ÉDITORIAUX

Au salon Vivatech,  des technologies pour réparer la planète… ou la détruire

juin 18, 2023 19:52, Last Updated: juin 18, 2023 19:55
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Le salon Viva Technologies, qui a fermé ses portes le 17 juin, est devenu un événement incontournable de la technologie à Paris, qui pour la première fois cette année a dépassé l’affluence du Consumer Electronic Show (CES) de Las Vegas.

Pendant 3 jours, plus de 150.000 personnes ont découvert des exemples du futur promis par la technologie. Parmi eux, un scooter volant, des robots à roulettes avec de grands yeux, gentils, pour remplacer les livreurs à vélo, un écran représentant un Van Gogh aux couleurs saturées, presque inquiétant, avec qui les passants ont tenté de dialoguer. Puis, d’innombrables exosquelettes, voitures-concept dans lesquelles tout est tactile et fluorescent, et des casques de réalité virtuelle pour tout faire – du parapente, du ski, de la randonnée. Enfin, d’innombrables start-ups qui grâce à l’intelligence artificielle vont rendre le monde meilleur en facilitant le choix d’un maquillage, en remplaçant par des hologrammes les images plates des collègues lors des visio-conférences, tout cela amélioré encore par des combinaisons haptiques pour que la réalité virtuelle soit plus palpable…

Quelques projets, enfin, rêvent d’utiliser la technologie pour faciliter la bonne gestion de l’eau, veulent mobiliser des drones autonomes pour aider à la reforestation, mais ne sont qu’une goutte d’eau dans un océan d’électronique. Le mot à la mode de 2023 à Viva Tech comme pendant les réunions des investisseurs dans les hôtels de luxe parisiens est, sans cesse, « IA », l’intelligence artificielle, qui écrase tout – elle écrit maintenant des livres, code de nouveaux programmes informatiques, donne son avis sur la vie.

Super-star de l’étape, le multi-milliardaire Elon Musk est venu rappeler que ses implants cérébraux sont prévus pour tous et pour bientôt. Et si, libertarien, il refuse non seulement la censure des réseaux sociaux mais aussi leur modération, il envisage déjà la destruction de l’humanité par cette IA, une catastrophe probable contre laquelle il propose un moratoire, mais qu’il accepte de vivre si elle doit arriver.

Alors que, du côté des investisseurs, la bataille est lancée pour posséder une partie d’un des futurs champions de l’intelligence artificielle, de trop rares voix s’élèvent pour s’inquiéter de ses dangers. Certains craignent que la singularité n’émerge, c’est-à-dire cette étape où l’intelligence froide d’un ordinateur aura incorporé toutes les connaissances, toutes les illusions, tous les mensonges de l’Internet pour créer une vision artificielle du monde et prendre la main sur celui-ci. Mais peu disent qu’avant cela, les ChatGPT divers, les algorithmes de Tiktok et Facebook auront déjà brûlé ce qu’il restait de poésie et de beauté dans l’esprit humain, laissant des corps vides, sans connaissances autres que les opinions pré-digérées qu’ils auront absorbées à chaque interrogation d’une IA sur téléphone portable.

Pourquoi faudrait-il apprendre, développer un sens critique, chercher le savoir puisqu’une machine peut donner les réponses sur demande ? Dans les lycées, on découvre maintenant Victor Hugo non en le lisant, mais en demandant une synthèse de son œuvre à ChatGPT. Qu’elle soit correcte ou non n’est pas si important. Le cauchemar des films de science-fiction où des corps humains servent à nourrir une intelligence artificielle devient, mois après mois, une réalité qui n’est peut-être que la conséquence de l’abandon par les êtres humains de ce qui est le fondement de leur existence : le souhait d’apprendre, de s’améliorer, de comprendre la raison de la vie humaine.

Si ce vœu est remplacé par l’oubli, si la paresse laisse le pouvoir aux machines, l’humanité tout entière aura simplement décidé de se suicider ; on ne verra alors plus se promener dans les rues que des enveloppes de chair vidées de toute substance, mais encore satisfaites d’elles-mêmes.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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