Des dizaines de milliers de fidèles roumains ont assisté dimanche à Bucarest à la consécration d’une gigantesque cathédrale orthodoxe qui fait polémique en raison de son financement par des fonds publics. Rassemblés sur le parvis de l’édifice, toujours en chantier et enveloppé dans un épais brouillard, ils ont suivi sur des écrans géants la messe célébrée par le patriarche œcuménique Bartholomée 1er de Constantinople et le patriarche roumain Daniel.
« Il s’agit d’un événement unique, j’ai voulu à tout prix être présent d’autant plus que cette cathédrale symbolise le centenaire de la Roumanie », fondée le 1er décembre 1918, dit à l’AFP Ion Duta, un retraité de Bucarest. La « Cathédrale du salut de la nation », dont la construction a commencé en 2010, a jusqu’ici englouti 110 millions d’euros, les trois quarts provenant des caisses de l’Etat. Son coût final pourrait avoisiner 200 millions d’euros.
« Les coûts sont élevés, certes, mais au moins l’Eglise a démontré qu’elle peut bâtir un tel édifice, alors que nos élus sont incapables de construire des autoroutes », commente Georgiana, 50 ans, venue de Campina (sud). S’étalant sur près de 14.000 m2 et pouvant accueillir 5.000 fidèles, cet édifice s’élève juste derrière le non moins pharaonique Palais du Parlement bâti dans les années 1980 par l’ancien dictateur communiste Nicolae Ceausescu.
La cathédrale est appelée à devenir le deuxième bâtiment le plus haut du pays, avec un clocher culminant à 120 m. Dans un pays de 20 millions d’habitants dont 88% d’orthodoxes, les gouvernements successifs de gauche comme de droite ont consacré des fonds importants à cet édifice, espérant bénéficier en échange du soutien de l’Eglise.
Mais son coût total fait grincer des dents alors que la Roumanie, deuxième pays le plus pauvre de l’Union européenne, souffre en raison des infrastructures vétustes, qui découragent l’implantation d’investisseurs étrangers et stimulent l’exode des jeunes. « Personne ne nous a demandé si on était d’accord avec le financement de cette cathédrale. L’argent aurait été mieux dépensé pour la construction d’écoles et d’hôpitaux », estime George, un économiste bucarestois.
D.C avec AFP
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