Le journaliste américain Evan Gershkovich, arrêté en Russie la semaine dernière, a été officiellement inculpé d’«espionnage» vendredi, une accusation que lui et son employeur, le Wall Street Journal, rejettent avec force.
Les autorités russes ont « inculpé » ce correspondant du Wall Street Journal, ayant également travaillé pour l’AFP par le passé, « d’espionnage pour le compte de son pays », a rapporté l’agence d’État TASS, citant une source anonyme au sein des forces de sécurité. « Il a catégoriquement nié toutes les accusations et déclaré que ses activités en Russie étaient d’ordre journalistique », a poursuivi TASS.
Des charges « totalement fausses »
Le Wall Street Journal a rapidement dénoncé des charges « totalement fausses ». « Comme nous l’avons dit depuis le début, ces charges sont totalement fausses et injustifiées, et nous continuons d’exiger la libération immédiate d’Evan », a martelé le quotidien économique américain dans un communiqué.
Selon l’agence de presse russe Interfax, M. Gershkovich est plus précisément poursuivi sur la base de l’article 276 du code pénal russe, un chef d’accusation passible de 20 ans de prison. Cette inculpation ouvre la voie à un procès dont la date n’a pas encore été annoncée.
Le reporter a été arrêté la semaine dernière par les services de sécurité russes lors d’un reportage à Ekaterinbourg, dans l’Oural. Les autorités l’ont accusé notamment de recueillir des informations sur l’industrie russe de défense.
Pression « inutile et insensée » pour le Kremlin
Comme le Wall Street Journal, les autorités américaines, Joe Biden et son secrétaire d’État Antony Blinken en tête, ont appelé le Kremlin à libérer le journaliste. Mais Moscou a assuré jeudi à la nouvelle ambassadrice américaine en Russie, Lynne Tracy, qu’il était « inutile » d’exercer des pressions dans ce dossier.
« Le battage médiatique autour de cette affaire (…) dans le but de faire pression sur les autorités russes et sur le tribunal qui devra décider du sort d’Evan Gershkovich est inutile et insensé », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué. Le Wall Street Journal avait notamment, la semaine dernière, estimé dans un éditorial qu’« expulser l’ambassadeur russe des États-Unis, ainsi que les journalistes russes y travaillant, serait la moindre des choses ».
Les avertissements de Moscou n’ont pas empêché le démocrate Chuck Schumer et le républicain Mitch McConnell, les deux plus hauts responsables du Sénat américain, d’appeler à leur tour vendredi à la libération du journaliste, dans un rare communiqué conjoint. Ces deux ténors du Congrès ont dénoncé une « détention arbitraire » et exigé la « libération immédiate de ce journaliste indépendant, respecté dans le monde entier ». L’arrestation de ce citoyen américain d’origine russe, âgé de 31 ans, intervient dans un contexte de répression accrue en Russie contre la presse depuis l’offensive contre l’Ukraine, qui a fortement tendu les rapports entre Moscou et Washington. Elle fait également suite à un échange intervenu en décembre entre la star américaine du basket Brittney Griner, qui se trouvait en détention en Russie, et le marchand d’armes russe Viktor Bout, prisonnier aux États-Unis.
Washington a plusieurs fois accusé Moscou d’arrêter arbitrairement des Américains pour s’en servir de monnaie d’échange et récupérer des Russes détenus aux États-Unis.
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