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Robert Malone : « La reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission présage un sombre avenir pour l’Europe »

juillet 20, 2024 20:29, Last Updated: juillet 20, 2024 23:31
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ENTRETIEN – Biologiste moléculaire américain et pionnier de l’ARN messager, le Dr Robert Malone anime l’émission « Fall Out » sur Epoch Times. Dans cet entretien fleuve, le scientifique partage son analyse sur la reconduction d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne, les actions judiciaires en cours aux États-Unis contre Pfizer, et la Commission sénatoriale sur la sécurité intérieure organisée le 12 juillet pour évaluer les risques associés aux recherches sur les virus à haut risque. Très impliqué dans le débat public américain, il revient ensuite sur la tentative d’assassinat de Donald Trump et évoque les possibles répercussions de son élection en Europe et en Amérique.

Epoch Times : Le 17 juillet, la Commission européenne dirigée par Ursula von der Leyen était condamnée par la Cour de justice européenne pour son manque de transparence dans l’affaire des contrats d’achats de vaccins anti-Covid. Le lendemain, la présidente sortante était réélue, à 401 voix. Que vous inspire le vote de ces eurodéputés ?

Robert Malone : Je suis profondément atterré de constater que les eurodéputés ont choisi de réélire Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne après qu’il est pourtant devenu clair qu’elle avait agi de manière illégale dans l’affaire des contrats d’achat de vaccins anti-Covid. Bien sûr, la bataille judiciaire autour de cette affaire pourrait bien donner lieu à des rebondissements si la Commission venait à décider de former un pourvoi devant la CJUE.

Toutefois, il n’en demeure pas moins que ce second mandat d’Ursula von der Leyen à la tête de cette institution présage un sombre avenir pour l’Europe. Ce vote vient d’établir un précédent : la Commission et sa présidente peuvent donc agir comme bon leur semble au mépris des lois de l’UE, sans en subir les conséquences. Un signal très inquiétant pour l’ensemble du projet européen.

De l’autre côté de l’Atlantique, les actions judiciaires liées à la crise du Covid-19 se poursuivent. Cinq États américains — le Texas, l’Utah, le Kansas, le Mississippi et la Louisiane — intentent un procès contre Pfizer, accusant le géant pharmaceutique d’avoir sciemment dissimulé les effets secondaires de son vaccin. Quelle issue peut-on espérer de ces procédures en justice ?

Ces procès en sont encore à leurs débuts. La question clé ici est de savoir si les États peuvent apporter des preuves de fraude suffisantes pour annuler les clauses de non-responsabilité contenues dans les accords conclus entre le gouvernement et Pfizer. Que ces contrats puissent être invalidés de cette façon reste cependant une théorie juridique qui n’a pas encore été rigoureusement testée devant les tribunaux. Cela reste néanmoins la meilleure stratégie actuellement disponible pour mettre les laboratoires pharmaceutiques face à leurs responsabilités.

Le 12 juillet, la commission sénatoriale des États-Unis sur la sécurité intérieure s’est réunie dans le cadre d’une audition pour laquelle plusieurs experts ont été convoqués, dont Carrie Wolinetz, ancienne chef de cabinet des National Institutes of Health (NIH). Celle-ci a affirmé que la « théorie de la fuite de laboratoire » n’avait pas été censurée pendant la crise du Covid-19. Pourtant, de nombreuses preuves attestent du contraire. Selon vous, pourquoi l’administration Biden a-t-elle activement œuvré à la censure de toute personne émettant des doutes sur l’origine du virus ? 

Selon les documents à la disposition du public, ces politiques de censure ont été déployées en suivant l’idée selon laquelle toute information susceptible de provoquer une hésitation vaccinale, qu’elle soit vraie ou fausse, devait être supprimée dans l’intérêt général. Une théorie fondée sur la croyance voulant que les vaccins étaient sûrs et efficaces, et que la maladie du Covid-19, suite à une infection par le SARS-CoV-2, était très létale. Rappelons que le président Biden lui-même a affirmé à plusieurs reprises que ce vaccin arrêterait la transmission du virus et qu’il empêcherait de contracter la maladie. Or, les données scientifiques ont montré que c’était faux.

