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Rupture numérique et 3ᵉ révolution industrielle : le cas des plateformes de transport

mars 26, 2018 8:03, Last Updated: mars 25, 2018 23:40
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Amel Attour, Université Cote d’Azur, CNRS, GREDEG, intervient au Printemps de l’économie le mercredi 21 mars lors de la table ronde « Rupture numérique et 3e révolution industrielle ». Pour découvrir le reste du programme, rendez-vous sur le site de l’évènement


La transformation numérique n’a de cesse de bouleverser la vie sociale et économique. En témoignent les nombreuses innovations de services à base de technologies numériques destinées à transformer les comportements de consommation pour les rendre plus écoresponsables.

Ces bouleversements impactent aussi les modes de production et les interactions entre acteurs d’un écosystème de services numériques, lesquels sont de plus en plus amenés à concilier collaboration avec compétition (on parle alors de coopétition). Un tel contexte d’innovation est caractéristique des dynamiques organisationnelles qui se veulent de plus en plus coopétitives au sens où les acteurs d’un écosystème d’innovation sont à la fois collaborateurs et concurrents.

Voyager sur des plateformes

Pour illustrer ces changements, prenons ici l’exemple des services dits de mobilité intelligente. La diversité des plateformes numériques d’aide à la mobilité urbaine illustre les enjeux autour de la transformation des comportements de consommation. Il s’agit ici d’inciter les consommateurs à privilégier l’utilisation de modes de transport dits doux ou à pratiquer le covoiturage.

Certaines plateformes, comme les plateformes de VTC (de type Uber, BlaBlaCar, etc.) par exemple, vous proposent une solution pour vos déplacements de courte ou longue distance. Elles vous mettent en relation avec un chauffeur disposé à vous conduire sur son passage jusqu’à un point géographique que vous avez préalablement précisé.

D’autres proposent des solutions dites d’intermodalité et prennent la forme d’un système de transport intelligent multimodal (STIM). Elles rallient une destination après une gare de train, un arrêt de bus ou de tramway à des modes de transports tels que l’auto partage, le vélo partage, le transport à la demande, etc. pour vous permettre de réaliser le dernier ou premier kilomètre d’un parcours.

Quelles structures pour ces plateformes ?

Ces plateformes ont finalement vocation à faciliter la mobilité des individus et à orienter leurs choix en termes de mode de transport à privilégier. La question de savoir si cet objectif de transformation de comportements de mobilité est importante, mais elle suppose d’abord de comprendre comment ces plateformes, en tant que forme d’innovation numérique inter-organisationnelle, sont structurées du point de vue de leur écosystème d’acteurs.

Cette question liée à l’organisation industrielle de ces plateformes nécessite en effet d’en ouvrir la boîte noire et d’en étudier la chaîne de valeur. En effet, la chaîne de valeur d’un STIM est structurée autour d’un écosystème d’acteurs hétérogènes amenés à échanger et partager en temps réel des données de différentes natures (horaires d’un bus, temps d’arrivée, taux d’occupation, etc.).

Cependant, si ces données ont un caractère public et gratuit, il n’en demeure pas moins qu’elles sont la propriété d’un tiers, membre de l’écosystème du STIM certes, mais probablement non propriétaire des systèmes d’information qui vont les utiliser pour délivrer le service attendu à l’utilisateur final. Comment les propriétaires de ces données en accordent l’accès à ces partenaires, comment ces partenaires les utilisent, quels droits d’utilisation leurs sont accordés, etc. sont autant de questions qui se posent.

En d’autres termes, ces questions posent une problématique directement liée à la question du management des droits de propriété intellectuelle (DPI) associés aux données échangées et partagées au sein de l’écosystème du STIM. L’intérêt de cette question, au-delà de comprendre comment l’innovation numérique est organisée, est d’appréhender le rôle des DPI dans la coordination des activités productives d’un écosystème d’acteurs.

Amel Attour, Maître de Conférences en Sciences Economiques – Université Cote d’Azur- Groupe de Recherche en Droit, Economie, Gestion (GREDEG), Centre national de la recherche scientifique (CNRS)

La version originale de cet article a été publiée sur The Conversation.

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