De plus en plus présents dans le quotidien des Français, les aliments dits « ultra-transformés » ne sont pas sans risques pour la santé, alertent chercheurs et élus, qui appellent à une meilleure sensibilisation des consommateurs.
« Portés par une publicité très agressive, ces aliments sont souvent trop salés, trop gras, trop sucrés et surtout beaucoup trop caloriques », souligne auprès de l’AFP la sénatrice Angèle Préville, auteure d’une récente note parlementaire sur le sujet.
« Ils peuvent également modifier les procédés de mastication, limitant la sensation de satiété, et contiennent souvent des additifs dont l’impact sur la santé est susceptible d’être délétère à long terme », ajoute-t-elle.
Plusieurs dizaines d’études scientifiques ces dernières années ont mis en évidence une association significative entre la consommation d’aliments très transformés et l’augmentation des risques de cancer, surpoids, diabète, hypertension ou encore de dépression.
« Même si des recherches restent nécessaires, l’état actuel des connaissances appelle à la mise en place de premières actions préventives de santé publique », souligne Mme Préville, dont la note recommande une intensification des recherches publiques, la réintroduction de cours de cuisine à l’école, des programmes de promotion de la santé, jusqu’à des taxes spécifiques sur les aliments ultra-transformés.
Des additifs non nécessaires
Encore sujette à débat au sein de la communauté scientifique, la notion d’« ultra-transformé » désigne des aliments ayant subi d’importants procédés de transformation ou contenant des additifs non nécessaires à la sécurité sanitaire du produit. C’est la définition aujourd’hui retenue par les autorités françaises dans ses travaux sur la santé alimentaire.
Ce type d’alimentation recouvre toute la gamme des nouveaux aliments, conçus pour être à la fois pratiques (prêts à consommer facilement ou faciles à préparer, de longue durée de conservation), attrayants sur le plan gustatif, tout en permettant à l’industrie agro-alimentaire de diversifier et accroître son offre.
Y figurent notamment sodas, cordons bleus, certaines saucisses, steaks végétaux, pizzas surgelées, nouilles instantanées, barres de céréales, la plupart des margarines, légumes assaisonnés avec des sauces prêtes à l’emploi ou encore une bonne partie des eaux aromatisées.
Entre 30 et 35% des calories ingérées proviennent d’aliments ultra-transformés
On estime en France qu’entre 30 et 35% des calories ingérées par les adultes proviennent d’aliments ultra-transformés, une part en croissance ces dernières années.
Dans ce contexte, le programme national nutrition santé pour la période 2019-2023 s’est fixé pour objectif d’interrompre la croissance de la consommation de ces produits et réduire leur consommation de 20% entre 2018 et 2021.
L’Association nationale des industries agro-alimentaires (Ania) assure pour sa part ne commercialiser que des produits sûrs et sans danger pour la santé et appelle à la prudence vis-à-vis d’un concept qui ne fait pas consensus parmi les scientifiques.
« On ne peut pas tout le temps agiter les peurs sur tout. On est en totale sécurité sur les produits qu’on distribue », affirme à l’AFP son président Jean-Philippe André, soulignant par ailleurs les progrès réalisés par l’industrie pour diminuer globalement les taux de sucre, de sel et de calories de ses produits.
« Une charcuterie en 2023 n’a plus rien à voir par rapport à la même charcuterie il y a 10 ou 20 ans. On fait évoluer nos recettes pour faire en sorte que les plats et produits que nous proposons aient le même niveau de plaisir, mais avec des recettes sans doute plus adaptées aux besoins et aux goûts des gens », souligne M. André.
Un logo pour identifier le degré de transformation des aliments
Nonobstant, certaines organisations de recherche travaillent à l’élaboration d’un logo, sur le modèle du Nutri-score dédié à la qualité nutritionnelle des produits, pour permettre aux consommateurs d’identifier le degré de transformation des aliments.
« On a commencé à tester un prototype de logo sur 20.000 personnes, l’enjeu maintenant est de s’accorder sur une définition règlementaire de l’ultra-transformé et quelles substances on cible plus spécifiquement », explique à l’AFP Mathilde Touvier, directrice de recherche à l’Inserm.
« On est obligé d’alerter le consommateur. Plus d’une cinquantaine d’études ont observé un lien entre la consommation de ces aliments et des risques accrus de plusieurs maladies chroniques. Si on en consomme de temps en temps, il n’y a aucun risque, mais c’est une histoire de fréquence et de quantité, d’où les recommandations officielles de limiter autant que possible ces aliments », souligne cette chercheuse.
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