormais d’un nouveau logement dans le quartier des Épinettes, à l’autre bout de la ville, la situation ne semble pas satisfaire l’entrepreneur pour autant. « Là où ils l’ont mis, ils l’ont punie », assure-t-il.
« J’ai 74 ans et j’en ai vu d’autres, mais c’est la première fois que je vois la méchanceté des gens comme ça », déplore M. Baetche.
« Ce n’est pas l’idéal. Elle ne connaît personne et les toilettes et la cabine de douche ne sont pas adaptées. Sans compter qu’il n’y a aucun commerce à proximité », renchérit David Totaro.
« Pas de besoins identifiés en matière de travaux actuellement »
Contacté par les journalistes de France Télévision, Plurial Novilia a souligné l’absence de « relation contractuelle » entre l’organisme de logements sociaux et l’entreprise d’Henri Baetche, indiquant que ce dernier intervenait « de manière ponctuelle sur des travaux spécifiques ».
Le bailleur social précise également que l’entrepreneur n’a pas été missionné depuis l’été car « il n’y a simplement pas de besoins identifiés en matière de travaux actuellement ».
« En cas d’opportunité, Plurial Novilia se donne la possibilité de faire appel à ses compétences, comme pour l’ensemble des autres prestataires », conclut l’organisme HLM.
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