La justice russe a ordonné vendredi la dissolution de l’association « Mouvement pour les droits de l’homme », l’une des plus respectées de Russie et dans le viseur des autorités, a annoncé à l’AFP son directeur Lev Ponomarev.
« Nous allons faire appel de cette décision et également saisir la Cour européenne des droits de l’homme », a précisé M. Ponomarev, assurant que son mouvement allait « continuer à vivre et à travailler ».
Par cette décision, la Cour suprême russe a confirmé une demande du ministère de la Justice, qui accuse l’ONG de violations répétées de procédures administratives et qui demandait en conséquent sa dissolution.
Créée en 1997, l’ONG « Mouvement pour les droits de l’homme » est l’une des associations de protection des droits humains les plus anciennes et les plus renommées en Russie. Selon son site internet, elle compte plusieurs dizaines de filiales disséminées à travers ce pays.
L’ONG classée par la justice en tant qu’« agent de l’étranger »
Depuis février, elle était à nouveau classée par la justice en tant qu’« agent de l’étranger », une dénomination controversée, après l’avoir été une première fois entre 2014 et 2015. Cette qualification, introduite par une loi en 2012, sert à désigner une organisation bénéficiant du financement d’un autre pays et qui a une « activité politique ».
Ce concept vague a permis de viser de nombreux groupes critiques du pouvoir, comme l’ONG Memorial et, plus récemment, l’organisation de l’opposant Alexeï Navalny.
La justice russe reproche notamment au « Mouvement pour les droits de l’homme » de ne pas avoir fait apparaître le qualificatif d’« agent de l’étranger » dans ses publications, l’une des nombreuses mesures contraignantes qu’implique ce statut.
En prison pour des appels à participer à une manifestation non autorisée
En décembre, Lev Ponomarev, 78 ans, avait passé plus de deux semaines en prison pour des appels à participer à une manifestation non autorisée. L’engagement de cet ancien professeur de physique, qui avait été élu député aux premières élections législatives après la fin de l’URSS en 1991, remonte à la fin des années 1980.
« C’est un procès historique, une première : la plus grande organisation des droits de l’homme de Russie est en train d’être liquidée », a-t-il lancé jeudi devant la Cour suprême.
Sur Twitter, l’opposant Dmitri Goudkov a réagi à la décision de vendredi en affirmant qu’« il était temps que l’élite (russe) réalise qu’il ne reste plus qu’une seule personne avec des droits » en Russie, une référence à Vladimir Poutine.
Fin octobre, le président russe a exclu par décret plusieurs personnalités critiques des autorités du Conseil pour les droits de l’homme auprès du Kremlin, une structure consultative qui a progressivement perdu de son influence ces dernières années. Les membres limogés seront remplacés, entre autres, par d’anciens et d’actuels employés des médias d’Etat.
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