Des documents émanant des services de renseignement montrent que le gouvernement avait bel et bien prévu de rapatrier les djihadistes français détenus en Syrie. Un plan finalement avorté face à l’ampleur de la polémique.
Selon les informations de Libération qui a pu consulter des documents confidentiels répertoriant les noms, prénoms, dates de naissance, mais aussi le lieu et le temps de détention des djihadistes retenus par les troupes des Forces démocratiques syriennes (FDS), l’exécutif était résolu à rapatrier 250 hommes, femmes et enfants dans l’Hexagone.
Attribués au renseignement intérieur, les éléments examinés par les journalistes de Libération suggèrent que deux avions affrétés pour l’occasion devaient ramener les djihadistes et leur famille en France, une colonne « rapatriement/vol » où apparaissent les numéros 1 ou 2 figurant également sur les documents incriminés.
Un dossier« très sensible »
Si le quotidien évoque une liste comportant 250 noms, « hommes, femmes et enfants confondus », les vols ne semblaient toutefois concerner que 163 individus. Bien que la liste ait été actualisée jusqu’au 6 mars, la colonne « rapatriement/vol » est ainsi demeurée vide après le 14 février.
Les journalistes ont également pu mettre la main sur un tableau, « daté également du 6 mars », qui expose les détails du circuit prévu pour prendre en charge une centaine d’adultes, 63 femmes et 37 hommes.
« 81 seraient orientés vers la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), 12 vers la sous-direction antiterroriste de la PJ (Sdat), et 7 vers sa déclinaison parisienne », écrit le journal qui précise que l’État se préparait aussi à accueillir 149 enfants dont près des deux tiers avaient entre 2 et 13 ans.
Contactés par Libération, les services de l’Élysée et de Matignon ont refusé de commenter le dossier qu’ils qualifient de « très sensible ». Pour les journalistes, ce serait « l’hostilité massive de l’opinion » face à un éventuel retour des djihadistes qui expliquerait le revirement d’un pouvoir « déjà très affaibli par la crise des Gilets jaunes », et ce à seulement quelques semaines des échéances européennes.
« Nous n’avons pas l’intention de rapatrier des combattants »
Un revirement entériné le 26 février devant les élus du Grand-Est : « Contrairement à ce que j’ai pu lire ou entendre, il n’y a pas un programme de retour des djihadistes qui est aujourd’hui conçu. Nous restons sur la même doctrine [celle du cas par cas, ndlr] », déclarait Emmanuel Macron à l’époque, contredisant par la même Nicole Belloubet qui affirmait fin janvier, sur les ondes de RTL, que la France avait « fait un choix, celui du contrôle et donc du rapatriement en France ». La Garde des Sceaux avait toutefois pris soin de préciser que le gouvernement étudiait « plusieurs options ».
Interrogé le 5 avril au cours de la conférence de presse finale du G7 des ministres de l’Intérieur, Christophe Castaner a loué le travail mené par ses équipes au sujet du rapatriement des djihadistes. « Il est logique que les services aient préparé toutes les hypothèses. Celle-ci était une des hypothèses préparées par les services », a souligné le ministre.
Invitée à s’exprimer sur le plateau de BFMTV vendredi dernier, Florence Parly a pour sa part assuré que les djihadistes détenus en Syrie seraient bien jugés sur place :
« Nous n’avons pas l’intention de rapatrier des combattants qui ont vocation à être jugés, à rendre des comptes sur place. S’agissant de ceux qui sont détenus par des Kurdes syriens, ils sont détenus et nous n’avons aucune raison de penser qu’ils ne le resteront pas. »
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