Roundup : le Vietnam interdit le glyphosate

13 avril 2019 12:41 Mis à jour: 13 avril 2019 12:41

Invoquant la « toxicité » des produits contenant du glyphosate et leur impact sur l’environnement et la santé, le ministère de l’agriculture et du développement rural vietnamien a annoncé, mercredi 10 avril, le retrait du pesticide de la liste de produits autorisés dans le pays. Le ministère de l’Agriculture américain se dit « déçu ».

Le 27 mars dernier, le pays avait déjà fait savoir qu’il interdisait l’importation de tout herbicide contenant du glyphosate. Une décision prise à la suite de la condamnation par un juge californien,  le 18 mars, de Monsanto, dont l’herbicide Roundup avait été un « facteur substantiel » dans le déclenchement du cancer d’Edwin Hardeman.

Ce septuagénaire californien attribue en effet son lymphome non hodgkinien (LNH) à l’utilisation régulière sur sa propriété et pendant près de trente ans du célèbre désherbant.

C’était la deuxième condamnation du genre après celle d’août 2018 qui avait condamné la firme agrochimique à verser 289 millions de dollars (253 millions d’euros) à Dewayne Johnson, un jardinier également atteint d’un LNH. « Dès que nous avons entendu ce second verdict selon lequel le glyphosate est lié au cancer, nous avons publié un document interdisant l’importation de nouveaux herbicides contenant l’ingrédient actif », a expliqué Hoang Trung, le chef du département de la protection des végétaux, rattaché au ministère de l’agriculture et du développement rural, cité par Bastamag.

D’après le ministère de la Défense du pays, ce défoliant chimique ultra-puissant contenant de la dioxine a été utilisé par l’armée américaine pendant la guerre du Vietnam, de 1961 à 1971 pour détruire à grande échelle la jungle vietnamienne. Durant cette période, 80 millions de litres d’herbicides ont été pulvérisés sur 2,63 millions d’hectares de terres dans le sud du Vietnam, dont 60 % d’agent Orange.

Selon l’association vietnamienne des victimes de l’ « agent orange », plus de trois millions de Vietnamiens sont encore affectés aujourd’hui par les conséquences de ce produit chimique.

Après l’annonce de l’interdiction du glyphosate dans le pays, le ministre de l’agriculture américain est monté en première ligne, jeudi, pour défendre la molécule. « Nous sommes déçus » par la décision de Hanoï, « qui va avoir des effets dévastateurs sur la production agricole mondiale », a réagi le ministre Sonny Perdue dans un communiqué.

« Si nous voulons nourrir dix milliards de personnes en 2050, les agriculteurs du monde entier doivent avoir accès à tous les outils et technologies à leur disposition », justifie le responsable, critiqué pour ses liens avec les lobbyistes de Monsanto : « À de nombreuses reprises, le ministère de l’agriculture américain a partagé (avec les autorités vietnamiennes) des études scientifiques de l’Agence américaine de protection de l’environnement et d’autres organisations internationalement reconnues concluant que le glyphosate ne posait probablement pas de risques cancérigènes pour les humains », souligne-t-il.

Le responsable affirme, par ailleurs, que le Vietnam n’a pas respecté l’obligation de notifier ce changement réglementaire à l’Organisation mondiale du commerce, suggérant ainsi un possible recours devant l’institution.

Désherbant le plus utilisé au monde, le glyphosate est classé « cancérigène probable » depuis 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Monsanto est actuellement attaqué de toutes parts pour ses pesticides. Outre les revers judiciaires qui se multiplient. L’utilisation du glyphosate a été limitée par une poignée de pays. Précurseur de ce mouvement, le Sri Lanka a ainsi décidé en 2015 de l’interdire totalement, avant de revenir partiellement sur cette décision en 2018.

À Lyon, en France, un agriculteur a remporté jeudi dernier une nouvelle bataille judiciaire dans le combat qu’il mène face à la société américaine depuis son intoxication en 2004 par le désherbant Lasso qui est, dès lors, interdit.

Selon le Wall Street Journal, Bayer fait face aux poursuites de 11 200 agriculteurs, jardiniers et autres utilisateurs du Roundup. La multinationale fait pour le moment le choix de dissimuler le risque, en annonçant avoir assuré 660 millions d’euros dans son bilan pour les risques judiciaires.

De son côté, le gouvernement français a promis que le glyphosate serait interdit d’ici à la fin 2020 pour les principaux usages – quand des alternatives existent – et d’ici fin à la 2022 pour l’ensemble des usages. Des délais qui avaient provoqué une déception très forte parmi les sympathisants écologistes.

D. S avec AFP

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