Lorsque Sarah Al-Amiri n’était qu’une enfant fascinée par l’espace à Abou Dhabi, la capitale des Emirats arabes unis, son pays, semblait à des années-lumière d’atteindre les étoiles. A 34 ans, elle est aujourd’hui ministre et chapeaute la « mission Mars » du riche Etat du Golfe.
Le pays affirme ses ambitions technologiques, en particulier dans le domaine spatial. Il a lancé la sonde « Hope » (espoir, en français) qui doit se mettre en orbite mardi autour de Mars.
Fillette, Sarah Al-Amiri était captivée par les images d’« étoiles, de systèmes solaires, de planètes, autant d’objets qui existent là-bas et que nous ne pouvons pas comprendre ».
Présidente de l’Agence spatiale des Emirats arabes unis
« Mais aussi des moyens par lesquels les scientifiques les explorent, que ce soit les télescopes, les vaisseaux spatiaux ou les images radio », raconte à l’AFP celle qui est devenue ministre d’Etat aux Technologies avancées et présidente de l’Agence spatiale des Emirats arabes unis.
أشهر معالم الإمارات تكتسي بألوان الكوكب الأحمر بالتزامن مع وصول مسبار الأمل إلى المريخ#العرب_إلى_المريخ#مسبار_الأمل
Some of the most well-known landmarks in the UAE, covered in colours of the Red Planet as the Hope Probe approaches Mars.#ArabsToMars #HopeProbe pic.twitter.com/ipS7Nohyel
— Hope Mars Mission (@HopeMarsMission) February 6, 2021
A l’époque, Abou Dhabi et l’émirat voisin de Dubaï n’étaient pas les métropoles modernes hérissées de gratte-ciel qu’elles sont devenues aujourd’hui.
Après un développement rapide, le pays riche en pétrole a envoyé son premier astronaute dans l’espace en 2019, et lancé l’année dernière la sonde « Hope » avec pour mission de percer les secrets du temps sur la planète rouge.
Sarah Al-Amiri fut la cheffe adjointe de ce projet, la première mission interplanétaire dans un pays arabe.
« La mission des Emirats sur Mars a provoqué une secousse énorme et positive dans le monde scientifique, technologique et de l’innovation » du pays, estime-t-elle à l’AFP.
« Ca montre que nous pouvons réaliser … l’impossible. Et que la collaboration … peut aboutir à des résultats brillants qui bénéficient à tous », ajoute Mme Amiri.
Diplômée en ingénierie informatique de l’Université américaine de Charjah, émirat voisin de Dubaï, elle vient au domaine de l’espace lors d’un entretien au Centre spatial Mohamed ben Rached de Dubaï en 2009.
Présidente de l’Agence spatiale du pays
« Je suis tombée dedans par hasard. J’ai postulé, mais c’était juste au cas où il avait besoin d’ingénieurs », dit-elle. Le centre qui avait alors seulement trois ans était encore gardé secret.
Sarah Al-Amiri commence sa nouvelle carrière sur le Sat-1 de Dubaï, le premier satellite d’observation de la Terre des Emirats, puis gravit rapidement les échelons jusqu’à devenir l’une des actrices clé de la mission sur Mars.
On the 9th of February the Hope Probe will enter into orbit around Mars. This maneuver will be one of the most challenging phases of the mission overall. We are looking forward to the start of our science mission. pic.twitter.com/baOyaNMRyl
— Sarah Al Amiri (@SarahAmiri1) February 1, 2021
Nommée ministre en 2017, elle est devenue en août dernier présidente de l’Agence spatiale du pays. La BBC l’a classée parmi les 100 femmes les plus inspirantes et les plus influentes du monde en 2020.
Ma vie est différente de celle de mes parents
Son ascension s’inscrit aussi dans le projet des Emirats de promouvoir les femmes et la jeunesse du pays dans le domaine des sciences et technologies pour diversifier une économie encore largement dépendante du pétrole.
« Ma vie en tant que personne née dans les années 80 est complètement différente de celle de mes parents, nés ici dans les années 40 et 50 », explique Sarah Al-Amiri, vêtue d’une abaya noire, longue robe traditionnelle portée par les femmes émiraties.
« La famille de mon père se partageait des générateurs entre différentes maisons. L’eau que les membres de ma famille buvaient était souillée de rouille, de couleur jaune, et ils devaient la filtrer avec des morceaux de tissu », raconte-t-elle.
رحلة « مسبار الأمل » تقترب من موعد الوصول الى المريخ .. كل أمنيات التوفيق والنجاح للمهمة التاريخية. pic.twitter.com/xnDRCQIY27
— محمد بن زايد (@MohamedBinZayed) February 1, 2021
Le pays s’est largement développé avec l’argent du pétrole et a de plus en plus diversifié son économie. Pour Sarah Al-Amiri, les Emiratis ne veulent pas se reposer sur cette croissance progressive mais « il doit y avoir des changements importants et colossaux ».
Des émiraties occupent des postes à responsabilités
Et les jeunes comme les femmes sont les moteurs de ce changement, selon la jeune responsable qui compte dans sa famille des femmes médecins, des comptables, banquières ou encore enseignantes, à l’instar de sa mère qui était « passionnée par ce qu’elle faisait ».
Mère d’une fille de 4 ans et d’un garçon de 11 ans fan de Star Wars, la jeune responsable souligne que « ce n’était pas quelque chose d’inimaginable que les femmes travaillent ».
« Il n’y pas de limites », dit-elle à propos du travail de la femme dans un pays où nombreuses émiraties occupent des postes à responsabilités.
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