Jeudi 1er juillet, Assa Traoré a été relaxée des poursuites en diffamation intentées par des gendarmes qu’elle avait accusés d’avoir causé la mort de son frère Adama en juillet 2016, après son interpellation à Beaumont-sur-Oise en Val d’Oise.
Trois ans après le décès d’Adama Traoré, sa sœur Assa avait publié en juillet 2019 sur Facebook une tribune intitulée « J’accuse ».
Dans une référence à la formule d’Émile Zola, elle citait les noms de plusieurs gendarmes et les accusait dans une anaphore « d’avoir tué son frère Adama Traoré en l’écrasant avec le poids de leurs corps », « de ne pas (l’)avoir secouru » et « d’avoir refusé de (le) démenotter en affirmant qu’il simulait ».
« Je ne veux pas qu’Assa #Traoré soit un exemple pour mes enfants »
– Didier Bourdon ? pic.twitter.com/0xnbE5GZIi— Cheeper©️ (@CheeperOff) June 30, 2021
Dans sa décision, le tribunal considère que les « propos présentent bien un caractère diffamatoire » mais que « les critères de la bonne foi dont se prévaut la prévenue sont réunis ».
Pour la 17e chambre du tribunal, « l’excès du propos tenu par Assa Traoré, sur un ton provocateur, et la force des accusations portées contre les gendarmes alors même qu’ils n’étaient ni jugés ni mis en examen doivent nécessairement être appréhendés à la lumière des circonstances de leur publication et du combat personnel et militant ainsi mené par la prévenue ».
Assa Traoré relaxée dans son procès pour diffamation contre des gendarmes, «un curieux accommodement de la justice» selon l’avocat des parties civiles pic.twitter.com/bdt03JnRCB
— Figaro Live (@Figaro_Live) July 1, 2021
« Totale incompréhension » pour les avocats des gendarmes
Une décision qualifiée de « déception » et qui « relève d’une totale incompréhension » pour les avocats des gendarmes mis en cause dans la tribune. « La bonne foi d’Assa Traoré, retenue sur une motivation éminemment politique pour la relaxer du délit de diffamation, ne signe absolument pas une vérité de ses propos », écrivent Sandra Chirac Kollarik et Rodolphe Bosselut, dans un communiqué de presse. Ils ont déclaré interjeter appel de la décision.
Avocat d’une autre gendarme qui s’est portée partie civile dans le procès, Thibault de Montbrial a estimé que la décision était « un accommodement envers Madame Traoré ». « À partir d’aujourd’hui en France, quiconque aura un combat personnel et militant contre la police, les institutions, la justice, pourra aller dire absolument n’importe quoi sans encourir de foudres judiciaires », a-t-il fustigé.
Les deux jours d’audience avaient été l’occasion pour Assa Traoré et le collectif « La Vérité pour Adama », créé à la suite de sa mort, de débattre des causes du décès.
En juillet 2016, Adama Traoré, un jeune homme noir de 24 ans, est décédé dans la caserne de Persan près de deux heures après son arrestation dans sa ville de Beaumont-sur-Oise, au terme d’une course-poursuite un jour de canicule. Depuis ce jour, sa famille se bat pour voir les gendarmes sur le banc des accusés.
« Atteinte à la présomption d’innocence »
Depuis cinq ans, des juges d’instruction tentent de déterminer les causes de ce décès, s’appuyant sur des expertises médicales dont les conclusions divergent sur la responsabilité des gendarmes, qui ne sont pas mis en examen à ce stade.
En février, les gendarmes ont obtenu une condamnation d’Assa Traoré par la cour d’appel de Paris, devant laquelle ils l’attaquaient au civil pour « atteinte à la présomption d’innocence ».
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