Lors de la Rencontre des entrepreneurs de France organisée par le Medef en début de semaine, le patronat a exprimé son impatience de voir se constituer un nouveau gouvernement et sa crainte de voir appliquer un programme économique venant du NFP.
Le pouvoir exécutif manquait à l’appel cette année, faute de gouvernement en place, remplacé par le pouvoir législatif, Yaël Braun-Pivet, présidente Renaissance de l’Assemblée nationale, et Gérard Larcher, président LR du Sénat. Tous deux se sont inquiétés de l’état des finances publiques.
Cette période d’incertitude inquiète les patrons et ralentit les investissements, alors que les décisions politiques – que ne peut pas prendre un gouvernement démissionnaire – se font attendre pour accompagner les choix stratégiques à moyen et long terme des entreprises.
« Une activité économique très molle »
« Les chefs d’entreprises savent compter et ont le sens du temps long », a commenté Patrick Martin, président du Medef.
Le président du Medef s’est inquiété sur France Inter « d’une activité économique très molle », en raison de l’attentisme suscité par la dissolution. Il prône la poursuite de la politique économique actuelle, arguant que ce n’est pas elle « qui a été sanctionnée lors des élections » car « on n’a pas entendu parler d’économie dans la campagne ». Il questionne néanmoins : « Il a été question de distribution du pouvoir d’achat (mais) qui a parlé de création de richesse? »
Dans le Figaro, Patrick Martin a annoncé la création d’un « front économique », « associant des chefs d’entreprises, des économistes et des think-tanks pour peser dans le débat et éviter que nos décideurs ne s’égarent ». Il souhaite que la première organisation patronale exerce « un pouvoir positif » au moment où le pays est dans une situation politique confuse.
Selon l’Insee, le climat des affaires a rebondi en août, mais cela « risque de ne pas être durable », estime Sylvain Bersinger, chef économiste d’Asteres, en raison notamment de « l’incertitude politique qui brouille les prévisions des agents économiques ».
Une période d’incertitude politique qui inquiète les entreprises
Dans « le panorama inédit, fracturé, inquiétant » du pays, « il est heureux à bien des égards que notre Parlement retrouve un rôle central », a estimé M. Martin.
Suite au communiqué de l’Élysée écartant un gouvernement NFP, dont les propositions comme le SMIC à 1600 euros ou l’annulation de la réforme des retraites hérissent le patronat, Patrick Martin s’est montré prudent : « Ce qui nous inquiète, ce n’est pas la personne, la composition du gouvernement, mais le programme », a-t-il déclaré.
Un peu plus tôt, dans son discours, M. Martin avait appelé à « réaffirmer la responsabilité et l’autonomie des partenaires sociaux », proposant notamment de reprendre la négociation « inaboutie » sur l’emploi des seniors. « La démocratie sociale est une composante essentielle de la cohésion et de la performance de notre pays, a fortiori quand la démocratie politique se cherche », a-t-il lancé.
Le besoin d’une longévité politique et parlementaire pour les affaires
Réagissant à l’annonce de l’Élysée qu’il n’y aurait pas de gouvernement NFP, le président du Medef s’est dit « rassuré à certains égards », rappelant que le mouvement patronal n’était pas contre « la participation de socio-démocrates » à un gouvernement, si tant est que le programme soit réaliste pour la santé économique du pays.
Le président du Medef a néanmoins souhaité « un programme, un calendrier, et une longévité politique et parlementaire ». Il a ajouté espérer que « le délai ne s’étale pas trop » pour la formation du nouveau gouvernement, « mais on n’est pas à quelques jours près du moment que les cases ‘programme’ et ‘pérennité’ sont cochées ».
Au passage, il a regretté que le RN n’ait aucun poste de responsabilité à l’Assemblée nationale : « On pense ce que l’on veut du RN, il n’y en a pas moins 11 millions de nos concitoyens qui ont voté en sa faveur, ça mérite de l’intérêt, de la considération ».
Interrogé sur une possible remise en cause de la réforme des retraites, à laquelle le NFP et le RN sont favorables, Patrick Martin a remarqué qu’il faudrait alors « que chacun prenne ses responsabilités : est-ce que les salariés accepteront une augmentation de cotisations, les pensionnés une baisse des pensions ? Est-ce que les entreprises pourront supporter une augmentation des cotisations ? À chacune de ces questions, je réponds ‘non’ », a-t-il mis en garde.
Une situation politique instable
« Nous sommes dans la crise politique la plus grave de toute l’histoire de la Ve République » : « sans majorité, sans gouvernement depuis quarante jours, sans possibilité de recourir au suffrage universel puisque la dissolution ne peut pas être reproduite pendant un an et que le président ne peut pas se représenter », commentait le politologue Jérôme Jaffré pour décrire la situation politique que traverse la France.
Une situation modérée par François Bayrou, allié d’Emmanuel Macron, qui ne voit pas une crise politique mais « un moment de mutation, un changement important” a commenté le maire de Pau. « Je crois qu’on est entré dans une nouvelle séquence avec un nouveau paysage politique, plus difficile à gérer que quand vous avez une majorité tout seul. Mais c’est l’expression des Français », a-t-il déclaré le 28 août au micro de RMC.
Quant au chef de l’État, il assure que « les travaux continuent. La porte est ouverte et je reçois tous ceux qui veulent bien venir continuer à œuvrer pour l’intérêt supérieur du pays », a commenté Emmanuel Macron, lors d’une brève déclaration à l’Élysée. « L’idée c’est (de trouver) un Premier ministre qui incarne un changement de politique et un dépassement de la logique des blocs », a indiqué un proche du président, soulignant une « volonté d’aller assez vite ».
Jamais un président n’avait pris autant de temps pour nommer un Premier ministre. Et jamais une Assemblée n’avait paru aussi loin d’une majorité. Au terme de ses consultations, le président espère trouver la perle rare pour débloquer la situation et faire revenir la « stabilité institutionnelle », qui devra permettre, on le souhaite, la stabilité démocratique et économique du pays.
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