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Salon de l’agriculture 2016 : en pleine crise agricole, le secteur du bio se porte bien

février 29, 2016 10:07, Last Updated: février 29, 2016 10:38
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Le salon de l’agriculture 2016, qui se tient Porte de Versailles jusqu’au 6 mars, est l’occasion de revenir sur ce secteur économique qui fait de la France la première puissance agricole de l’Union européenne. Avec quelque 475 000 exploitations produisant céréales, fruits, légumes et productions animales, la France produit 18% des richesses agricoles européennes.

Un rapport de l’association BSI Economics, paru en 2014, précise ainsi que « sur une superficie de 670 milliers de kilomètres carrés, la France produit 1,7% de la valeur agricole mondiale, à peu près comme la Russie qui pourtant a un territoire plus de 25 fois supérieur. Cette performance est bien sûr due à une organisation historique du territoire et à la présence de terres arables de bonne qualité. » La France sait donc comment exploiter ses terres, mais la question se pose maintenant de l’intérêt du rendement ainsi que de la compétitivité face à une mondialisation des échanges toujours plus féroces.

Des exportations en difficulté

À l’international, la France se place au cinquième rang des exportations agricoles avec les alcools (vins et spiritueux : chiffre d’affaires record de 11,7 milliards d’euros en 2015), le blé (troisième producteur mondial) et les semences (premier exportateur mondial avec un chiffre d’affaires de 3,28 milliards d’euros en 2015) mais peine un peu plus avec les viandes, les fruits et les légumes.

C’est le cas du lait dont les prix ont chuté du fait de la fin des quotas laitiers européens et depuis que la Chine, principal acheteur de lait en poudre, a diminué ses importations en 2015. L’embargo russe sur les exportations françaises est également fatal pour les éleveurs de porc qui sont parallèlement confrontés à la concurrence de l’Allemagne et de l’Espagne. La chute des prix de 20 centimes par kilo-carcasse ne leur permet plus de couvrir leur coût de production. Rien ne va plus non plus pour les producteurs de viande bovine qui ont aussi perdu 60 centimes en 2 ans par kilo.

Selon José Bové, eurodéputé écologiste interviewé par Le Figaro, « nous traversons plusieurs crises simultanées. La crise maîtresse est liée à la surproduction avec des excédents qui font chuter les prix. Il faut aller contre cette politique aberrante de croire que c’est par l’ouverture des marchés qu’on va régler le problème. La solution n’est pas de renforcer l’exportation, comme certains ont pu le proposer mais de diminuer la production. »

Ce que demandent les éleveurs et ce que donne l’État

La grande distribution est en premier lieu pointée du doigt, les agriculteurs lui reprochant les marges parfois exorbitantes réalisées à leurs dépens. Ils demandent aux grandes centrales d’achat de ne pas baisser les prix afin de leur permettre de récupérer des marges.

À l’État français, ce sont les charges que l’on demande de réduire et la traçabilité des viandes sur les emballages. Manuel Valls répondait ainsi sur Ouest France : « Les agriculteurs sont une part importante de notre identité. Pays, paysage, paysans : notre langue en rend bien compte. Ils ont une très grande importance pour l’emploi : un agriculteur, c’est sept emplois induits en amont et en aval. »

Dans ce contexte, près d’un milliard d’euros a été promis par le gouvernement depuis septembre dernier pour soutenir l’élevage et les grosses structures. Il ne s’agit pourtant que d’une solution temporaire ou non systémique, loin de répondre aux exigences des agriculteurs, qui, pour certains ont montré leur détresse en huant vigoureusement François Hollande lors de l’ouverture du salon le 27 février et en démontant le stand du ministère de l’Agriculture.

Des agriculteurs de Terrena sur le stand du Salon de l’agriculture 2016 (Sarita Modmesaïb/Epoch Times).