Et quel est votre avis dans ce débat au sujet de la piste de la fuite d’un laboratoire chinois ?

Je suis personnellement convaincu que ce virus provient de l’Institut de virologie de Wuhan. Ce virus s’est-il en revanche introduit dans la population humaine accidentellement ou intentionnellement ? Je n’ai pas d’opinion sur la question, car il est impossible d’y répondre à ce stade.

La piste d’une fuite accidentelle de laboratoire est une explication plausible, et il existe des preuves soutenant l’hypothèse selon laquelle il existait dans cet institut des problèmes structurels, par exemple en matière de filtration de l’air, qui augmentaient le risque d’infection du personnel. Personnellement, je pense qu’il s’agit du scénario le plus probable. Toutefois, on ne peut exclure la possibilité d’une fuite intentionnelle du laboratoire chinois.

Le 2 juillet, le sénateur républicain Rand Paul a transmis un courrier à Lloyd Austin, secrétaire à la Défense de l’administration Biden, dans lequel il lui demande des explications sur les millions de dollars de financement versés par le Pentagone à des laboratoires chinois menant des recherches sur des agents pathogènes susceptibles de provoquer des pandémies. Vous qui disposez d’informations en provenance de la communauté du renseignement, pourquoi le Département de la défense verserait-il des fonds à un adversaire des États-Unis ?

J’ai révélé l’implication de l’Agence pour l’atténuation des menaces du Département de la défense des États-Unis dans ces financements il y a maintenant plus de deux ans. En interrogeant de multiples sources à ce sujet, j’ai reçu à chaque fois la même réponse : les services de renseignements des États-Unis ayant perdu presque toute leur capacité de renseignement humain en Chine concernant les activités de guerre biologique du Parti communiste, il valait mieux qu’ils collaborent fonctionnellement avec l’Armée populaire de libération, l’armée chinoise, pour avoir une visibilité sur leurs activités.

Je pense que le gouvernement américain est bien conscient que toutes les recherches sur les maladies infectieuses en Chine revêtent une dimension militaire. Cependant, faire valoir une utilité à engager des relations avec le régime chinois sur les questions touchant aux recherches sur le gain de fonction plutôt que de ne collecter aucun renseignement, cela me semble une justification de notre gouvernement bien commode… Néanmoins, par rapport à la question que vous me posez, c’est la seule explication qui m’a été donnée.

Durant la commission sénatoriale du 12 juillet, Rand Paul a estimé que les recherches sur le gain de fonction étaient comparables à « la menace nucléaire de notre époque ». Êtes-vous d’accord avec cette déclaration ? 

Cette déclaration comporte un caractère politique et elle est quelque peu hyperbolique, sans être toutefois dénuée de vérités, même si je n’aurais pas personnellement employé les mêmes termes que Rand. Telle qu’elle est actuellement pratiquée, telle qu’elle est communément comprise par le plus grand nombre, par opposition à la définition que lui donnent les NIH, la recherche sur le gain de fonctions représente une menace potentielle majeure pour la santé mondiale.

Il existe un contre-argument selon lequel la probabilité de conception d’un agent pathogène hautement létal est en réalité assez faible, car la nature de l’évolution biologique fait que ces diverses mutations de virus se produisent déjà, se sont déjà produites, et qu’il existe des contraintes évolutives empêchant leur émergence.

Personnellement, je ne souscris pas à ce raisonnement. Au contraire, je pense qu’il faut mettre un terme aux recherches sur le gain de fonction, et même les interdire, comme je l’ai déclaré lors de mon témoignage à ce sujet devant le Sénat de l’État du Texas en mars 2023.

