Sandra, battue à mort malgré plusieurs alertes: son compagnon jugé aux assises de Douai

Par Epoch Times avec AFP
13 mars 2023 07:35 Mis à jour: 13 mars 2023 09:25

Une emprise fatale, malgré une succession d’alertes : un homme de 35 ans comparaît mardi aux assises du Nord pour le viol et le meurtre de sa compagne en 2015, une affaire marquée par des dysfonctionnements dans le suivi du couple. 

Jugé à Douai du 14 au 17 mars, Hocine Hamoudi est soupçonné d’avoir battu sa compagne à mort, pendant plusieurs heures.

Lors de l’instruction, il reconnaîtra avoir frappé Sandra, qui selon lui le menaçait avec un couteau, mais sans vouloir tuer. Il nie en revanche toute violence sexuelle. Contactés, ses avocats n’ont pas souhaité s’exprimer. Le 1er mai 2015, vers 19h00, l’aîné des quatre enfants de Sandra Helleputte – nés d’un premier mariage, se rue à la caserne des pompiers d’Hazebrouck. Appelé par le compagnon de sa mère, il l’a retrouvée chez elle inanimée et presque nue, cheveux arrachés et couverte d’ecchymoses.

Les voisins étaient habitués à entendre de violentes disputes

L’autopsie révèlera 143 lésions, dont plus de 20 fractures, un traumatisme crânien, des incisions profondes au couteau ou aux ciseaux, et des lésions génitales « évocatrices de violences sexuelles ». Sandra Helleputte, 41 ans, « a été démolie, fracassée, jusqu’à ce que mort s’ensuive », commente auprès de l’AFP l’avocate de sa famille, Me Blandine Lejeune. Elle est morte d’un « choc hémorragique ». La police trouve l’appartement retourné, des pieds de chaise arrachés, de la vaisselle brisée. Hocine Hamoudi sera interpellé le lendemain, à Roubaix.

Selon l’enquête, plusieurs voisins ont entendu des disputes violentes tout l’après-midi, comme c’était fréquemment le cas chez le couple. Passé deux fois dans l’après-midi, le fils a lui vu Hocine Hamoudi « en crise », menacer Sandra Helleputte, lui reprochant de l’avoir « balancé aux flics » pour un petit larcin. Sandra avait régulièrement des coquards, coupait ses cheveux courts pour éviter qu’il lui tire, témoigneront plusieurs proches. Lorsqu’elle rendait visite à sa famille, il la conduisait, l’appelait « tous les quarts d’heure ».

Elle le voulait le quitter mais lui ne voulait pas

L’enquête dresse le portrait d’une femme au caractère affirmé, mais vulnérable, en difficulté financière et sous emprise. « Elle essayait de le quitter, mais il ne la lâchait jamais, la harcelait, menaçait ses proches. Elle revenait par peur », estime Me Lejeune. L’avocate déplore une série de « dysfonctionnements » dans le suivi du couple.

Dès juin 2014, Sandra Helleputte, hospitalisée, avait déposé plainte contre Hocine Hamoudi, dénonçant des coups de poing et de tournevis. Elle expliquait alors l’avoir rencontré en 2011, quand elle était hôtesse dans un bar. Au cours de leur relation, elle s’était prostituée pour lui, mais souhaitait arrêter, ce qu’il n’aurait pas supporté, selon elle. Un mois plus tard, elle retirera sa plainte. « Lorsqu’elle dit qu’elle a menti, l’affaire est classée, il n’y a ni comparution, ni contrôle judiciaire », regrette Blandine Lejeune.

Plusieurs plaintes avaient déjà été déposées contre lui

Entre janvier et mi-avril 2015, la police interviendra à trois reprises chez Sandra, notamment pour déloger Hocine Hamoudi. Un jour, elle se présente en sang au commissariat. Il sera condamné à six mois d’emprisonnement, en juin, après la mort de Sandra. En 2015, avant #MeToo, « il n’y avait pas de bracelets anti-rapprochement, de téléphone grave danger », note l’avocate.

L’accusé est décrit comme possessif, colérique. Depuis un accident de moto en 2007, il était dépressif, suivi par un psychiatre. Les experts ont toutefois écarté toute altération du discernement. Son casier comporte 14 condamnations pour divers délits. Au moins deux ex-compagnes ont déposé plainte pour violences en 2009 et 2013. En 2016, suite à un vice de procédure, il est remis en liberté, sous contrôle judiciaire. Dehors, il rencontre une autre femme, qui l’accusera de violences et de proxénétisme. Condamné à trois ans d’emprisonnement, il écopera ensuite de huit mois pour avoir ébouillanté un co-détenu. Mais en 2020, en plein état d’urgence sanitaire, il est remis en liberté conditionnelle. Il sera finalement réincarcéré en 2021, une nouvelle compagne l’accusant de violences et viol.

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