Remaniement: à gauche toute ?

Par Julian Herrero
23 juillet 2023 13:00 Mis à jour: 23 juillet 2023 14:02

Jeudi 20 juillet était annoncée la composition du futur gouvernement. Sans surprise, Marlène Schiappa et Pap Ndiaye ont été priés de faire leur valise. Certains noms, notamment ceux d’Aurélien Rousseau (Santé), de Thomas Cazenave (Comptes publics), et la promotion de Gabriel Attal (Éducation) confirment le virage à gauche opéré par Emmanuel Macron en mai 2022 avec la nomination d’Élisabeth Borne à Matignon. Cependant, si le parcours de ces nouveaux membres de l’équipe gouvernementale est marqué à gauche, les politiques mises en œuvre par ces derniers pourraient être bien différentes.

Marqué à gauche, comme le précédent gouvernement, mais… 

Depuis sa réélection, Emmanuel Macron gouverne le pays en mettant l’accent sur des femmes et des hommes issus des rangs de la gauche. Le choix d’Élisabeth Borne au poste de Première ministre en mai 2022, incarne une rupture, après deux chefs de gouvernement venus de la droite LR : Édouard Philippe et Jean Castex. Pour la première fois, le chef de l’État nomme à Matignon une personnalité politique qui a débuté sa carrière au Parti socialiste. Les ministres nommés par la suite incarnent aussi une rupture avec les gouvernements d’Édouard Philippe et de Jean Castex. Rima Abdul Malak (conseillère de l’ancien maire de Paris, Bertrand Delanoë entre 2012 et 2014) est nommée ministre de la Culture, succédant ainsi à l’ex-ministre UMP Roselyne Bachelot. L’ex-conseillère économique de François Hollande, Laurence Boone, devient secrétaire d’État chargée de l’Europe. Pap Ndiaye, certes non encarté, mais tout de même intellectuel très à gauche, devient ministre de l’Éducation nationale, succédant à Jean-Michel Blanquer, que l’on situerait plutôt à la droite de l’échiquier politique.

Le récent remaniement confirme la tendance de gauche du second quinquennat d’Emmanuel Macron. L’ancien soutien de Dominique Strauss-Kahn, Gabriel Attal est promu ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. L’ex-communiste et proche de Bertrand Delanoë, Aurélien Rousseau, remplace François Braun au ministère de la Santé et de la Prévention. L’ancien secrétaire général adjoint de l’Élysée sous François Hollande, Thomas Cazenave rejoint les comptes publics et l’ex-élu PS puis maire divers gauche de Dunkerque, Patrice Vergriete, remplace Olivier Klein au logement.

…les politiques mises en œuvre pourraient être différentes

Attention cependant de ne pas confondre le parcours des membres du gouvernement et l’action qu’ils vont devoir mener. Qu’un ministre soit de gauche ou en vienne ne garantit en rien la mise en œuvre de politiques socialo-communistes. La Première ministre et son ministre du Travail, Olivier Dussopt sont bien placés pour le savoir. Les deux ex-socialistes ont porté et défendu contre vents et marées la réforme des retraites, historiquement marquée à droite.

La prise de parole d’Emmanuel Macron, avant le Conseil des ministres, ce vendredi 21 juillet, est aussi révélatrice des politiques que les ministres vont devoir mettre en œuvre, et elles ne sont pas de gauche. Emmanuel Macron a en effet prononcé un discours qu’un certain nombre d’experts qualifieraient de « discours de droite » tant les mots choisis par le président de la République rappellent une intervention d’un cadre ou un élu LR.

« Travail et mérite », « Ordre républicain » et « Indépendance financière ». C’est avec ces mots que le chef de l’État a commencé son discours, avant de mettre l’accent sur la maîtrise de la dépense publique, si chère à la droite. « Nous aurons dès la rentrée à préparer le pays pour un cadre exigeant et l’ordre en matière de finances publiques » a-t-il déclaré. Autrement dit, le nouveau ministre en charge des comptes publics, Thomas Cazenave, bien qu’issu de la gauche, a pour feuille de route le sérieux en matière de dépenses publiques. Emmanuel Macron a aussi insisté sur « le besoin d’autorité », et peut compter sur le nouveau ministre de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, Gabriel Attal pour remettre l’autorité au cœur de l’éducation des jeunes Français. Gabriel Attal vient de la gauche, mais c’est un strauss-kahnien, un héritier de la deuxième gauche pensée par l’ancien Premier ministre socialiste, Michel Rocard en 1977. Une gauche attachée à la liberté et l’autorité, bien plus proche aujourd’hui de la droite LR que de l’extrême-gauche de Jean-Luc Mélenchon. Le jeune ministre l’a démontré lors de la passation de pouvoirs avec Pap Ndiaye, jeudi 20 juillet. « Nous devons remettre le respect de l’autorité et des savoirs fondamentaux au cœur de l’école » a affirmé Gabriel Attal, avant d’ajouter qu’il sera aux côtés des parents d’élèves et des enseignants si « on veut empêcher que notre histoire soit enseignée ». Ces propos annoncent une rupture avec son prédécesseur venu des milieux universitaires gauchistes, peu enclin à défendre l’autorité du professeur et l’enseignement de l’histoire de France.

Ce récent remaniement montre que depuis sa réélection, Emmanuel Macron opère un virage à gauche, mais seulement en termes de nominations. Les attentes du chef de l’État se trouvent de l’autre bord de l’échiquier politique.

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