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Retraites dans les départements d’outre-mer: carrières hachées et départs tardifs

février 14, 2023 8:15, Last Updated: février 14, 2023 15:52
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Les retraités de Guadeloupe, Guyane, Martinique, Mayotte et de La Réunion, qui ont souvent connu des carrières hachées et donc partent plus tard à la retraite que les métropolitains sont également plus exposés à la grande pauvreté.

Contrairement à ceux de la France métropolitaine, les retraités vivant dans les départements et régions d’outre-mer (DOM) sont également exposés à la grande pauvreté : de 9% en Martinique à 15% en Guyane, contre moins de 1% en France métropolitaine.

Le taux de personnes tributaires de l’allocation de solidarité pour les personnes âgées (ASPA), l’ancien « minimum vieillesse », est de 21,9% en Guadeloupe, 21,1% à la Réunion, 20,7% en Guyane, et 16,9% en Martinique, contre 3,7% en métropole, selon la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav).

À Mayotte, la retraite moyenne s’élève à 276 euros par mois et l’ASPA est plafonnée à la moitié de son montant en métropole, faute d’alignement des droits sociaux.

« Le chômage est trois fois plus élevé »

La fragilité sociale des retraités dans les DOM est notamment liée aux caractéristiques du marché du travail dans ces territoires. En effet, beaucoup de ces retraités ont été confrontés au chômage, au temps partiel subi, voire au travail informel, entraînant ainsi des niveaux de pension réduits, selon l’Insee.

« Dans les territoires d’Outre-mer et singulièrement en Guadeloupe, on connaît des carrières hachées, le chômage est trois fois plus élevé que dans l’Hexagone et souvent les gens bénéficiaires des minimas sociaux sont forcés, pour vivre décemment de prendre des jobs (emplois non déclarés, ndlr) pour pouvoir le cumuler avec le RSA. Par conséquent, ces personnes ne pourront jamais atteindre le nombre d’annuités nécessaires pour une retraite à taux plein », souligne le politologue guadeloupéen Georges Calixte.

Travailler au-delà de l’âge légal de départ

En Guyane, « nous risquons de partir à la retraite à 68, 70 ans, à cause de l’allongement des études supérieures, et du tissu économique très fragile, voire instable. La faiblesse du tissu est due au fort taux de travail informel. On a un tissu économique qui ne permet pas aux entreprises de se pérenniser et de donner l’assurance d’un emploi durant plusieurs années. Beaucoup commencent à travailler très tôt, mais ce n’est pas déclaré », indique Yannick Xavier, secrétaire général de l’UTG (Union des travailleurs guyanais).

Dans les départements d’outre-mer, les futurs retraités continuent à travailler au-delà de l’âge légal de départ pour atteindre une retraite à taux plein, ou au minimum augmenter leur pension. Pour cette raison, l’âge moyen de départ à la retraite était supérieur à 64 ans en 2021 (64,3 ans à la Réunion, 64,7 ans en Martinique, 64,9 en Guadeloupe, 65 ans en Guyane), selon les chiffres de la Cnav.

40% personnes en très mauvaise santé vers 60 ans

L’état de santé des personnes âgées dans les DOM, « souvent pour des raisons de forte précarité sociale, se dégrade plus fréquemment et plus précocement que celui des seniors de métropole. La part des personnes se déclarant en très mauvaise santé, ou limitées dans leurs activités quotidiennes, s’élève à 40% un peu avant 60 ans à La Réunion, alors qu’il faut attendre 75 ans pour connaître un tel chiffre en métropole », soulignait en 2017 l’observatoire de l’agence nationale de la Cohésion des territoires.

Pour Georges Calixte, « l’état de santé de notre population qui réduit son espérance de vie, donnera donc des retraités qui n’auront pas vraiment la possibilité de jouir de la retraite en bonne santé ».

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