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« Reiwa » : un nom qui vénère l’harmonie pour la nouvelle ère du Japon

avril 1, 2019 10:40, Last Updated: avril 1, 2021 16:46
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L’ère impériale qui s’ouvre au Japon avec le règne de l’empereur Naruhito après l’abdication dans un mois de son père Akihito s’appellera « Reiwa », association de deux idéogrammes qui honorent l‘ »harmonie » porteuse d’espérance. « Cela évoque la naissance d’une civilisation où règne une harmonie entre les êtres », a précisé en conférence de presse le Premier ministre Shinzo Abe. 

« Le printemps vient après l’hiver sévère, ce nom veut marquer le début d’une période qui déborde d’espoir », a-t-il ajouté. L’expert en littérature japonaise Ryan Shaldjian Morrison de l’Université de Nagoya propose comme traduction selon lui la plus appropriée « vénérable harmonie », tout en signalant que le caractère « rei » peut avoir d’autres significations comme « ordre » ou « bien/beau/agréable ».

Le terme est tiré d’un court poème japonais « waka » faisant référence à la nature, extrait de la plus ancienne anthologie de poésie japonaise appelée Manyoshu, vieille de 1.200 ans.  « C’est la première fois qu’il s’agit d’un terme issu de textes japonais » et non chinois, a précisé le chef du gouvernement, souvent qualifié de nationaliste, se disant « fier de la longue histoire du Japon ».

L’appellation de cette ère, dont la révélation est en soi un événement historique pour les Japonais, est le résultat d’une réflexion de plusieurs mois entre experts, personnalités d’origines diverses et dirigeants politiques. « C’est un nom magnifique qui convient parfaitement pour ouvrir une nouvelle ère », a commenté devant les caméras de la chaîne publique NHK le prix Nobel de médecine, Shinya Yamanaka, qui faisait partie des neuf membres du comité de personnalités.

L’annonce, diffusée en direct sur toutes les chaînes de télévision et sur des écrans publics, a été faite vers 11H40 (02H40 GMT) par le secrétaire général et porte-parole du gouvernement, Yoshihide Suga, qui a brandi devant les caméras un document encadré sur lequel étaient calligraphiés les kanjis (idéogrammes) choisis. Une heure après, des éditions spéciales (« gogai ») gratuites des grands journaux (Asahi, Mainichi, Sankei, etc.) étaient distribuées aux abords de gares, les passants se les arrachant littéralement dans une dangereuse bousculade.

« C’est différent des autres fois, c’est historique, c’est pour cela que j’ai amené mon fils pour qu’il attrape une édition spéciale, c’est une expérience qu’on ne vit que très rarement. Il n’a que huit ans et est déjà entre deux ères », a expliqué M. Nagayama, papa de Manato, un peu inquiet parce qu’il ne sait pas encore écrire les deux idéogrammes retenus.  Reiwa, « la sonorité est jolie et le sens que l’on ressent à la lecture est très doux, c’est un très bon choix je pense. Je suis né en l’an Heisei 7 (1995), j’ai 24 ans et je suis enthousiaste pour la prochaine ère », a réagi Shun Fujimoto, qui s’est aussi précipité sur une édition spéciale.

Le nom d’ère est utilisé dans de nombreux documents administratifs et les dates de naissance sont le plus souvent exprimées ainsi. « J’espère que ce jour ouvrira une ère nouvelle où tout le monde unira ses forces pour un monde meilleur », a renchéri un autre jeune homme, Hayato Kato, 26 ans.

C’est la deuxième fois qu’un nom d’ère est annoncé de la sorte: la précédente, était en janvier 1989 pour l’ère Heisei (« parachèvement de la paix »), après le décès de l’empereur Hirohito (aussi appelé empereur Showa, du nom de son ère). L’ambiance était alors triste, car le peuple était en deuil. Cette fois, c’est au contraire une atmosphère de « matsuri » (fête) et les commerces exploitent déjà le filon des promotions spéciales et produits dérivés portant les deux idéogrammes.

A la minute même de l’annonce, les imprimeurs ont lancé les presses pour sortir immédiatement des calendriers exceptionnels portant le nom de la nouvelle ère et débutant comme elle le 1er mai 2019.  Le nom Reiwa, 248e ère, accompagnera le règne de Naruhito, 126e empereur, qui débutera le 1er mai pour succéder à Akihito à qui il est revenu de signer le décret définissant l’appellation de la nouvelle ère. Après son abdication le 30 avril,  Akihito portera le titre d’empereur émérite, a précisé l’Agence de la Maison impériale.

C’est aussi la deuxième fois dans l’histoire que le gouvernement décide du nom de l’ère, un fait qui illustre bien l’esprit de la Constitution de 1947, où ce qui concerne la Maison impériale et l’empereur est régi par le gouvernement en place, le souverain n’ayant qu’un rôle de « symbole de l’Etat et de l’unité du peuple ». Les dernières propositions en lice avait été présentées vendredi au prince héritier et futur empereur Naruhito, mais l’avis de ce dernier importait peu car il n’a aucun pouvoir décisionnel en la matière.

Akihito, âgé de 85 ans, laissera le trône du chrysanthème un peu moins de trois ans après avoir signifié en août 2016 son intention de pouvoir se retirer de son vivant. C’est la première fois en deux siècles qu’un empereur japonais abdique. La loi sur la Maison impériale ne prévoit pas une telle disposition. Selon ce texte, révisé en 1947, le décès de l’empereur ouvre la succession. Dans le cas présent, une législation d’exception permet à Akihito et lui seul d’abdiquer.

D.C avec AFP

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