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Sanofi : des salariés en grève pour garder leur « bébé » Doliprane, malgré les efforts de la firme et de l’exécutif pour rassurer les employés

octobre 17, 2024 16:00, Last Updated: octobre 17, 2024 17:14
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Des salariés de plusieurs sites de production de ce médicament, que le groupe Sanofi entend céder, ont répondu jeudi à l’appel à la grève des syndicats, malgré les tentatives du gouvernement et du géant pharmaceutique français de les rassurer sur leur avenir. Mais le fonds français PAI dont l’offre n’avait pas été retenue par Sanofi la semaine passée, viendrait de renchérir.

Sanofi a annoncé la semaine dernière négocier avec le fonds d’investissement américain CD&R afin de lui céder potentiellement 50% d’Opella, sa filiale qui commercialise une centaine de marques de produits sans ordonnance dans le monde, dont le Doliprane (paracétamol) en France.

Les syndicats craignent une « casse sociale » dans les 1700 emplois que compte Opella sur le sol français, dont 500 sur son site de Compiègne (Oise) et 250 dans son usine de Lisieux (Calvados), dédiée à ce médicament le plus vendu en France.

« Aujourd’hui on est là, demain on n’est plus là », résume Johann Nicolas, délégué syndical CGT Sanofi Lisieux, devant l’usine en grève de Lisieux, où 80 personnes étaient mobilisées, filtrant l’entrée des poids-lourds. « La santé n’est pas une marchandise », revendique une banderole CGT accrochée aux grilles, en ce premier jour de grève reconductible, non loin d’un campement improvisé avec des tentes entourées de gros tas de pneus et palettes.

Sur le site Sanofi de Mourenx (Pyrénées-Atlantique), qui emploie une soixantaine de salariés et tourne 24h/24h, l’appel à la grève se manifeste par des débrayages successifs, sur chaque tranche horaire de travail. Les syndicats ont aussi prévu un rassemblement sur le site de l’usine de Compiègne (Oise) entre 13h00 et 15h00, avec la venue du député Nouveau Front populaire François Ruffin.

Venue « pour défendre notre patrimoine et pour garder notre travail », Isabelle Glais, technicienne, aurait espéré que l’État « bouge un petit peu plus pour nous garder en France, parce que Doliprane c’est notre bébé ». « Il est scandaleux qu’on laisse partir des boîtes comme ça sur nos territoires », dénonce le secrétaire général de l’Union départementale FO du Calvados, Mickaël Robe.

PAI fait une nouvelle offre

Le fonds français PAI dont l’offre n’avait pas été retenue par Sanofi la semaine passée, aurait renchéri pour racheter Opella.

Selon une source de l’entourage du fonds d’investissement français, « une offre améliorée a été remise à hauteur de 200 millions d’euros supplémentaires » par rapport à l’offre présentée il y a une semaine en appui des fonds d’Abou Dhabi Avia, singapourien GIC, et le canadien BCI. Cette source n’a cependant pas précisé ni le montant de l’offre concurrente ni la sienne.

Sanofi, de son côté, ne souhaite pas commenter.

Enjeux de politique sanitaire

L’annonce stratégique de Sanofi, nouvel exemple du recentrage de la « Big Pharma » sur l’innovation, a rapidement pris une tournure politique étant donné la popularité de ce médicament utilisé pour soulager la douleur et la fièvre.

Ce projet fait en outre écho aux enjeux de politique sanitaire dans un contexte déjà marqué par des difficultés d’approvisionnements de certains médicaments, dont des pénuries de paracétamol à l’hiver 2022-2023. Les contours de cette éventuelle transaction sont encore en phase de discussion mais la perspective de l’arrivée d’un acteur financier étranger au capital d’Opella inquiète jusqu’au sommet de l’État.

Depuis plusieurs jours, le gouvernement tente de rassurer sur le devenir des sites français d’Opella en multipliant les déclarations sur les engagements écrits demandés aux parties prenantes en matière d’emplois et de sécurité d’approvisionnement. Mais l’exercice est délicat puisqu’il ne faut pas effaroucher les investisseurs étrangers au moment où l’exécutif est dans une logique de réindustrialisation.

« Ce gouvernement prend l’engagement de maintenir le Doliprane en France », a assuré mercredi le ministre de l’Économie devant les sénateurs, ajoutant que « le maintien de l’emploi est la priorité absolue et ne sera pas négociable ». Mais, a-t-il ajouté, « si nous voulons vraiment que la France soit à la pointe de la recherche, de l’industrie, qu’elle soit souveraine sur l’ensemble des technologies sanitaires mais pas seulement, croyons-nous collectivement que nous pouvons nous passer de financement et public et privé ? ».

La présidente de Sanofi France garantit la « pérennité » des emplois

La présidente de Sanofi France, Audrey Duval, a garanti jeudi la « pérennité » des emplois, des sites de production et du Doliprane. En vain. Dans l’opposition, les appels à bloquer la vente se font pressants. « Notre objectif n’est pas de bloquer la vente, c’est d’arriver par le dialogue à obtenir des engagements écrits », a souligné jeudi Maud Bregeon, la porte-parole du gouvernement.

En pleine crise du Covid19, la France s’est lancée dans un travail de reconquête de son autonomie sanitaire en cherchant à relocaliser la production de certains médicaments dont le paracétamol, composé chimique du Doliprane. Le principe actif n’était plus fabriqué dans l’Hexagone depuis 2008-2009 mais une usine de production de paracétamol est en cours de construction sur le site de Roussillon (Isère) du chimiste Seqens qui a déjà signé des contrats avec Opella et Upsa (Dafalgan et Efferalgan).

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