Sans rival de poids, le maire de New York pourrait rempiler pour 4 ans

7 novembre 2017 17:30 Mis à jour: 7 novembre 2017 17:35

Les New-Yorkais ne l’aiment guère mais leur maire de Blasio a toutes les chances d’être réélu ce mardi, faute de grosse pointure pour le menacer.

Avec 8,5 millions d’habitants, 85 milliards de dollars de budget annuel et 295.000 fonctionnaires sous sa responsabilité, le maire de la première ville américaine passe pour exercer « le deuxième poste le plus difficile du pays », après celui de président.

Dans ce bastion d’opposants à Donald Trump qu’est New York, certains avaient espéré une candidature d’Hillary Clinton qui y a remporté 80% des suffrages à l’élection présidentielle en 2016. Ou du procureur fédéral à poigne Preet Bharara, débarqué par le président en mars.

Mais aucune grosse pointure n’est descendue dans l’arène, laissant M. de Blasio, 56 ans, premier maire démocrate de New York depuis 1993, favori pour diriger quatre ans encore la capitale financière américaine, loin devant ses deux principaux concurrents: Nicole Malliotakis, jeune (36 ans) élue locale républicaine, et l’ex-policier Bo Dietl, aux talents de comique indéniables mais au programme quasi-inexistant.

Pourtant, même parmi ses supporters, le maire est loin de susciter l’enthousiasme.

« Il n’est pas le meilleur mais il faut bien que nous ayons un démocrate », déclarait mardi matin Peter Schnieder, électeur de 71 ans, à la sortie du bureau de vote de Brooklyn où M. de Blasio a lui aussi voté.

C’est chez les Blancs que cet Italo-Américain d’1,97 m, marié à une femme noire, est le plus critiqué alors qu’il reste populaire parmi les Noirs et les Hispaniques, qui représentent 53% des New-Yorkais.

Des électeurs interrogés mardi à Manhattan semblaient confirmer ce clivage: un chasseur de têtes d’origine indienne, Waseem Noor, jugeait que le démocrate « fait du bon travail », mais Scott Goodwin et sa femme Jennifer, un couple blanc venu avec leur enfant de trois ans, ont voté Malliotakis alors qu’ils sont démocrates.

« Je suis triste de voter contre un démocrate, mais de Blasio se cache derrière des valeurs progressistes alors qu’il est corrompu », a affirmé Jennifer. « Et il y a des choses qu’on voit aujourd’hui qu’on ne voyait pas il y a cinq ans, comme des sans-abris partout ».

Des critiques abondamment reprises par Nicole Malliotakis durant sa campagne.

Elle n’a cessé d’accuser le maire de corruption, aidée par de récentes accusations de faveurs accordées par la mairie à un contributeur de campagne alors même que le procureur a renoncé en mars à toutes poursuites.

Mme Malliotakis a aussi brandi le traitement des sans-abris comme l’illustration d’une gestion dispendieuse de la ville, dangereuse pour son équilibre financier.

Beaucoup reprochent aussi à M. De Blasio de ne pas avoir la carrure de son prédécesseur, l’homme d’affaires et milliardaire Michael Bloomberg, resté exceptionnellement 12 ans aux commandes de la ville.

« de Blasio n’est pas mauvais, il fait généralement ce qu’il faut faire », dit Kenneth P. Jackson, spécialiste de l’histoire new-yorkaise à l’université Columbia. Mais « Bloomberg a placé la barre très haut » et son successeur n’a « pas convaincu l’élite financière de la ville qu’il avait ses intérêts à cœur ».

Il faut dire que de Blasio est vraiment à gauche, plus proche d’un pourfendeur de Wall Street comme Bernie Sanders que de Mme Clinton, même s’il dirigea la campagne victorieuse de celle-ci pour le Sénat en 2000.

Ses détracteurs reconnaissent néanmoins que le maire a tenu sa principale promesse de 2013: ouvrir les écoles publiques de la ville aux enfants dès trois ans, une petite révolution aux États-Unis.

Et qu’il a réussi, comme ses prédécesseurs Michael Bloomberg et Rudy Giuliani, à réduire la criminalité avec seulement 242 meurtres cette année, un record à la baisse.

Malgré toutes les rancœurs, de Blasio dispose aussi d’un atout précieux dans une ville où Donald Trump, tout New-Yorkais qu’il est, suscite un rejet profond: ses deux principaux adversaires ont voté Trump, alors que le maire se pose depuis le départ en défenseur de tous les New-Yorkais qui se sentiraient menacés par la Maison Blanche, immigrés en tête.

Un argument qui, pour Geraldine, une retraitée de 69 ans préférant taire son nom de famille, suffit à faire la différence.

Les premiers résultats sont attendus peu après la fermeture des bureaux de vote à 21H00 locales (01H00 GMT mercredi).

Outre la mairie de New York, deux postes de gouverneurs seront remis en jeu mardi aux États-Unis.

Dans le New Jersey, le démocrate Phil Murphy est donné largement gagnant pour succéder au républicain Chris Christie, un proche de Trump à l’impopularité record.

Mais en Virginie, le républicain Ed Gillespie et le vice-gouverneur démocrate Ralph Northam sont au coude-à-coude. Cette élection locale, la plus suivie depuis la victoire de Donald Trump il y a un an, est vue comme un test sur l’orientation de plus en plus populiste et nationaliste du parti républicain.

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