Royaume Uni : le prochain gouvernement héritera du niveau d’endettement le plus élevé depuis 1961

Les données de l'ONS montrent que les emprunts ont été moins importants que prévu au mois de mai, mais le niveau d'endettement a tout de même atteint son niveau le plus élevé depuis mars 1961

Par Lily Zhou
22 juin 2024 16:20 Mis à jour: 24 juin 2024 17:21

Le prochain gouvernement du Royaume Uni héritera de la dette nationale la plus élevée depuis plus de 60 ans, malgré des emprunts moins élevés que prévu pendant le mois de mai, selon les estimations officielles.

Ces chiffres, publiés vendredi par l’Office national des statistiques (ONS), ont été communiqués alors que les deux principaux partis britanniques ont promis de réduire la dette avant les élections générales du 4 juillet.

Au mois de mai, les dépenses du secteur public ont dépassé les revenus de 15 milliards de livres sterling. C’est 800 millions de livres de plus que l’emprunt du mois de mai 2023 et c’est le troisième emprunt le plus élevé pour le mois de mai depuis le début des relevés mensuels en 1993.

Néanmoins, ce montant reste inférieur de 600 millions de livres aux prévisions établies par le Bureau pour la responsabilité budgétaire (Office for Budget Responsibility, OBR), l’organisme officiel de prévision du gouvernement britannique, et inférieur à ce que les économistes avaient prévu.

Les dépenses totales du secteur public ont atteint 100,1 milliards de livres au mois de mai, soit 2,3 milliards de livres de plus que pour le mois de mai 2023.

Les dépenses du gouvernement central ont augmenté de 2,8 milliards de livres au cours de l’année qui s’est achevée au mois de mai 2024, pour atteindre 91,6 milliards de livres.

Cette augmentation est imputable à l’accroissement des dépenses au titre des prestations sociales nettes, à l’augmentation des coûts de fonctionnement et à une hausse de 200 millions de livres des intérêts à payer sur la dette de l’administration centrale. Elle a été compensée par une baisse de 1,1 milliard de livres des subventions suite à la fin des programmes d’aide à l’énergie.

Les recettes du secteur public, constituées pour l’essentiel par les impôts, se sont élevées à 85,1 milliards de livres, soit 1,5 milliard de livres de plus que pour le mois de mai 2023.

En avril et mai, les emprunts se sont élevés à 33,5 milliards de livres, soit une augmentation de 0,4 milliard de livres pour les mêmes mois de l’année 2023, et 1,5 milliard de livres de moins que les prévisions établies par l’OBR.

Cependant, la dette nette du secteur public, à l’exclusion des banques du secteur public, a encore augmenté pour atteindre 2,77 trillions de livres sterling à la fin du mois de mai.

Selon les estimations de l’ONS basées sur les prévisions du PIB de l’OBR, la dette représentait 99,8 % de l’économie.

C’est 3,7 % de plus qu’à la fin du mois de mai de l’année dernière, et le niveau le plus élevé depuis mars 1961.

À moins de deux semaines des élections générales, l’augmentation continue des niveaux d’endettement constituera un défi de taille pour le prochain gouvernement.

Thomas Pugh, économiste chez RSM UK, a déclaré que le dépassement de l’emprunt du mois de mai a rendu les choses « un peu plus faciles pour le nouveau gouvernement, mais étant donné l’ampleur de la compression fiscale à venir au cours de la prochaine législature, ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan ».

« Dans la mesure où les plans de dépenses et d’imposition existants semblent extrêmement difficiles à réaliser, le nouveau gouvernement devra augmenter les impôts ou emprunter davantage », a-t-il déclaré.

« Le simple fait de maintenir stables les budgets des ministères non protégés en termes réels ajoutera 20 milliards de livres sterling aux dépenses publiques. »

Les consultants de Capital Economics ont déclaré que ces chiffres d’emprunt inférieurs aux prévisions reflétaient une baisse des investissements publics et n’offriraient que peu de réconfort au prochain chancelier britannique.

« Ils ne font pas grand-chose pour réduire l’ampleur du défi budgétaire qui les attend, du fait notamment de la pression à la hausse exercée sur la facture des intérêts de la dette par l’augmentation des taux d’intérêt », a déclaré Alex Kerr, économiste adjoint chez Capital Economics.

Les travaillistes et les conservateurs ont l’intention de s’en tenir aux règles budgétaires existantes qui exigent que les prévisions officielles — mises à jour pour la dernière fois en mars — montrent que la dette en pourcentage du PIB diminue au cours de la cinquième année de la prévision.

Des taux d’intérêt plus élevés que ceux prévus dans le budget du mois de mars font que le prochain chancelier britannique ne disposera plus que d’une marge de manœuvre de 8,5 milliards de livres sterling pour respecter ces règles, contre 8,9 milliards de livres sterling en mars, ce qui est historiquement bas, a indiqué M. Kerr.

Les travaillistes et les conservateurs se sont tous deux engagés à ne pas augmenter le taux de l’impôt sur le revenu, de la taxe sur la valeur ajoutée ou d’autres prélèvements importants, mais les prévisions budgétaires du gouvernement du mois de mars ont montré que la part de l’impôt dans le PIB était en passe d’atteindre son niveau le plus élevé depuis 1948.

Avec AP et Reuters

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