Sans avertissements, les autorités chinoises déversent les eaux des réservoirs

Par Wang He
22 octobre 2021 18:20 Mis à jour: 26 octobre 2021 18:43

Depuis le mois de mai, les intempéries balaient la Chine. Selon un article d’Epoch Times paru en juin, le bilan officiel du régime stipulait que, pour le seul mois de mai, 89 rivières avaient été inondées au-delà des niveaux d’alerte et 3,7 millions de personnes avaient été touchées dans 18 provinces, dont celles du Hunan, du Jiangxi, du Zhejiang, du Fujian, du Guangdong et du Guangxi.

Les habitants se sont plaints que les inondations résultaient de défaillances humaines, car les autorités locales auraient déversé les eaux de crue de barrages mal entretenus sans avertissements appropriés.

L’évacuation désinvolte des eaux de crue par les autorités locales a laissé des résidents non préparés sans aucuns moyens de s’abriter. Si certains ont subi de lourdes pertes matérielles, bien d’autres en sont morts.

Les inondations de juillet dans la ville capitale de Zhengzhou, province du Henan, sont restées gravées dans les mémoires après que les eaux de crue ont englouti en quelques minutes une rame de la ligne 5 du métro et l’un des principaux tunnels routiers de la ville. Le véritable nombre de victimes n’est toujours pas connu.

Beaucoup d’inondations aussi terribles ont eu lieu depuis dans diverses régions.

Il y a quelques décennies, en 1975, le Henan a connu une inondation extrêmement grave, qualifiée  de « pire catastrophe de barrage de l’histoire »selon un article d’Epoch Times.

Le 8 août 1975, le barrage de Banqiao s’effondrait sous des pluies torrentielles. Cette vidange brutale équivalente à « quelque 280 000 piscines olympiques [qui] ont éclaté par une fissure du barrage » allait entraîner la mort de quelque « 170 000 à 240 000 personnes ».

Cette vue aérienne montre des rues submergées et des bâtiments inondés après la rupture d’un barrage due à une inondation à Jiujiang, en Chine, le 13 juillet 2020. (STR/AFP via Getty Images)

Le Parti communiste chinois (PCC) a rejeté toute responsabilité en qualifiant cette inondation de catastrophe naturelle. Cependant, un expert chinois en ingénierie de l’eau a souligné que les principales causes des ruptures de barrages en Chine sont dues à des défauts de conception ou aux modifications inconsidérées des cours d’eau initiées par le régime depuis 1949.

Les barrages chinois : des bombes à retardement

Traditionnellement, la Chine traitait les inondations en détournant l’eau, et non en la bloquant. Le projet de dérivation des crues le plus célèbre de Chine est celui de Dujiangyan, dans la province du Sichuan, au sud-ouest du pays. Construit il y a plus de 2 000 ans, il fonctionne encore aujourd’hui, servant à la fois à l’irrigation et à la déviation des crues.

Vue d’ensemble de l’ancien système d’irrigation de Dujiangyan et des terres fertiles environnantes dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, le 21 mai 2008. (Frederic J. Brown/AFP via Getty Images)

Il n’existait que 22 barrages en Chine avant que le PCC ne prenne le pouvoir en 1949.

Aujourd’hui, la Chine compte plus de 98 000 réservoirs et barrages, soit la moitié du total mondial. Plus de 80 % des réservoirs et barrages chinois ont été construits entre les années 1950 et 1970, selon les données officielles du régime.

Wang Weiluo, un expert chinois renommé en matière d’aménagement du territoire et de stockage de l’eau, qui vit désormais en Allemagne, a déclaré que ces réservoirs et barrages sont mal conçus, mal construits et mal entretenus.

« Ce sont des bombes à retardement qui peuvent exploser à tout moment », a-t-il affirmé à l’édition en langue chinoise d’Epoch Times en 2019. Ils sont à l’origine des multiples inondations terrifiantes de l’histoire du régime.

Les Chinois doivent « se déplacer aussi vite que possible » loin des zones endiguées, a-t-il ajouté.

Fuir les responsabilités

Avec la multiplication des cas de déversement de crues sans avertissements à travers le pays, il est clair qu’il s’agit désormais d’une pratique systématique du PCC.

