Condamnée à la prison à perpétuité en Irak pour son appartenance au groupe État islamique (EI), la djihadiste Djamila Boutoutaou implore désormais le gouvernement de lui laisser « une chance » et de la rapatrier en France.
C’est à travers une lettre manuscrite adressée à sa mère Saïda que la djihadiste Djamila Boutoutaou a demandé à la France de lui laisser « une chance ».
« J’avais envie d’écrire un courrier au gouvernement […] mais je n’ai eu droit qu’à une seule feuille. J’ai envie de dire à la France : ‘Laissez-moi une chance, vous prouver mon innocence et laissez-moi la possibilité de devenir une femme libre’ », écrit la prisonnière dont les propos ont été relayés par Ouest-France.
« C’est tellement difficile, j’ai besoin d’aide, sortez-moi d’ici. J’accepte d’être en prison en France si vraiment vous me pensez dangereuse (j’ai envie de vous montrer le contraire, vous prouver que je suis une personne tout à fait normale) », ajoute-t-elle.
Originaire de l’agglomération lilloise, Djamila Boutoutaou a rejoint les territoires contrôlés par les terroristes de l’État islamique (EI) en 2016 en compagnie de son mari, Mohammed Nassereddine.
« J’ai envie de vivre une nouvelle vie »
Arrêtée avec sa fille par les troupes de la coalition internationale après que son époux et son fils Abdallah, âgé de 4 ans, ont été tués dans les combats, Djamila Boutoutaou a été jugée à Bagdad et condamnée à la prison à vie pour son implication au sein de l’EI.
Privée de son avocat français pendant le procès, elle avait affirmé avoir été dupée par son mari, assurant avoir rejoint l’EI contre son gré et déniant toute responsabilité. Des déclarations qu’elle a réitérées dans le courrier adressé à sa mère :
« Je te jure qu’il m’a trahie [son mari, NDLR], tu me connais bien, j’aurais jamais fait ça, je ne suis pas folle. Même en France, je n’étais pas libre de faire ce que je voulais. »
« J’ai envie de vivre une nouvelle vie […] d’être une femme libre sans que personne ne décide de ma vie », poursuit la djihadiste.
« Je veux être libre »
Datée du 5 mars et tamponné par la Croix-Rouge française, la lettre envoyée par Djamila Boutoutaou a été écrite quelques semaines avant que Khadija, sa fille de 3 ans et demi, ne soit rapatriée en France.
« J’ai envie de crier : ‘Je veux être libre’. Pitié, aidez-moi, que faire ? Qu’est-ce que vous voulez de moi ? […] Ça fait maintenant un an et sept mois que je suis en prison en Irak avec ma fille de trois ans et demi, je vais envoyer ma fille, après je n’aurai plus de raisons de vivre », clame Djamila Boutoutaou dans la missive que sa mère a cru bon de communiquer à la presse ainsi qu’à Emmanuel Macron.
Arrivée sur le sol français le 27 mars, la fille de la djihadiste lilloise a été confiée aux services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE). Une nouvelle que sa grand-mère Saïda avait accueillie avec joie :
« Ma petite-fille de 3 ans et demi est enfin sur le sol français après plus d’un an en prison. C’est un grand jour », s’était-elle réjouie avant de laisser entendre qu’elle ferait tout pour faire revenir la mère de l’enfant :« Je vais me battre pour que le gouvernement comprenne que cette petite fille a besoin de sa maman. »
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