Malgré la crise, le secteur du bio se porte bien

Selon une étude réalisée par CSA, 65% des Français disent avoir consommé du bio de manière régulière en 2015, c’est deux fois plus qu’il y a 15 ans. Le marché du bio a progressé de 10% l’an passé, pour atteindre un chiffre record de 5,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Les surfaces agricoles bio ont en conséquence bondi de 17% (elles ne représentent que 5% des terres agricoles françaises) et il y a eu 8,5% de fermes bio supplémentaires, soit un total de 28 725 établissements (6,5% des fermes françaises). Le bio représente déjà pourtant près de 10% des emplois agricoles du pays, grâce notamment aux bienfaits de plus en plus reconnus de l’agriculture biologique, appelée aussi agro-écologie.

Selon François Houllier de l’Inra, « en produisant autrement, l’agroécologie redonne des marges de manœuvre à l’agriculture ». Selon lui, « l’agroécologie vise à ‘produire autrement’, d’une manière qui soit à la fois performante économiquement, environnementalement et socialement, en s’appuyant autant que possible sur les mécanismes naturels, concernant notamment la vie des sols.». L’agro-écologie induit également une restructuration des échanges au niveau local et un retour du savoir-faire au sein des fermes avec une transformation diversifiée du produit brut.

Au salon de l’agriculture, deux exemples de transition agricole et de diversification

Présente au salon de l’agriculture, la coopérative Terrena a su mutualiser quelque 22 000 exploitants agricoles autour d’une agriculture biologique impliquée dans toutes les filières et à tous les niveaux. Utiliser les nouvelles technologies au service de la nature afin de « produire plus et mieux avec moins », tel est le credo de cette entreprise qui est devenue la deuxième coopérative agro-alimentaire française avec des exploitations agricoles à taille humaine et familiale.

Celles-ci sont présentes sur tout le territoire (Bretagne, le Pays de Loire et Poitou-Charentes) et représentent 2 millions d’hectares de SAU (Surfaces Agricoles Utiles). Terrena regroupe des filières agricoles très diversifiées : céréaliers, éleveurs de bovins, porcins, volailles, lapins, semenciers, mais aussi arboriculteurs et vignerons. Avec ses 12 779 salariés et un chiffre d’affaires avoisinant 4,7 milliards d’euros en 2014, le groupe semble démontrer que l’on peut produire en quantité tout en respectant davantage la nature, les animaux et les consommateurs.

C’est d’ailleurs dans l’optique de retrouver la confiance de ces derniers, que Terrena a mis en place le concept de La Nouvelle Agriculture®, « un modèle de production agricole innovant et transparent, garantissant l’origine et la qualité des produits dont l’agriculteur est le garant et en visant le meilleur rapport qualité/prix », peut-on ainsi lire sur le site web du groupe. Il est vrai que la traçabilité et la qualité sont plébiscités par les consommateurs en France, gages pour eux d’une confiance dans les producteurs. Des accords de commercialisation ont ainsi été mis en place avec les magasins-U pour les viandes de lapin ou de porc issus de La Nouvelle Agriculture®.

Pour cela, des technologies nouvelles sont expérimentées par le groupe, lequel possède son propre pôle Recherches et Développement relayé par les Sentinelles de la Terre – ces agriculteurs qui testent les innovations sur leur exploitation. Développer la micro-méthanisation sur les exploitations d’élevage pour recycler le lisier, ou encore produire des tourteaux céréaliers à base de maïs, lupin, graines de lin (compléments alimentaires de haute qualité nutritionnelle) sont autant de corde à leur arc pour améliorer la santé des animaux tout en réduisant les émissions de méthane.

Myriam Joly et son fils, de l’entreprise de tricotage de laine Missègle (Sarita Modmesaïb/Epoch Times)

Autre exploitation, autre région, mais un secteur qui fonctionne lui aussi, de mieux en mieux. Nous sommes dans le Tarn, en 1983. Myriam Joly fait le choix de la qualité et de l’innovation en développant l’élevage de chèvres angora en France et le tricotage de leur laine. Depuis 30 ans, cette petite entreprise propose des pulls, des chaussettes, des écharpes, des mitaines et bonnets, tissés dans des fibres naturelles. Missègle, c’est le nom de l’entreprise et c’est aussi tout simplement le nom du lieu-dit de leur atelier de tissage.

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