A Saint-Martin-de-Seignanx, paisible bourg des Landes aux portes de l’agglomération bayonnaise, des habitants et voisins du tireur de la mosquée semblaient à demi-surpris de l’accès de rage d’un homme « très seul », « avec des obsessions », au verbe « parfois assez violent », qui a « pété un plomb ».
Personne ne se dit proche de Claude Sinké, un octogénaire, ancien militaire, sculpteur à ses heures, éphémère candidat Front national aux départementales (2015) qui habitait dans la commune depuis de nombreuses années. Il y était connu et certains conviennent qu’il était à tout le moins « atypique », voire « donnait l’apparence de quelqu’un pyschologiquement perturbé ».
« C’est quelqu’un qui avait des obsessions », explique à l’AFP Francis Giraudie, 1er adjoint de la commune. « Il considérait qu’il n’était pas écouté. Il venait parfois à la mairie, ou appelait, pour se plaindre de diverses choses ». « Une fois, il avait agressé verbalement la maire, j’ai dû intervenir pour le calmer », souvient Bertrand Lagarde, un autre élu.
« Moi ça ne m’étonne pas », assurait une voisine qui ne souhaite pas donner son nom, « c’est quelqu’un qui avait des armes chez lui, il les montrait même aux gens. Ca fait plusieurs années qu’il perd la tête ». « Il a pété un plomb », revenait dans la bouche de plus d’un.
Une voisine qui l’avait connu à Anglet, près de Bayonne, disait lui connaître un fils, qu’il voyait peu, et un petit-fils qui en revanche venait le voir. « Il avait l’air d’un monsieur très seul », résume un couple, lui aussi évacué du lotissement, qui n’en revenait pas de l’attaque perpétrée par un homme de 84 ans. « Faire ça à son âge… D’autant qu’il marche mal, je l’ai déjà vu avec une canne. Et il voit mal ».
Politiquement, on savait bien qu’il s’était présenté sous l’étiquette Front national aux élections départementales de 2015, mais le RN soulignait lundi ne plus compter Claude Sinké parmi eux depuis lors. Et d’ailleurs « quand on a appris qu’il se présentait FN, on s’est dit: ils ne savent pas qui ils ont recruté… »
Il y a quelques années, l’octogénaire avait posté sur Facebook son admiration pour le polémiste Eric Zemmour.
Mais l’homme, versé dans l’art à la retraite, et dont les sculptures (sur bois notamment) avaient déjà eu les honneurs de la presse locale, avait aussi un aspect inclassable, auteur il y a cinq ans d’un livre sur « La France à Coeur ouvert ou la misère humaine », où il expliquait « traiter des rapports entre les dominants et les dominés ».
« C’est quelqu’un qui pouvait être sympathique si vous parliez art avec lui. Mais il ne fallait jamais parler politique, ça finissait toujours par des mots un peu hauts, mais ça n’allait jamais plus loin (…) il était fui pour ses excès verbaux », se souvient Mike Bresson, un autre adjoint de Saint-Martin. En résumé, « il n’aimait pas les gens de gauche, du centre, et peu ceux de droite ».
Il y a quelques jours encore, Claude Sinké laissait libre cours à une de ses colères : il avait adressé un courrier rageur à l’ordre des avocats de Bayonne, adressé au procureur de Dax (dont dépend Saint-Martin-de-Seignanx). « Ce monsieur voulait porter plainte contre le président Macron, c’était assez confus, il y avait plein de motifs », dont « non application des droits de l’homme », a expliqué à l’AFP le bâtonnier de Bayonne, Me Teddy Vermote.
La lecture du courrier « laissait penser à quelque chose de pas très équilibré. On n’a pas perçu de menace, et sans ces faits-là (l’attaque de Bayonne), ce genre de courrier, c’est complètement anecdotique », a souligné l’avocat.
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