Une Saoudienne est détenue à l’aéroport Suvarnabhumi de Bangkok, en Thaïlande, après avoir tenté d’échapper à sa famille en Arabie saoudite.
Rahaf Mohammed al-Qunun, 18 ans, a déclaré qu’elle avait renoncé à sa religion, l’islam, et craint maintenant pour sa vie si elle était rapatriée comme prévu début janvier.
Selon les informations reçues, Rahaf est détenue à l’aéroport depuis le 6 janvier à 4 heures du matin GMT et doit prendre le vol 412 de GMT Kuwait Airways de Bangkok au Koweït à 4 h 15 le 7 janvier (11 h 15, heure locale).
Rahaf just send me this, she just want you to make sure she is on the hotel and she still needs help and protection. pic.twitter.com/bsKB5wmcEE
— Rahaf Mohammed رهف محمد القنون (@rahaf84427714) 7 janvier 2019
Selon une série de vidéos en direct et de messages que Rahaf a envoyés sur Twitter, elle avait prévu de se rendre en Australie pour demander l’asile.
Rahaf a déclaré à l’AFP qu’après son arrivée à Bangkok, son passeport a été confisqué à l’aéroport par les autorités saoudiennes et koweïtiennes.
Video from @rahaf84427714 just sent from her hotel room at the #Bangkok airport. She has barricaded herself in the room & says she will not leave until she is able to see #UNHCR. Why is #Thailand not letting @Refugees see her for refugee status determination? @hrw #SaveRahaf pic.twitter.com/3lb2NDRsVG
— Phil Robertson (@Reaproy) 7 janvier 2019
Son père l’avait dénoncée pour avoir voyagé sans tuteur masculin. Selon le Daily Mail, son père a dit à un employé de l’aéroport, par le biais de l’application de messagerie Whatsapp, qu’elle était atteinte d’une maladie mentale, mais il n’a pas fourni de preuves lorsqu’on lui avait demandé.
Elle vit avec ses parents et ses six frères et sœurs à Ha’il, en Arabie saoudite, où son père est fonctionnaire, selon le Daily Mail.
Rahaf a déclaré qu’elle avait été battue et victime de violence psychologique de la part de membres de sa famille, selon les médias. Lorsqu’elle et sa famille sont allées rendre visite à sa famille au Koweït, Rahaf a saisi l’occasion de fuir avec l’aide d’un ami en réservant des vols du Koweït vers la Thaïlande, puis la Thaïlande vers l’Australie. Elle a pris un taxi pour l’aéroport du Koweït vers 4 heures du matin, heure locale, après s’être assurée que son père dormait.
based on the 1951 Convention and the 1967 Protocol, I’m rahaf mohmed, formally seeking a refugee status to any country that would protect me from getting harmed or killed due to leaving my religion and torture from my family.
— Rahaf Mohammed رهف محمد القنون (@rahaf84427714) 6 janvier 2019
Rahaf est détenue dans un hôtel de l’aéroport gardée par des agents de sécurité. « Quand je suis arrivée en Thaïlande, quelqu’un m’a dit qu’il m’aiderait à obtenir un visa pour la Thaïlande à l’aéroport », a-t-elle dit au Daily Mail. « Après ça, il a pris mon passeport. »
« Au bout d’une heure, il est revenu avec cinq ou six personnes, je crois qu’elles étaient de la police ou quelque chose du genre, puis elles m’ont dit que mon père était tellement en colère et que je devais retourner en Arabie saoudite. Ils savent que je l’ai fui.
« J’ai peur. Mon frère m’a dit qu’il attendait avec des Saoudiens. Ils m’emmèneront en Arabie Saoudite et mon père me tuera parce qu’il est tellement en colère. Il va me tuer. Ma famille fait ça, je les connais. Ils n’arrêtaient pas de me dire qu’ils me tueraient si je faisais quelque chose de mal – ils disent ça depuis que je suis enfant. »
Rahaf avait demandé son passeport pour pouvoir prendre l’avion pour un autre pays.
« Ils [les responsables de l’aéroport] n’arrêtaient pas de me dire que je ne pouvais pas obtenir un visa. La compagnie aérienne m’a dit de rester ici pour que je puisse retourner au Koweït. Du Koweït, ils [ma famille] m’emmèneront en Arabie saoudite.
« Ils [ma famille] me tueront. J’ai tellement peur. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je dois me battre, parce que je ne veux pas perdre la vie », a-t-elle dit au Daily Mail.
