Rétablir le service militaire : utopie ou réalité ?

septembre 13, 2016 7:00, Last Updated: mai 2, 2017 20:46
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Paris. Saint-Denis. Nice. Saint-Etienne-du Rouvray. Depuis 18 mois, des attentats perpétrés par des Français, entre autres, sur d’autres Français, ont plongé la France dans la stupeur puis la crainte. La crainte d’être agressé mais aussi celle de voir disparaître les valeurs d’entraide, de citoyenneté et de cohésion sociale, poussant des jeunes, radicalisés ou non, à la dérive et aux actes extrêmes.

Alors, dès le lendemain des attentats de janvier 2015, un concept, bien connu des Français plus âgés, resurgissait du passé. Un plébiscite. Un sondage Ifop révélait que 80% des Français se disaient favorables à la création d’un nouveau service national. Hommes (81%) et femmes (78%) confondus, jeunes (67% chez les 18-24 ans), moins jeunes (69% des moins de 35 ans, 78% des 35-49 ans) et seniors (90%), quasi unanimes.

80% des Français se disaient favorables à la création d’un nouveau service national.

-Sondage Ifop

Au total, 40% des Français se disaient « tout à fait favorables » à un nouveau service national, « d’une durée de quelques mois » et « obligatoire pour tous les jeunes garçons et filles ». Selon l’Ifop, l’argument des personnes favorables était de « redonner à toute la jeunesse des repères et des valeurs communes mais aussi un sentiment d’appartenance à la collectivité nationale ».

Un objectif politique ?

Depuis, l’idée a fait son chemin et atteint maintenant des sphères plus politiques et électorales. Les candidats à la prochaine présidentielle semblent quasiment tous en faire leur cheval de bataille, pour ou contre. En officialisant sa candidature pour 2017 dans son « Projet France », Arnaud Montebourg (PS) a dévoilé son souhait de rétablir « un service national, civil et militaire » afin de non seulement lutter contre le terrorisme, mais aussi de « réapprendre la camaraderie » et « soulager nos forces armées ». Candidat aux primaires de droite et du centre, Nicolas Sarkozy (LR) a annoncé : « Je veux un service militaire obligatoire pour tous les décrocheurs ». L’ancien chef de l’État a précisé ainsi que « tout jeune de 18 ans qui n’aura pas d’emploi ou qui n’aura pas de formation se verra obligé de participer à un service militaire ». Marine Le Pen (FN) qui proposait déjà en 2012 un mois de service militaire à tous les jeunes, a revu son objectif à la hausse en 2016, avec maintenant six mois de service obligatoire. Pour François Bayrou (MoDem), « il faut des décisions très fortes qui permettent de sortir des ghettos, qui permettent aux gens de se rencontrer, de créer du contact entre des populations qui ne se parlent plus ». Alain Juppé (LR), autre candidat à la primaire de droite, a pris le parti de se démarquer, s’opposant au rétablissement du service militaire qu’il qualifie d’ailleurs, en tant que doyen des candidats, de « rêve d’octogénaire ».

Rétablissement ou alternatives

Lorsqu’en 1996, Jacques Chirac annonce la fin du service militaire, devenu service national depuis 1971, la situation géopolitique mondiale avait bien changé : la chute du mur de Berlin et la fin des tensions est-ouest s’accordaient avec une volonté économique de réduire les coûts humains au profit de matériel de pointe et d’une professionnalisation de l’armée. Aujourd’hui, la diminution importante des effectifs de l’armée (de 577 000 à 260 000 soldats) et de ses infrastructures, constituerait un frein important à toute volonté de remettre un service militaire au goût du jour. En outre, son rétablissement nécessiterait une dépense du ministère de la Défense estimée à environ 2 milliards d’euros par an.

Alors, faut-il rétablir le service militaire tel quel ou proposer une alternative telle que généraliser des dispositifs existant déjà ? Depuis 2010, existe le service civique, institué afin de permettre à « tous les jeunes qui le souhaitent, âgés de 16 à 25 ans, diplômés ou non, l’opportunité de s’engager, de donner de leur temps à la collectivité, tout en renforçant la cohésion nationale et la mixité sociale ». Quelques départements français proposent aussi à leurs jeunes, « un service militaire volontaire », et en Outre-mer, on retrouve le service militaire adapté (SMA) qui permet depuis 1961 à des jeunes sans diplôme d’acquérir une formation professionnelle dans un contexte de discipline militaire.

Reste à savoir comment répondre à l’engouement des Français face à leur sécurité et sous quelle forme faire revenir les valeurs de discipline, de défense du territoire et d’appartenance nationale aux nouvelles générations, tous milieux confondus.

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