Le gouvernement a annoncé mardi les premières réquisitions de personnels pétroliers depuis le début des grèves contre la réforme des retraites, au dépôt de Fos-sur-Mer près de Marseille, une décision qui pourrait attiser les tensions dans un contexte politique inflammable.
« Face à l’aggravation des tensions d’approvisionnement » des stations-service dans les Bouches-du-Rhône, le ministère de la Transition énergétique a annoncé mardi « la réquisition » de « trois salariés par relève ». « La réquisition est valable pendant 48h en tant que de besoin, à compter du 21 mars » et concerne « des personnels indispensables au fonctionnement du dépôt » qui approvisionne la région PACA et l’est de la région Occitanie en carburants, a précisé le ministère dans un communiqué. Le dépôt expédie également du carburant par Oléoduc vers la région lyonnaise.
Depuis le début des mobilisations, le gouvernement a par ailleurs eu recours « de manière ciblée » à des stocks stratégiques « partout sur le territoire » depuis « début mars », a annoncé mardi le ministère. L’annonce intervient dans un contexte politique tendu, au lendemain de l’adoption de la réforme des retraites au Parlement, et à la veille d’une interview du président Emmanuel Macron sur TF1 et France 2.
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Le gouvernement a annoncé les premières réquisitions de personnels pétroliers depuis le début des grèves contre la réforme des retraites, au dépôt de Fos-sur-Mer près de Marseille #AFP 1/5 pic.twitter.com/OqZrdUHOSI— Agence France-Presse (@afpfr) March 21, 2023
L’intersyndicale a appelé à une nouvelle journée de grève et de manifestations jeudi. Les réquisitions sonnent aussi comme un défi au patron de la CGT dans les Bouches-du-Rhône, Olivier Mateu. « Vous touchez un camarade dans une raffinerie, on vous met le feu au département, mais pas le feu ‘on s’énerve’, on vous met le feu, les flammes », avait-il lancé en février dans une vidéo adressée au préfet pour le dissuader de procéder à des réquisitions. « Aujourd’hui, les stations restent globalement bien approvisionnées au niveau national, mais des tensions se cristallisent en PACA », a indiqué la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher.
Le Sud et le Sud-Est particulièrement touchés
Près de 54% des stations-service des Bouches-du-Rhône manquaient d’un type de carburant, et 41% étaient à sec dans la matinée mardi, selon des données publiques analysées par l’AFP. Les pénuries touchent particulièrement le Sud et Sud-Est, notamment le Gard (48% de stations en difficulté) et le Vaucluse (42%), où les préfectures ont décidé lundi de limiter les ventes de carburants, jusqu’à jeudi inclus, à 30 litres par véhicule tout en interdisant la vente d’essence dans des jerricans. Le manque de carburants touche également quelques départements de l’Ouest, comme la Loire-Atlantique ou l’Îlle-et-Vilaine. Au niveau national, environ 12% des stations-service de France étaient à court d’essence ou de gazole, et 6% à sec.
Les forces de l’ordre sont également intervenues dans la nuit de lundi à mardi pour débloquer le terminal pétrolier de Donges (Loire-Atlantique), qui était occupé depuis une semaine par des grévistes, pour faciliter le déchargement d’une cargaison de gasoil. Des gendarmes mobiles sont intervenus vers 02h00 du matin, selon la CGT, et ont sécurisé la zone à l’aube en éteignant notamment des feux allumés par les manifestants qui ont quitté les lieux, selon un photographe de l’AFP. Au Havre, tous les ponts d’accès à la zone industrielle ainsi que celui du port étaient bloqués mardi matin.
« Entre cinq et huit dépôts de carburants bloqués »
La France compte 200 dépôts pétroliers. L’Ufip, syndicat professionnel des entreprises pétrolières, a évoqué lundi « entre cinq et huit dépôts de carburants bloqués ». Dans les raffineries, les grèves se sont également durcies récemment, avec l’arrêt ce week-end de la production sur le site TotalEnergies en Normandie, puis de la raffinerie Pétroineos à Lavéra (Bouches-du-Rhône).
À TotalEnergies, sur les 298 opérateurs postés mardi matin, 36% étaient en grève, a indiqué la direction. À Feyzin, la raffinerie fonctionne « en service à débit réduit » et les expéditions sont interrompues, tandis que la bioraffinerie de La Mède est en maintenance « indépendamment du mouvement de grève » mais « les expéditions y sont bloquées », ajoute le groupe.
« La grève est autorisée, le blocage durable, parfois violent, ça ne l’est pas », a tancé sur France Inter le ministre des Transports Clément Beaune, évoquant une situation « extrêmement compliquée » à « certains endroits dans le pays », notamment dans les Bouches-du-Rhône. « Les réquisitions sont toujours un dernier recours », a-t-il assuré.
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