Rejugé en appel pour la mort de Narumi Kurosaki, Nicolas Zepeda change d’avocat

Par Epoch Times avec AFP
21 février 2023 13:18 Mis à jour: 21 février 2023 19:31

Le procès en appel du Chilien Nicolas Zepeda, pour la mort en 2016 de son ex-petite amie japonaise Narumi Kurosaki, s’est ouvert mardi à Vesoul sur un coup de théâtre : l’accusé a changé d’avocat, reportant l’audience à jeudi.

Nicolas Zepeda, condamné l’an dernier en première instance à 28 ans de prison pour assassinat, devait à l’origine être défendu par un ténor du barreau, Antoine Vey, ex-associé d’Éric Dupond-Moretti, l’actuel ministre de la Justice.

Mais selon une lettre du conseil adressée au président de la cour d’assises, François Arnaud, et lue par ce dernier à l’audience, Me Vey a été récusé le 18 février par le Chilien.

L’audience a été suspendue afin que l’accusé, polaire noire et chemise vert sombre, s’entretienne avec deux avocates commises d’office, Emmanuelle Huot et Catherine Bresson, désignées par le président de la cour d’assises d’appel.

À la reprise de l’audience, le président Arnaud a annoncé un report du procès à jeudi, l’accusé ayant fait savoir qu’il avait finalement choisi un autre avocat : Renaud Portejoie. Cet avocat clermontois est connu pour avoir défendu Cécile Bourgeon, condamnée à 20 ans de réclusion criminelle pour avoir donné la mort à sa fille Fiona en 2013.

Interrogées par l’AFP, les deux avocates ont indiqué que le report de l’audience à jeudi devait permettre à Me Portejoie de préparer la défense de l’accusé.

« Ce procès en appel aura lieu à un moment ou un autre »

« Ça fait un an que l’appel est prévu, ça fait un an qu’il a le choix d’un nouvel avocat », s’est agacé lors de la suspension Randall Schwerdorffer, avocat d’une des parties civiles.

La mère et deux sœurs de Narumi ont fait le déplacement depuis le Japon.

Sylvie Galley, l’avocate de l’étudiante japonaise assassinée Narumi Kurosaki, en compagnie des membres de la famille. (SEBASTIEN BOZON/AFP via Getty Images)

« On est presque dans une volonté de ne pas assumer le procès aujourd’hui mais de toute façon, que Monsieur (Zepeda) soit d’accord ou pas, ce procès en appel aura lieu à un moment ou un autre », a ajouté Me Schwerdorffer.

Pas moins de 31 médias, dont des chiliens et des japonais, sont accrédités pour suivre ce procès hors norme devant la cour d’assises d’appel de la Haute-Saône, qui devait en principe durer deux semaines.

La nouvelle posture de l’accusé reste la principale inconnue

Jugé pour l’assassinat en décembre 2016 de Narumi Kurosaki, alors âgée de 21 ans, Nicolas Zepeda, 32 ans, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

En avril dernier, les assises du Doubs l’avaient condamné à 28 ans de réclusion. M. Zepeda a fait appel de ce verdict et est donc présumé innocent.

La position qu’il compte adopter lors de ce second procès demeure à ce stade la principale inconnue. Se dira-t-il toujours innocent ? Ou livrera-t-il une autre version des faits ?

L’accusé, Nicolas Zepeda, de nationalité chilienne, au palais de justice de Besançon, le 29 mars 2022. (PATRICK HERTZOG/AFP via Getty Images)

En première instance, il avait été défendu par Jacqueline Laffont qui avait, selon ses propres termes, terminé le premier procès « très éprouvée ».

Lors d’une audience à haute tension, alors que son client était soumis à un feu roulant de questions, elle avait semblé lui tendre la main pour d’hypothétiques aveux.

Vacillant, l’accusé était malgré tout resté cramponné à sa position : « Je n’ai pas tué Narumi ! Moi aussi je veux savoir ! », avait-il crié, en larmes et tapant du poing.

Un faisceau de preuves « rarissime »

Arrivée à Besançon à l’été 2016 pour y apprendre le français, Narumi Kurosaki avait rompu avec Nicolas Zepeda après l’avoir rencontré lorsqu’ils étudiaient au Japon.

Sans la prévenir, l’amoureux éconduit était venu la retrouver à Besançon et avait passé avec elle la nuit du 4 au 5 décembre 2016. Cette nuit-là, dans la résidence universitaire, des témoins disent avoir entendu des « hurlements de terreur » et un bruit sourd « comme si on frappait ». Depuis, plus personne n’a revu Narumi.

Son corps n’a jamais été retrouvé.

Dans ses réquisitions de première instance, l’avocat général Étienne Manteaux, de nouveau en charge de l’accusation à Vesoul, avait pointé un faisceau de preuves « rarissime » (témoignages, téléphonie, géolocalisation de la voiture louée par l’accusé…).

Pour le magistrat, le Chilien n’a pas supporté la rupture imposée par Narumi, il l’a étouffée ou étranglée avant d’immerger son corps dans le Doubs, près de Dole (Jura). Un crime prémédité selon M. Manteaux, qui avait requis la perpétuité.

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