Je crois que ces recherches représentent une menace pour la santé humaine, principalement parce que la communauté scientifique qui s’y adonne est curieusement, presque intentionnellement, aveugle par rapport aux risques qu’elles comportent. L’envie passionnée de découvrir et démontrer une capacité humaine à pouvoir manipuler le matériel génétique, à créer de nouvelles propriétés, à produire de nouveaux organismes, semble avoir suspendu toute réflexion sur les dangers potentiels pour la santé humaine. C’est un échec éthique majeur.

Par ailleurs, je m’oppose encore plus fermement à l’instrumentalisation de la peur des maladies infectieuses, adjacente à ces recherches sur le gain de fonction. Autoriser la poursuite de ces recherches, malgré les preuves répétées de fuites de laboratoire et d’introduction de matériel biologique dans les populations environnantes, démontre que cette entreprise est tout à fait irresponsable.

Si vous êtes devenu un chef de file dans le mouvement visant à faire reconnaitre les risques des vaccins à ARN messager, vous vous exprimez aujourd’hui sur de nombreux sujets ayant attrait à la politique et, plus particulièrement, aux « intérêts mondialistes ». En tant qu’Américain actif dans le débat public aux États-Unis, comment analysez-vous la tentative d’assassinat contre Donald Trump et quelles pourraient en être les conséquences électorales en novembre prochain ?

Actuellement, les preuves disponibles indiquent la présence d’un seul tireur et soulignent une grave négligence de la part des services de renseignement chargés d’assurer la protection de Donald Trump lors de son meeting en Pennsylvanie, le 13 juillet. Cependant, il existe des éléments suggérant qu’on pourrait avoir affaire à quelque chose de plus néfaste que de la simple négligence.

Tout d’abord, M. Trump n’a pas bénéficié d’un niveau de protection adéquate, les agents du Secret Service ayant fait preuve d’incompétence à divers égards. Il y a eu d’ailleurs des coïncidences étranges, en particulier concernant la présence de Jill Biden et Kamala Harris dans la même région que Trump, le même jour, ce qui aurait pu mettre à rude épreuve la mise à contribution d’agents compétents dans le cadre de la protection du candidat républicain.

Ensuite, les circonstances qui entourent cette tentative d’assassinat sont encore troubles, avec l’échec manifeste du Secret Service à surveiller l’immeuble depuis lequel le tir est parti et à répondre de façon appropriée lorsque celui-ci a été informé de la présence du tireur sur le toit. De quoi soulever des questions sur la piste d’une intention malveillante. Il faudra y répondre.

Le comportement du tireur aurait-il été influencé par la diabolisation de Trump orchestrée par les médias ? Des preuves accréditent cette piste et une chose est certaine : la presse aux États-Unis et ailleurs dans le monde a déployé des efforts considérables au cours des dernières années pour le diaboliser.

Quoi qu’il en soit, espérons que toute la lumière sera faite sur ces évènements. Cependant, le gouvernement américain est plongé dans une grande confusion et un chaos considérable, avec des enquêtes concurrentes sur ces failles de sécurité. Cela ne m’inspire donc guère de confiance quant à la possibilité de découvrir un jour toute la vérité. En outre, l’administration Biden semble s’efforcer de dissimuler les actions du directeur du Secret Service et de cacher toute information concernant les décisions prises.

Indépendamment de cela, la conséquence de cette tentative d’assassinat contre M. Trump, c’est une transformation du paysage politique américain et une revitalisation de sa campagne, marquée par un consensus émergent autour de ses chances de victoire à la présidentielle. Comme l’a dit Tucker Carlson, la probabilité qu’il l’emporte est désormais très élevée. D’autant que les prises de paroles en public de Joe Biden sont très mauvaises.

À cette heure, il semble néanmoins que le Parti démocrate prévoit bel et bien de l’investir lors de sa convention en août, bien qu’il existe aussi des rumeurs selon lesquelles les performances désastreuses de Joe Biden, son déclin cognitif et les conséquences de la tentative d’assassinat de Trump pourraient motiver la gauche à opter pour un autre profil. Nous verrons bien.

