Le roi va-t-il reconnaître son royaume? Rafael Nadal, en quête d’un vingtième sacre historique en Grand Chelem, a rendez-vous en terre inconnue à Roland-Garros, exceptionnellement reprogrammé à l’automne sous la contrainte du Covid-19, à partir de dimanche.
Jusque-là, les questions extra-sportives ont éclipsé tout le reste. Il y a d’abord eu le feuilleton de la jauge de spectateurs, qui a plongé en moins de trois semaines de 20.000 par jour au maximum à 11.500, 5.000, puis 1.000 à trois jours de l’ouverture du tournoi parisien.
Le protocole sanitaire
Il y a aussi la place prise par le protocole sanitaire et les interrogations autour des tests de dépistage. Il y a enfin la menace d’une météo très maussade – pluie, froid et vent – annoncée pour une bonne partie de la quinzaine, même si le tout nouveau toit du Central protège désormais Roland-Garros du pire.
Côté court malgré tout, les enjeux sont historiques
Pour Nadal (34 ans), conquérir un treizième trophée à Roland-Garros – du jamais vu dans un même tournoi du Grand Chelem – et égaler le record de vingt couronnes majeures établi par Roger Federer (convalescent après une double opération du genou droit et absent du circuit jusqu’en 2021).
Pour le N.1 mondial Novak Djokovic (33 ans), devenir le premier joueur de l’ère Open, et seulement le troisième de l’histoire (après Laver et Emerson), à s’offrir au moins deux fois chacun des quatre titres du Grand Chelem. Un 18e au total.
Nadal le grandissime favori
Douze sacres en quinze participations, 93 victoires en 95 matches joués, plus la moindre défaite Porte d’Auteuil depuis 2015 (forfait avant son 3e tour en 2016): « Quand on regarde ses statistiques à Roland-Garros, de toute évidence (Nadal) est le grandissime favori », constate le directeur du tournoi Guy Forget.
« Tant qu’il joue et qu’il est en forme, il est le grand favori. Tout simplement en raison de son palmarès. Il s’est imposé douze fois, ce qui est juste incroyable. Il est de loin le meilleur joueur de l’histoire sur terre battue », résume Dominic Thiem, tout frais vainqueur de l’US Open et double finaliste sortant de Roland-Garros.
Mais, le nouveau coronavirus est passé par là
Oui, mais la pandémie de nouveau coronavirus et le confinement, synonymes de saison chamboulée et écourtée, sont passés par là.
A la reprise du circuit mi-août, l’Espagnol a préféré renoncé à la mini-tournée américaine Cincinnati-US Open concentrée à New York. Sevré de compétition pendant plus de six mois, il n’y a regoûté que la semaine dernière à Rome. Mais l’Argentin Diego Schwartzman l’a stoppé dès son troisième match, en quarts de finale.
A l’inverse, Djokovic a lui idéalement rebondi en s’imposant dans la capitale italienne deux semaines après sa disqualification choc à l’US Open, où une balle qu’il avait frappée dans un geste d’humeur avait malencontreusement atterri sur une juge de ligne. « Je n’ai pas ressenti de malaise ou de difficulté quelconque à jouer et à exprimer mes émotions quelles qu’elles soient » à Rome, confirme-t-il.
Conditions plus difficiles à Roland-Garros
« Les conditions sont probablement les plus difficiles que j’aie jamais connues à Roland-Garros », avoue de son côté Nadal.
« Il risque de pleuvoir beaucoup, de faire très froid. La balle est différente (Wilson a remplacé Babolat comme fournisseur, ndlr), celles d’avant étaient parfaites pour le lift. Ca risque d’être un peu plus difficile pour lui. Peut-être que les conditions sont un peu meilleures pour Novak », développe Thiem.
La nouvelle balle adoptée par Roland-Garros, c’est, avec le climat plus qu’automnal, « extrême pour jouer en extérieur », la préoccupation de « Rafa ». « Très lente », « super lourde », « comme une pierre » avec le froid et l’humidité, et même « dangereuse pour le coude et l’épaule », le Majorquin espère que le Grand Chelem parisien reverra son choix à l’avenir.
Tableau féminin
Dans le tableau féminin, trois des cinq dernières lauréates en Grand Chelem sont absentes: la tenante du trophée Ashleigh Barty, Naomi Osaka (US Open 2020) et Bianca Andreescu (US Open 2019).
Titrée à Rome lundi et déjà sacrée Porte d’Auteuil en 2018, Simona Halep se réinstallera sur le trône de N.1 mondiale en cas de succès.
Serena Williams, qui a fêté ses 39 ans ce samedi, s’attaque elle de nouveau au défi d’égaler le record absolu de couronnes en Grand Chelem (24) détenu par l’Australienne Margaret Court. Mais l’ocre est la surface qui lui réussit le moins et elle n’a plus dépassé les huitièmes de finale à Roland-Garros depuis 2016.
Quant aux ambitions françaises, sans Lucas Pouille ni Jo-Wilfried Tsonga (blessés), elles sont incarnées en tête par Gaël Monfils et Benoît Paire, mais ni l’un ni l’autre ne sont en pleine possession de leurs moyens. Si sa blessure aux côtes est oubliée, Fiona Ferro (49e), titrée à Palerme début août pour la reprise du circuit WTA, pourrait se distinguer dans une partie de tableau abordable.
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