À la recherche d’un nouveau souffle à quelques mois des élections, le Premier ministre britannique Rishi Sunak a rappelé lundi son prédécesseur David Cameron au gouvernement comme chef de la diplomatie, principale surprise d’un remaniement déclenché par le limogeage de sa controversée ministre de l’Intérieur.
Attendu depuis des mois, un changement du gouvernement semblait inéluctable avec le renvoi lundi de Suella Braverman, dont les critiques formulées à l’encontre la police la semaine dernière ont constitué la provocation de trop.
Mais personne n’avait vu venir le retour au premier plan, à 57 ans, de David Cameron, qui avait convoqué le référendum du Brexit et milité pour le maintien dans l’Union européenne, son échec plongeant son parti et le Royaume-Uni dans plusieurs années de déchirements.
« Défis vitaux »
Sur X (ex-Twitter), celui qui a été Premier ministre de 2010 à 2016 a dit vouloir mettre son expérience au service des « défis vitaux » du moment, citant « la guerre en Ukraine et la crise au Moyen-Orient ». « Même si j’ai pu être en désaccord avec certaines décisions en particulier, il est clair pour moi que Rishi Sunak est un Premier ministre fort et compétent, qui fait preuve d’un leadership exemplaire à un moment difficile », a-t-il assuré.
The Prime Minister has asked me to serve as his Foreign Secretary and I have gladly accepted.
We are facing a daunting set of international challenges, including the war in Ukraine and the crisis in the Middle East. At this time of profound global change, it has rarely been more…
— David Cameron (@David_Cameron) November 13, 2023
À Downing Street depuis un peu plus d’un an, Rishi Sunak, un ex-banquier d’affaires de 43 ans, avait bien besoin d’un coup pour se relancer. Les législatives prévues l’année prochaine – ou au plus tard en janvier 2025 – approchent et son parti, au pouvoir depuis près de 14 ans, est très largement distancé dans les sondages par les travaillistes.
Les déclarations controversées de Suella Braverman
Les événements se sont précipités la semaine dernière lorsque Suella Braverman, connue pour ses déclarations outrancières, a critiqué la police de Londres dans une tribune au Times, lui reprochant d’autoriser la marche pro-palestinienne qui s’est tenue samedi et l’accusant de partialité. L’article n’avait pas reçu le feu vert de Downing Street, contrairement aux règles habituelles.
Outre un coup porté à l’autorité de Rishi Sunak, ces propos ont été considérés comme une atteinte à l’indépendance opérationnelle de la police. Ces déclarations controversées s’ajoutaient à une série de polémiques ces derniers mois : elle a qualifié les arrivées de réfugiés d’ « invasion » et a averti d’un « ouragan » migratoire, et avait plus récemment estimé que certains sans-abris dormaient dans des tentes conformément à un « mode de vie choisi ». Elle est remplacée au Home Office par le chef de la diplomatie James Cleverly, qui lui-même cède sa place à David Cameron.
Le renvoi de Suella Braverman, figure de l’aile droite de la majorité et adepte de « guerres » culturelles, risque de provoquer des remous au sein des conservateurs et de renforcer les divisions internes, certains députés la soutenant ayant menacé de démissionner si elle quittait le gouvernement. Déjà ministre de l’Intérieur, elle avait été évincée du gouvernement en octobre 2022 par la Première ministre de l’époque Liz Truss, après avoir utilisé son email personnel pour envoyer des documents officiels.
La classe politique divisée
Les médias britanniques avaient également évoqué des désaccords sur la politique migratoire, Suella Braverman étant partisane d’une politique plus dure que l’ex-cheffe du gouvernement. Elle avait été renommée à ce même portefeuille par Rishi Sunak quand il avait succédé à Liz Truss, une manière de conserver sous contrôle l’aile droite du parti et cette personnalité aux ambitions affichées.
Comme dans d’autres pays européens, le conflit entre Israël et l’organisation terroriste Hamas divise la classe politique britannique. Au sein de l’opposition travailliste, certains élus critiquent ainsi la position adoptée par le chef du parti, Keir Starmer, qu’ils jugent trop pro-israélienne. Plusieurs élus ont démissionné, dont un député qui a claqué la porte de l’équipe dirigeante.
Malgré l’opposition du gouvernement, la manifestation pro-palestinienne de samedi a réuni plus de 300.000 personnes, globalement dans le calme. Mais Rishi Sunak a dénoncé la présence de sympathisants de l’organisation terroriste Hamas tout comme celle des contre-manifestants nationalistes. Dans un nouveau bilan dimanche, la police londonienne a indiqué avoir arrêté 145 personnes dans les rangs des contre-manifestants et parmi les participants à la manifestation.
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