D’après vous, quelles seraient les conséquences politiques en Europe et aux États-Unis si Donald Trump revenait à la Maison-Blanche ?

Donald Trump a dès les débuts adopté un positionnement anti-mondialiste. Aussi, son élection aura sans doute des implications significatives pour l’Otan et le conflit ukrainien, mais aussi pour l’Organisation mondiale de la santé, les Nations unies, le Forum économique mondial, ou encore pour le programme Équité, Diversité et Inclusion, financé, entre autres, par divers grands groupes comme BlackRock. Donald Trump incarne une menace majeure pour les divers agendas portés par les mondialistes.

Cela étant dit, je crains que les défis économiques et l’endettement auxquels font actuellement face les gouvernements américains comme européens ne finissent par primer sur le reste. Une crise financière nous guette ; elle l’emportera certainement sur toute autre considération politique. Et il n’est pas certain que M. Trump soit en mesure de la résoudre.

Nous avons affaire à des problèmes structurels profondément enracinés, en particulier la dette des États-Unis. À cela s’ajoutent le risque d’hyperinflation et une transition vers une économie mondiale non basée sur le dollar. Si cela se produit, et je pense que c’est inévitable, les conséquences aux États-Unis seront extrêmement turbulentes.

À l’échelle occidentale, nous entrons dans une période de transition. Nos démocraties se sont laissé amener à croire qu’il était possible de mettre en œuvre une politique économique à long terme basée sur un endettement massif. Ce système n’est pas tenable.

À présent, les marchés obligataires mondiaux contrôlent les gouvernements en raison de cet endettement. C’est pourquoi des figures politiques, comme Giorgia Meloni en Italie, ne sont pas en mesure d’apporter des réponses efficaces à des questions politiques brûlantes, sinon à la marge. Il est fort à craindre qu’en Europe, le mécontentement sous-jacent des peuples, se traduisant par la dynamique des mouvements populistes, ne fasse que croître.

Cette situation, qui finira par déboucher sur une issue, conduira à une résolution se faisant sinon pacifiquement, politiquement, sans doute à la suite de grandes perturbations. Naturellement, je préfèrerais la première option, mais nous devons nous attendre au déploiement d’une grande entreprise de propagande et de censure qui, en exacerbant les tensions sociales, pourraient conduire à une guerre civile. Je pense que nous nous dirigeons vers une période de grande agitation en Occident, que ce soit aux États-Unis ou en Europe.

Lors de la convention républicaine, Donald Trump a dénoncé un monde « au bord de la Troisième Guerre mondiale », notamment en raison du contexte européen, assurant qu’il  « mettra fin à chaque crise internationale que l’administration [de Joe Biden, ndlr] a créée, y compris cette horrible guerre entre la Russie et l’Ukraine ». Peut-on s’attendre selon vous à une résolution de ce conflit qui déchire l’Europe en cas de victoire électorale du candidat républicain ?

Je pense que l’élection de Trump augmenterait considérablement la probabilité d’aboutir à une résolution pacifique du conflit russo-ukrainien. Comme vous le savez, et je suis assez informé à ce sujet, une partie significative du succès électoral et du soutien populaire envers le parti politique Alternative pour l’Allemagne (AfD) provient d’un désaccord avec les politiques de l’Union européenne et de l’Otan concernant l’Ukraine, ainsi que d’un désir d’éviter un conflit armé.

Dans cette optique, l’élection de Donald Trump est une promesse pleine d’espoir pour enrayer une escalade des tensions. Il s’agira aussi d’un test. Un test du pouvoir américain face à des forces qui promeuvent un conflit servant divers intérêts mondialistes. Un test aussi de la capacité de leadership des États-Unis à maintenir leur influence sur les affaires du monde en tant qu’État-nation pour contrer la marche vers l’avènement d’un gouvernement mondial sous domination d’organisations corporatistes.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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