Le « conclave » sur les retraites, dont l’avenir était déjà assombri par les propos du Premier ministre ce week-end, a encaissé mardi un nouveau revers avec le départ de la table des négociations de l’organisation patronale U2P, qui représente artisans, commerçants et professions libérales.
« Est-il vraiment sérieux dans (un) contexte de déficits structurels et de projections alarmantes, de continuer à emprunter la voie d’un retour de l’âge légal de départ à la retraite à 62 ans ou d’une réduction de la durée d’activité requise (…) ? », s’est interrogée l’organisation dans un communiqué transmis à l’AFP.
Elle prône au contraire « des mesures drastiques pour rétablir l’équilibre de nos régimes sociaux ».
L’U2P est la première des trois organisations patronales représentatives – les autres sont le Medef et la CPME – à quitter la table.
Côté syndicats de salariés, FO avait claqué la porte dès le premier jour, disant ne pas vouloir « participer à une mascarade » dont le but serait d’allonger la durée du travail.
« Le paysage international ne cesse de se transformer (…), le chef de l’État a appelé à un effort financier inédit afin de renforcer notre puissance militaire », déclare l’U2P.
L’U2P refuse d’orchestrer la dérive de la France
Elle mentionne aussi les 51 milliards d’euros dépensés en 2024 « à fonds perdus » pour rembourser les intérêts de la dette, et les calculs de la Cour des Comptes, selon laquelle la réforme de 2023 – qui prévoit le départ à 64 ans – engendrera elle-même un déficit d’une trentaine de milliards d’euros en 2045.
« Le bateau France est en train de prendre l’eau et l’orchestre des partenaires sociaux continuerait de jouer comme si de rien n’était ? L’U2P s’y refuse », assure dans le communiqué son président Michel Picon.
Selon lui, les patrons de petites entreprises que l’U2P représente, « qui travaillent bien au-delà de la moyenne des Français, (…) ne peuvent entendre plus longtemps les sirènes appelant à travailler moins longtemps ».
Ce départ de la plus petite des organisations patronales intervient après le « non » du Premier ministre François Bayrou dimanche à une question sur un retour de l’âge de départ à la retraite à 62 ans, compte tenu du contexte international. Ces déclarations ont suscité l’indignation à gauche et parmi les syndicats alors que les négociations entre partenaires sociaux sont censées durer encore deux mois.
Aller « jusqu’au bout » du conclave
Le ministre de l’Économie Éric Lombard a tenté de les atténuer en affirmant que c’est le « conclave » qui « doit se prononcer ».
Lundi, la ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a jugé « pas réaliste » un retour aux 62 ans, dans le contexte d’effort militaire à venir et « d’impératif » d’un équilibre financier des retraites.
Mardi matin, le Premier secrétaire des socialistes Olivier Faure a mis en garde le gouvernement sur BFMTV/RMC, le menaçant d’une censure s’il n’honorait pas son engagement d’aller « jusqu’au bout » du conclave.
La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a de son côté déploré sur RTL le départ d’U2P. Mais le conclave « n’est pas mort », a-t-elle estimé, jugeant « important que ces concertations aillent jusqu’à leur terme. »
« Les syndicats peuvent regarder (la question d’un retour à 62 ans, ndlr) si tant est que l’équation financière est là et qu’il y a un compromis aussi avec le patronat », a précisé Mme Panosyan-Bouvet.
L’U2P estime que l’équilibre du régime des retraites « imposera de repousser l’âge légal de départ au-delà de 64 ans », sauf pour les métiers difficiles. L’organisation considère « qu’on ne pourra pas échapper » à une indexation des pensions inférieure à l’inflation, sauf pour les retraités les plus modestes.
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