Après avoir adopté dans la nuit le report à 64 ans de l’âge de départ en retraite, le Sénat poursuivait jeudi l’examen de la réforme, sur fond de grèves persistantes, de blocages épars et d’interrogations grandissantes sur l’existence d’une majorité à l’Assemblée nationale.
Quelques heures après le vote de l’article phare du projet de réforme, une « étape importante » selon la Première ministre Élisabeth Borne en déplacement dans les Yvelines, le Sénat dominé par la droite a repris laborieusement, jeudi matin, les débats sur la suite du texte.
#Retraites : « Le Sénat s’est emparé de la question des carrières longues, qui suscite beaucoup d’opposition et d’incompréhension chez les Français »
> Décryptage par @APoussart et @SAJourdin
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— Public Sénat (@publicsenat) March 9, 2023
Les sénateurs doivent notamment aborder dans la journée le sujet des carrières longues et celui d’une surcote de pension aux mères de famille qui ont une carrière complète, une proposition de la droite que le gouvernement voit d’un bon œil. Un amendement très attendu du patron des sénateurs LR Bruno Retailleau a été remisé à plus tard, au grand dam de la gauche. Il s’agissait que l’extinction progressive des régimes spéciaux de retraite, votée à l’article 2, s’applique aux salariés déjà en poste, sans conserver de clause du grand-père.
Le vote du report de l’âge légal au Sénat « ne change rien dans la détermination et les mobilisations », a de son côté averti jeudi le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. Le responsable syndical a par ailleurs fustigé « l’indifférence » et le « mépris » du pouvoir, le président Emmanuel Macron ayant opposé une fin de non-recevoir à l’intersyndicale qui avait demandé mardi à être reçue « en urgence » à l’Élysée.
Des appels à la grève inégalement suivis
L’intersyndicale a appelé à deux nouvelles journées de mobilisation, dont la première à venir dès samedi. Mardi, entre 1,28 millions et 3,5 millions de manifestants sont descendus dans la rue, selon les chiffres respectifs de la police et de la CGT.
La grève se poursuivait jeudi pour un troisième jour dans les transports, les raffineries et l’énergie, où l’alimentation du réseau en gaz est considérablement ralentie en raison des blocages. Environ un tiers des TGV circulent dans l’Hexagone, comme mercredi. En Île-de-France, le trafic ferroviaire restait très perturbé, avec 80% de trains en moins par rapport à d’habitude sur le RER D et la ligne R du Transilien, notamment. Dans le métro parisien, la situation s’améliorait nettement avec un trafic normal ou quasi normal sur la moitié des lignes. Dans le ciel, comme depuis mardi et jusqu’à vendredi, la Direction générale de l’Aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies aériennes de renoncer à 20 à 30% de leurs vols au départ et à l’arrivée des grands aéroports du territoire français. Du côté des étudiants, à Paris, une manifestation partira à 14h00 de la gare Saint-Lazare, direction la place de la République où se tiendra un meeting intersyndical à 18h00.
Le recours au 49.3 en toile de fond
Le Sénat a jusqu’à dimanche minuit pour examiner le texte et, en cas de vote favorable, tentera de trouver un accord avec les députés lors d’une commission mixte paritaire (CMP) la semaine prochaine.
En l’état actuel du texte, le déficit supplémentaire que connaîtrait le régime des retraites à l’horizon 2030 s’élèvera à 450 millions d’euros, a avancé jeudi le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, qui souhaite à l’arrivée « une copie à l’équilibre ».
À l’issue de cette CMP, Élisabeth Borne compte sur un vote des Républicains à l’Assemblée pour éviter d’utiliser le 49.3 (adoption d’un texte sans vote). Mais l’évocation de cette hypothèse se faisait de plus en plus insistante jeudi. « Je ne suis pas du tout pessimiste, je pense que, à l’Assemblée nationale, il n’y a pas de majorité pour voter cette réforme des retraites », a estimé jeudi matin la patronne du groupe Rassemblement national, Marine Le Pen, évoquant « quelques réticences dans la majorité, plus des réticences assez nombreuses chez certains députés LR ». Le 49.3 « serait une démonstration de faiblesse », selon l’ex-candidate à la présidentielle. « Ça peut mettre le feu aux poudres », a de son côté jugé Philippe Martinez.
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