Tandis que tous ces réservoirs et barrages problématiques sont sur le point de s’effondrer, le Parti déploie ses faux fuyants habituels pour éviter ses responsabilités.

Par exemple, le régime prétend mettre en place des lois et des règlements pour protéger la population.

Actuellement, la Chine dispose d’une « loi sur le contrôle des inondations », d’un « règlement sur la prévention des inondations » et de « mesures provisoires pour l’indemnisation de l’utilisation des zones de rétention des inondations ». Bien que ces textes stipulent que les autorités à tous les niveaux ont des obligations en matière d’indemnisation et de secours aux victimes de catastrophes naturelles, ils ne détaillent pas les processus d’indemnisation. Par ailleurs, ils ont des règles strictes concernant les critères d’indemnisation.

En 2017, un cabinet d’avocats chinois a publié une étude de cas sur son site web, offrant des suggestions aux victimes d’inondations. L’analyse démontre combien il est difficile pour une victime de recevoir une indemnisation.

On indique que les victimes doivent, tout d’abord, s’identifier comme vivant dans les zones d’inondation désignées par le gouvernement.

Ensuite, on analyse les voies possibles que les victimes peuvent emprunter pour demander de l’aide et une indemnisation. On cite cinq lois et règlements jusqu’à ce que l’étude indique que « les lois et règlements susmentionnés ne précisent pas comment seront indemnisées et aidées [les victimes] ».

Le cabinet d’avocats suggère aux victimes d’utiliser les critères provisoires publiés par le Conseil d’État pour se faire indemniser et de demander aux autorités locales de payer sur la base de ces normes.

Néanmoins, aucune des règles ou lois ne prévoit de délai. Ainsi, les autorités peuvent « manquer de motivation suffisante pour faire avancer les manœuvres nécessaires », et si les victimes choisissent d’adopter la voie judiciaire, elles peuvent être confrontées à « une forte confrontation de la part des départements gouvernementaux ». Le cabinet d’avocats suggère alors aux victimes de régler les questions d’indemnisation avec les autorités locales « par le biais de négociations ».

Deuxièmement, le PCC prétend accomplir ses missions d’inspections et d’enquêtes.

Prenons l’exemple des graves inondations de Zhengzhou en juillet.

Le 2 août, le régime a été contraint de mettre en place une équipe d’enquête du conseil d’État, en raison de la fureur de la population suite à cette catastrophe.

Un homme porte des bouteilles d’eau alors qu’il traverse une rue inondée à Zhengzhou, une ville de la province chinoise du Henan, le 23 juillet 2021. (Noel Celis/AFP via Getty Images)

Cependant, l’enquête a été reportée au 20 août, date à laquelle l’équipe d’enquêteurs s’est finalement rendue à Zhengzhou.

Par ailleurs, le public n’a pas pu joindre la ligne téléphonique mise en place par l’équipe d’enquête et il n’y a eu aucun suivi depuis le début de l’enquête.

Les deux responsables censés être tenus pour responsables de la catastrophe des inondations de Zhengzhou – le secrétaire du comité du Parti de la municipalité de Zhengzhou, Xu Liyi, et le maire Hou Hong – ont été réélus respectivement secrétaire et vice-secrétaire du comité du Parti le 28 septembre.

Un régime véreux

La véritable cause des problèmes en Chine, notamment des inondations, réside dans la nature délétère du PCC.

Bien que ce soit un régime véreux qui prône l’athéisme, il y a parfois des membres bienveillants, notamment l’hydrologue Huang Wanli et les anciens hauts dirigeants du PCC Hu Yaobang et Zhao Ziyang. Mais, au fil du temps, le Parti élimine les personnes consciencieuses.

« Combattre le ciel est une joie sans fin, combattre la terre est une joie sans fin, et lutter contre l’humanité est une joie sans fin. » Telle était la devise du Parti pendant la révolution culturelle. Elle est toujours d’actualité.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Wang He est titulaire d’une maîtrise de droit et d’histoire, et a étudié le mouvement communiste international. Il a été professeur d’université et cadre d’une grande entreprise privée en Chine. Wang He vit désormais en Amérique du Nord et publie des commentaires sur l’actualité et la politique de la Chine depuis 2017.


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