Les élites russes devront-elles bientôt se passer de leur boisson préférée ? C’est envisageable si le leader mondial de luxe LVMH donne corps à ses menaces de cesser ses livraisons de champagne en réponse à la signature le 2 juillet d’une nouvelle loi par le Président Vladimir Poutine.
En cause, une disposition qui prévoit que désormais seuls les vins effervescents provenant de Russie pourront utiliser le mot « champagne », alors que le véritable champagne français devrait lui prendre l’appellation « vin pétillant ».
La filiale russe du groupe français de luxe, qui produit notamment les célèbres Moët et Chandon, Veuve Cliquot ou encore Dom Perignon a donc prévenu ses partenaires locaux qu’elle suspendait ses livraisons vers le pays, en réponse à cette loi.
« Je peux confirmer avoir reçu un courrier de ce type et c’est justifié », a déclaré Leonid Rafailov, directeur général d’AST, l’un des principaux distributeurs de vins et spiritueux en Russie.
Une mesure temporaire ?
De son côté, Sébastien Vilmot, directeur pour la Russie de Moët Hennessy, la filiale spiritueux de LVMH, s’est refusé à tout commentaire. Mais dans un communiqué rendu public via M. Rafailov, le groupe français a assuré que cette suspension était une mesure « temporaire », le temps de trouver la solution appropriée.
Appellation d’origine contrôlée, le terme « champagne » est jalousement défendu par la France, qui rappelle que le vin doit provenir d’un périmètre précis dans la région du même nom pour avoir droit de s’en prévaloir.
Trouver une solution alternative haut de gamme
Une telle décision ne devrait cependant pas provoquer de véritable séisme sur le marché des spiritueux, estime Vadin Drobiz, spécialiste de ce marché, qui rappelle que LVMH détient une part assez réduite en Russie et les clients pourront toujours trouver une solution alternative haut de gamme.
« Il n’y aura pas de coup d’État ou de suicides en série parmi les élites russes simplement parce qu’elles ne trouvent plus de Moët », a-t-il assuré. Un avis que ne partage cependant pas Anna Chernyshova, consultante sur le marché des vins, qui s’interroge sur l’objectif de la nouvelle loi.
« Mon téléphone n’arrête pas de sonner, mes clients tentent de voir ce qu’ils peuvent faire », a insisté Mme Chernyshova, dont l’une des activités est d’aider des clients à se constituer des caves de bouteilles d’exceptions. « Comment vont-ils faire machine arrière ? Beaucoup de responsables politiques aiment ces champagnes », selon elle, se demandant quel pouvait être l’objectif du Parlement russe.
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