Réouverture d’une station balnéaire de Chypre fermée depuis l’invasion turque en 1974

Par Epoch Times avec AFP
8 octobre 2020 17:00 Mis à jour: 8 octobre 2020 17:02

La station balnéaire chypriote en ruine de Varosha a été rouverte partiellement jeudi, 46 ans après l’invasion turque et la fuite de ses résidents chypriotes grecs, dans un geste unilatéral qui a provoqué colère et controverse à l’approche d’une élection chypriote turque.

Surnommée dans les années 1970 le « Saint-Tropez chypriote » pour son eau cristalline et ses soirées endiablées, Varosha est l’un des symboles de la division de Chypre et du statu quo dans les pourparlers en vue d’une réunification de l’île méditerranéenne.

Chypre est divisée en deux depuis l’invasion du tiers nord de l’île par l’armée turque en 1974 après un coup d’Etat visant à rattacher le pays à la Grèce.

Des soldats turcs déblayaient le secteur

Quelques centaines de personnes ont pénétré jeudi sous le contrôle de la police à Varosha, dans la banlieue de la ville portuaire de Famagouste, alors que des soldats turcs déblayaient le secteur, selon des journalistes de l’AFP sur place.

De nombreux visiteurs parmi lesquels des touristes étrangers filmaient avec leur téléphone les moindres détails d’un paysage de désolation, parsemé d’immeubles en ruines, certains posant devant des bâtiments laissés à l’abandon depuis 1974.

La réouverture partielle de Varosha, contrôlée par l’armée turque, avait été annoncée mardi à Ankara par le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le « Premier ministre » de l’autoproclamée République turque de Chypre-Nord (RTCN), Ersin Tatar.

A quelques jours d’une « présidentielle » dans cette partie de l’île

Elle intervient à quelques jours d’une « présidentielle » dimanche dans cette partie de l’île – dont les autorités ne sont pas reconnues par l’ONU.

M. Tatar, proche d’Ankara, se présente dans ce scrutin contre le « président » sortant de la RTCN, Mustafa Akinci, favori dans les sondages et en froid, lui, avec M. Erdogan.

-Une vue des bâtiments abandonnés de la zone touristique de Varosha, dans la zone clôturée de Famagouste, dans le nord occupé par la Turquie de l’île méditerranéenne divisée de Chypre, le 6 octobre 2020. Photo par Birol Bebek / AFP via Getty Images.

M. Akinci a vivement critiqué l’ouverture de Varosha.

« C’est une honte pour notre démocratie.  Ces mesures visent uniquement à favoriser un des candidats », a-t-il déclaré dès l’annonce de l’ouverture, qui a entraîné un retrait d’un des partis de la coalition au pouvoir en RTCN.

« combine pré-électorale »

La République de Chypre, pays membre de l’Union européenne et qui contrôle les deux-tiers sud de l’île, a « fermement » condamné la décision turque sur Varosha, la qualifiant de « combine pré-électorale ».

Chypre prône soit une restitution pure et simple de Varosha, soit son administration par l’ONU, qui surveille la zone tampon entre les deux parties de l’île.

En 1984, une résolution de l’ONU avait exigé le transfert de la ville aux Nations unies et son repeuplement par ses habitants d’origine.

L’invasion turque du tiers nord de Chypre en 1974 a provoqué la fuite des Chypriotes-grecs vers le sud. Si leurs maisons ont été progressivement occupées par des Chypriotes-turcs ou des Turcs, Varosha a été totalement fermée par l’armée turque, interdisant à quiconque d’y accéder.

Devenue une ville fantôme

La station balnéaire, qui comptait des dizaines de milliers d’habitants, est alors devenue une ville fantôme.

La réouverture de l’un des symboles de la division de Chypre constitue un nouveau sujet de contentieux qui risque de relancer les tensions entre Athènes et Ankara autour de l’exploration d’hydrocarbures en Méditerranée orientale.

Le président de la République de Chypre, Nicos Anastasiades, a dénoncé jeudi une décision « illégale et une violation flagrante du droit international et des résolutions, du Conseil de sécurité de l’ONU », affirmant avoir protesté auprès de l’ONU et de l’UE.

A Athènes, Stelios Petsas, porte-parole du gouvernement grec, a dénoncé jeudi « une violation des décisions du Conseil de sécurité de l’ONU,  et (une décision) contraire aux conclusions du sommet du Conseil de l’Europe ».

« La Turquie doit faire marche arrière. Sinon, la question sera soumise aux dirigeants de l’UE la semaine prochaine lors du Conseil européen des 15 et 16 octobre, par la République de Chypre et la Grèce », a-t-il mis en garde.

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