Elle l’a dit à BBC Newshour : « J’ai partagé mon histoire et mes photos sur les médias sociaux et mon père est tellement en colère parce que j’ai fait ça… Je ne peux pas étudier et travailler dans mon pays, alors je veux être libre et étudier et travailler comme je veux. »
Elle a également déclaré à BBC Newshour qu’elle avait renoncé à l’islam. Renoncer à l’islam en Arabie saoudite est considéré comme un crime passible de la peine de mort.
Le directeur adjoint de Human Rights Watch Asie, Phil Robertson, met en garde que Rahaf est sérieusement à risque de « violence d’honneur ».
Translation of tweets from the #Saudi woman trying to flee into asylum who said she is being held at #Bangkok airport: “I am the girl who escaped #Kuwait to #Thailand. My life is in real danger if I am forced to return to #Saudi Arabia.” https://t.co/6DLk4WSpKX
— Mona Eltahawy (@monaeltahawy) 5 janvier 2019
« D’après ce que nous pouvons dire, son père est un haut fonctionnaire du gouvernement, je m’attends à ce qu’il soit très, très sévère », a déclaré M. Robertson au Daily Mail. « Il est certainement assez âgé pour faire ce qu’il veut à sa fille et personne ne lèvera le petit doigt contre lui. Il y a une longue histoire de ce qu’ils appellent ‘violence d’honneur’. Je pense qu’elle court un risque sérieux. Nous avons fait pression sur l’ONU pour qu’elle intervienne. Ils doivent aller à l’aéroport. »
#UNHCR needs urgently demand access to Rahaf al-Qunun, the Saudi woman facing « honor-related » violence if she is forced back to #SaudiArabia. She’s asking now for asylum, why can’t UNHCR get out to the airport and demand #Thailand let them see her? There’s no time to waste! pic.twitter.com/ECFn1nrfcO
— Phil Robertson (@Reaproy) 6 janvier 2019
Selon l’AFP, le chef de l’immigration thaïlandais Surachate Hakparn a déclaré que Rahad avait fui sa famille pour éviter le mariage et qu’elle était « inquiète au sujet des problèmes qu’elle risquait d’avoir après son retour en Arabie saoudite ».
« Elle n’avait pas d’autres documents comme un billet de retour ou de l’argent », a dit M. Hakparn, ajoutant que les autorités thaïlandaises avaient déjà contacté l’ « ambassade d’Arabie saoudite pour la coordination ».
Pendant ce temps, le major général Surachate Hakparn, de la police thaïlandaise a déclaré à la BBC que Rahaf s’était vu refuser l’entrée et était expulsée par les mêmes compagnies aériennes que celles qu’elle avait utilisées pour arriver dans le pays, Kuwait Airlines, car elle n’avait pas le visa pour entrer en Thaïlande.
Rahaf a dit qu’elle avait un visa pour l’Australie et qu’elle prévoyait de passer par la Thaïlande pour se rendre en Australie. On ne comprend pas pourquoi Rahaf aurait besoin d’un visa thaïlandais ou pourquoi elle devrait être expulsée pour de tels motifs.
Le directeur adjoint de Human Rights Watch Asie, Phil Robertson, a déclaré à la BBC : « Il semble que le gouvernement thaïlandais est en train de fabriquer une histoire qu’elle a essayé de demander un visa et qu’on lui ait refusé… en fait, elle avait un billet pour l’Australie, elle ne voulait pas entrer en Thaïlande en premier lieu. »
#Thailand is manufacturing fake stories about #Rahaf Mohammed al-Qunun @rahaf84427714 « applying for a #Thai visa » & being denied. She was transiting #Bangkok on her way to Australia and never intended to enter Thailand. This looks like Thai & #SaudiArabia playing games to me. pic.twitter.com/roP4SbzK94
— Phil Robertson (@Reaproy) 6 janvier 2019
Sur Twitter, le hashtag #SaveRahaf est utilisé pour faire connaître et suivre son cas.
Une porte-parole de l’agence des Nations unies pour les réfugiés, le HCR, a déclaré à MailOnline : « Pour des raisons de confidentialité et de protection, nous ne sommes pas en mesure de commenter les détails (ni même de confirmer ou nier l’existence) des cas individuels. »
« Toutefois, le HCR ne cesse de préconiser que les réfugiés et les demandeurs d’asile, dont le besoin de protection internationale a été confirmé ou revendiqué, ne peuvent être renvoyés dans leur pays d’origine en vertu du principe de non-refoulement, qui empêche les États d’expulser ou de renvoyer des personnes vers un territoire où leur vie ou leur liberté serait menacée. Ce principe est reconnu en tant que droit international coutumier et est également inscrit dans les autres obligations conventionnelles de la Thaïlande. »
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